Montpellier - PSG : Achraf Hakimi, l'hiver est long

C'était au début du mois de novembre. Achraf Hakimi confirmait son début de saison rayonnant face à Montpellier (3-0). Auteur de deux passes décisives, impliqué sur le troisième but du PSG, la latéral marocain avait brillé de tout son éclat contre le club héraultais. Il affichait alors 4 buts et 4 passes décisives toutes compétitions confondues avec le club de la capitale entre la Ligue 1 et la Ligue des champions. Ses statistiques n'ont pas bougé quatre mois plus tard sur ces deux compétitions. Le symbole d'un coup de froid.

Hakimi vit un hiver délicat. La CAN est passée par là. Le Maroc, enthousiasmant demi-finaliste du dernier Mondial, a vécu une désillusion avec une élimination dès les 8es de finale face à l'Afrique du Sud (0-2). Le Parisien avait joué un rôle clé bien malgré lui dans cette défaite en manquant le penalty de l'égalisation juste avant le deuxième but sud-africain. "Je tiens à m'excuser pour le penalty, j'ai pris la responsabilité d'aider l'équipe, mais malheureusement cela n'a pas fonctionné", avait-il regretté sur les réseaux sociaux.

La pilule a été difficile à avaler. Depuis son retour à Paris, Hakimi n'est pas parvenu à retrouver son niveau du début de saison. Son impact dans l'animation offensive, si précieux pour Paris dans les premiers mois de la saison, est devenu beaucoup plus neutre. Défensivement, il est aussi un peu moins fiable. Derrière une prestation plutôt aboutie de ce point de vue contre la Real Sociedad (1-2), l'ancien Madrilène s'est rendu coupable d'une erreur qui a permis à Reims d'ouvrir le score face au PSG la semaine passée (2-2).

La digestion délicate de la CAN, tant sur le plan physique que moral, n'est pas le seul facteur à prendre en compte dans les difficultés rencontrées par Hakimi. Le Marocain ne peut pas non plus s'appuyer sur les mêmes repères qu'en début de saison. Régulièrement associé à Ousmane Dembélé et Warren Zaïre-Emery sur son flanc droit, le latéral parisien avait facilement trouvé des connexions avec les deux Français. Deux joueurs qui n'étaient pas étrangers à la qualité du rendement du joueur de 25 ans.

La rotation toujours plus poussée à laquelle Luis Enrique procède depuis quelques semaines n'impacte pas seulement Mbappé. Dembélé et Zaïre-Emery ont aussi vu leur temps de jeu se réduire à l'approche des échéances majeures de la saison. Hakimi n'a été aligné avec ses deux compères du côté droit qu'à trois reprises depuis sur ses huit derniers matches, deux en considérant le poste plus axial occupé par Dembélé lors du match retour de Ligue des champions contre la Real Sociedad (1-2). Il n'a pas les mêmes automatismes avec les autres joueurs, ce qui peut aussi expliquer sa baisse de régime.

Et les questions autour de ses performances. Luis Enrique n'y a pas échappé samedi en conférence de presse. "Hakimi a été très régulier sur sa saison, a répondu l'entraîneur parisien. C'est un joueur avec un potentiel unique. Ma norme est d'exiger plus aux joueurs de mon effectif. J'essaie de ne pas aduler les meilleurs mais d'exiger encore plus. Je dois les protéger plus. Achraf fait une saison de très haut niveau. Parfois il n'a pas joué, il sait pourquoi et il est intelligent. C'est un joueur qui a beaucoup d’énergie. En attaque, il est unique, peu de latéraux droits dans le monde jouent comme lui. Il doit encore s'améliorer mais je suis très content avec lui."

Le technicien asturien attend plus d'un joueur crucial de son effectif. Luis Enrique n'a pas beaucoup d'options à son poste. Nordi Mukiele apparaît comme la doublure naturelle d'Hakimi mais l'ancien Montpelliérain est rarement utilisé par l'entraîneur parisien. Celui-ci préfère s'appuyer sur Warren Zaïre-Emery, quitte à faire évoluer l'international français dans un registre qui n'est pas le sien. C'était le cas face à Nice mercredi, en Coupe de France (3-1). Un choix de Luis Enrique qui pourrait être lié à la suspension d'Hakimi pour le quart de finale aller de la Ligue des champions face au FC Barcelone.

Paris ne pourra pas compter sur Hakimi pour cette échéance. Mais il aura besoin de lui pour la suite du printemps. Et de le voir retrouver son niveau du début de saison, quand le binôme qu'il forme avec Dembélé était l'un des atouts majeurs du club de la capitale. Les éventuels succès parisiens pourraient dépendre en partie de la faculté du Marocain à sortir de sa torpeur hivernale. Et de retrouver les couleurs d'un printemps que Paris aborde avec de multiples ambitions.