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Mercato - Kang-in Lee, la touche sud-coréenne du PSG

Antoine Donnarieix

Mis à jour 08/07/2023 à 20:19 GMT+2

Le prometteur Kang-In Lee s'est engagé officiellement ce samedi avec le Paris Saint-Germain, qui n’aurait pas hésité à sortir 22 millions d’euros hors bonus pour l'arracher à Majorque. Issu de la Liga espagnole, cet énergique milieu offensif pourrait bien devenir l’une des têtes d’affiche du club de la capitale dans les prochaines années voire les prochains mois.

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Lors de ce premier volet du mercato estival, le Paris Saint-Germain a d'abord démontré sa capacité à se distinguer par un surprenant immobilisme. Son entraîneur Christophe Galtier, sur la sellette depuis la fin de saison 2022-2023, était toujours en poste jusqu’à début juillet. Les stars de l’effectif parisien se sont retrouvées au cœur des rumeurs de transferts, et cela ne semble toujours pas désenfler. Les recrues annoncées, elles, ont tardé à être officialisées. Bref, il ne fallait clairement pas être pressé de voir le club de la capitale changer de visage.
Mais tout a fini par se décanter quand Milan Skriniar, Marco Asensio et Manuel Ugarte ont été annoncés dans la foulée de Luis Enrique. Kang-in Lee, international sud-coréen, s'est lui engagé quelques jours plus tard en provenance du Real Majorque. Le tout contre un chèque de 22 millions d'euros hors bonus et dans le cadre d'un contrat de cinq ans. Alors, bonne ou mauvaise nouvelle ?

Crack dans son pays, starifié au Mondial U20

Au moment de scruter son parcours de plus près, Kang-in Lee semble bien achalandé pour résister à la pression médiatique d’un club comme le PSG. Né à Incheon, l’enfant Lee, déjà mordu de foot, participe en 2007 au show télévisé sud-coréen Fly Shoot-Dori. Vainqueur du concours, le gamin fait forte impression à Yoo Sang-Chul, son directeur durant l’émission. Dans la foulée, le môme intègre le centre de formation privé de l’ex-international aux 123 sélections pour la Corée du Sud entre 1994 et 2006. Toutefois, ce prix remporté engendre également une récompense collective : l’équipe de Kang-in est invitée à tourner une publicité à Manchester en compagnie de Ji-sung Park, l’icône du pays. Accompagnant leur fils durant l’expérience en Angleterre, les parents du petit Kang-in tiltent que leur progéniture a de l’or dans les pieds.
Quatre ans plus tard, le garçon est déjà trop grand pour la Corée du Sud et son talent traverse les frontières. Après un essai au FC Valence où Kang-in Lee, né en 2001, partage le terrain avec la génération 2000 des Ferran Torres, Abel Ruiz, Víctor Chust et Hugo Guillamón, son premier évaluateur Xavi Mocholí est conquis par ce gaucher de seulement 10 ans au centre de gravité réduit. Pendant six ans, le milieu de terrain va régulièrement jouer au-dessus de sa catégorie d’âge et développer un football axé sur la vision de jeu, la création et la technique. Grâce à son contrôle, sa conduite de balle et sa qualité de passe, Lee fait partie des grandes promesses du centre de formation de La Paterna. À 17 ans et 253 jours, il est titularisé par Marcelino en coupe d’Espagne et devient le plus jeune footballeur sud-coréen à évoluer en Europe. L’année suivante, il atteint la finale du Mondial U20 en Pologne et récolte le trophée de meilleur joueur de la compétition. Là, une étoile est née.
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Kang-in Lee, le milieu de terrain de Majorque.

