Mercato - Dans le dossier Kylian Mbappé (PSG), la ficelle est un peu grosse

Treize emojis pour neuf zéros. Lundi soir, depuis Paris où il est resté alors que ses coéquipiers sont en tournée au Japon, Kylian Mbappé n'a pu s'empêcher de réagir au tweet ironique de Giannis Antetokoúnmpo. La star de la NBA proposait ses services pour remplacer le Français au pied levé dans un transfert inimaginable qui a agité le mercato ces dernières heures. Al-Hilal a soumis une offre – acceptée, évidemment - de 300 millions d'euros au PSG, accompagnée d'un salaire estimé à 700 millions d'euros pour la star tricolore. Une opération à un milliard d'euros. Neuf zéros, donc, et une bonne tranche de rigolade.

Mbappé a sans doute raison de prendre tout ceci à la légère. La mascarade qui s'écrit devant lui – et à son insu – devient risible et terriblement prévisible. Le PSG est vexé du choix de Français de ne pas prolonger, soit. Le PSG veut vendre sa star dès cet été, soit. Le PSG veut, au passage, se donner enfin le beau rôle après des années de management à la gueule du client, soit. Mais la ficelle est tellement grosse qu'elle en devient amusante.

Première question : imagine-t-on Mbappé rejoindre l'Arabie Saoudite ? Non, et les dirigeants parisiens le savent très bien. Le Français est habité par l'obsession de marquer durablement son sport et son temps. Pour ceci, il lui faut les plus grands titres et un doublé Saudi League – Ligue des champions arabe hypothétique ne rentre pas encore dans cette catégorie.

Deuxième question : imagine-t-on (vraiment) Al-Hilal procéder à une opération d'un milliard pour un joueur qu'il libérerait en 2024 pour qu'il rejoigne le Real Madrid ? Même le sportwashing a ses propres limites.

Troisième question : imagine-t-on (vraiment) le FC Barcelone – avec qui le PSG est supposé avoir discuté – tenter sa chance dans un tel dossier ? Le club catalan n'avait pas l'argent nécessaire en 2021 pour prolonger Lionel Messi mais il aurait les reins assez solides en 2023 pour le méga contrat de Mbappé ? Une farce, là encore.

Quatrième et dernière question : imagine-t-on le PSG forcer la main de Mbappé ? Non et c'est justement le nœud du problème. En donnant tous les pouvoirs à un joueur l'été dernier – aussi irréprochable sportivement soit-il -, Paris a encore fait les choses à l'envers. Et tente de rattraper le coup après s'être rendu compte du piège dans lequel il est tombé. C'est le Français qui a toutes les cartes en main et les gesticulations médiatiques du PSG n'y changeront rien.

L'entreprise de communication menée contre le Français est d'ampleur et acte un peu plus la spécificité parisienne sur sa façon de faire. Nasser Al-Khelaïfi a choisi la méthode forte ? Soit. Est-il aligné avec Luis Enrique, qui prend à peine ses quartiers et doit se demander où il est tombé ? Est-il aligné avec Luis Campos, son directeur du football qu'il a fait venir pour, justement, construire autour du crack qu'il a connu à Monaco ? Est-il aligné avec un vestiaire qui doit s’interroger, à juste titre, sur la proportionnalité d’une telle réponse ?

Le coup de force du président parisien, sans doute voulu par Doha, n'est qu'une réponse pleine de fierté mal placée. Des immenses stars à récupérer librement contre un salaire royal et une prime à signature juteuse, Paris en accueilli un certain nombre ces dernières années. Mbappé ne fait que suivre la tendance du marché en se rappelant que Paris ne lâche de toute façon jamais ses joueurs quand il n'en a pas envie (Verratti, Thiago Silva, Marquinhos etc.).

Alors, comment ceci va-t-il finir ? Les scénarii sont finalement limités mais, en l'état, il semble acté que seul le Real Madrid aurait la possibilité de débloquer l'affaire, avec une offre en adéquation avec les demandes parisiennes et du joueur. Viendra-t-elle ? Peut-être mais le plus tard possible à en croire la presse espagnole. Logique et censé, vu la position madrilène. Et quid d'un statu quo improbable au 1er septembre ? Le meilleur buteur de l’histoire du club en réserve pour préserver "l'institution", est-ce possible ? Sans doute, au vu des discours parisiens. Mais est-ce sensé ?