Crédit: Getty Images

J’espère que la Corée va éteindre sa télé
Dès lors, Kang-In Lee passe du statut d’espoir du football mondial à celui d’icône à surveiller de près pour la Corée du Sud en vue des prochaines compétitions internationales. Hélas pour la pépite asiatique, la suite de son aventure à Valence va tourner au fiasco. Ses premières sorties en Ligue des champions ne l’empêchent pas de se confronter à la réalité souvent cruelle du football moderne. Les départs cumulés de Marcelino, son staff technique mais aussi Pablo Longoria et Mateu Alemany vont entraîner un exode généralisé dans cet effectif vainqueur de la coupe d’Espagne 2018-2019. Pour Lee, le refus de prolonger dans un club à la dérive sportivement va entraîner son départ à l’été 2021 pour… le Real Majorque, une équipe plus façonnée à la lutte pour le maintien dans l’élite que pour les soirées européennes.
Logiquement, l'au revoir au club formateur cumulé au devoir d’adaptation chez un nouvel employeur est une épreuve pour Lee. Durant la saison 2021-2022, le milieu offensif passe une année transitoire avec trente apparitions pour seulement… un but et une passe décisive. Sauvé in extremis de la relégation grâce à Javier Aguirre, Majorque continue l’aventure dans l’élite mais la relation entre l’entraîneur mexicain et le prodige sud-coréen, pas toujours titulaire, n’est pas encore au beau fixe. La saison dernière, Aguirre en venait même à se plaindre de la présence de son joueur pour satisfaire le marché asiatique. "Je suis très heureux que La Liga nous mette en début d’après-midi avec ce soleil bien plombant, ironisait le coach en mars dernier après une défaite face au Real Betis. J’espère que la Corée va éteindre sa télé et ne plus regarder jouer Kang-in. Je comprends bien que mon salaire vienne de là-bas et que tout est tourné autour du business, mais ça fait déjà neuf matchs à 14 heures..."

Quatrième meilleur dribbleur d’Europe

Cela dit, Kang-In Lee a progressivement trouvé sa place dans les systèmes en 5-4-1 ou 3-5-2 d’Aguirre. Utilisé le plus souvent en milieu gauche (15 fois cette saison), mais aussi milieu relayeur gauche (7) ou en attaquant de soutien pour épauler Vedat Muriqi (5), le numéro 19 des Bermellones a participé activement à la neuvième place de son équipe avec six buts et… sept passes décisives (autant que Raphinha, de quoi figurer dans le top 10 des meilleurs passeurs de Liga). Si enrôler un international sud-coréen de 22 ans permet au PSG de dynamiser sa côte de popularité en Asie de l’Est, ce recrutement ne semble pas être la raison majeure de la venue de Kang-in Lee dans la capitale française. Détenteur de la nationalité espagnole, le footballeur n’est donc pas considéré comme extra communautaire et cette arrivée apporte de la pertinence dans le but de rendre le Paris Saint-Germain plus compétitif.
Qualifié comme un joueur à vocation offensive, Lee possède une aisance technique pour être particulièrement performant dans deux secteurs du jeu. D’une part, sa capacité de dribble : selon Data Foot, Kang-In Lee est le quatrième meilleur dribbleur parmi les cinq grands championnats avec 90 dribbles réussis sans faute subie, 67% de réussite (le meilleur pourcentage parmi ses principaux concurrents) et 2,9 dribbles par match, derrière Jérémy Doku (96/6,7), Leo Messi (102/3,4) et Vinicius Junior (112/3,6). Doté d’un style véloce fait de changements de direction déroutants, Lee fait parfois penser au Messi du Barça dans ses foulées courtes et toniques vers l’avant. Si la comparaison est flatteuse, elle met en valeur le potentiel d’un élément au tempérament affirmé et désireux de passer au révélateur dans un top club européen.

La hargne manquante au PSG ?

D’autre part, son jeu sans ballon. Son ratio de tacles réussis par match sur la saison précédente est particulièrement élevé pour un poste offensif (1,34). Attaquant adepte du pressing et efficace dans les tâches défensives, Lee est capable de rester très hargneux sur le porteur de balle. En 2021-2022, cela avait entraîné un début d’échauffourée avec Sergio Ramos où Lee avait finalement récolté un carton rouge pour excès d’engagement. Certes, sa discipline reste encore à peaufiner (dix cartons jaunes sur l’exercice 2022-2023), mais globalement, son agressivité dans l’effort défensif permet à son équipe d’augmenter les récupérations hautes.
Même en toute fin de match, Lee est capable de réaliser un dépassement de fonction pour presser le détenteur du ballon et le contraindre à céder la possession. Un aspect qui peut s’avérer déterminant pour l’attaque parisienne, étiquetée trop spectatrice défensivement lors de la saison précédente. Avec Kang-In Lee, il ne sera plus question de défendre en 7+3 mais de solidifier les connexions entre l’attaque et le milieu de terrain. Dans un vestiaire avec un fort accent espagnol, ce feu follet formé en Liga n'aura pas de souci linguistique pour s'intégrer et travailler ses automatismes avec ses partenaires. Construire une équipe cohérente serait-elle la résolution majeure du PSG pour 2023-2024 ? En tout cas, cette arrivée tend à le penser. Reste que pour réussir durablement à Paris, Lee aura besoin de temps et de patience. Deux notions peu évidentes à accepter au Paris Saint-Germain…
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Kang-In Lee

Crédit: Getty Images

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