Ligue 1 - Affaire Rabiot-Rowe | L'OM, De Zerbi, Longoria et le fil des émotions
Dans une séquence absolument lunaire qui semble durer une éternité mais qui s'est en fait étendue sur une semaine, l'Olympique de Marseille a déjà donné une autre couleur à sa saison. Tant que le calme ne sera pas revenu et tant que sur le terrain, l'équipe de Roberto De Zerbi n'aura pas trouvé le rythme qui doit être le sien, tout sera rapporté à ce début de saison chaotique.
Roberto De Zerbi, le coach de l'OM
Crédit: Getty Images
Les intéressés et quelques initiés mis à part, il sera bien difficile pour le commun des mortels de savoir ce qui s'est réellement passé dans le vestiaire du Roazhon Park, sauf à espérer que les protagonistes prennent la parole et s'entendent sur une version commune, ce qui ne risque pas d'arriver. Il faut donc naviguer entre les versions, déceler ce qui peut relever de la vérité et ce qui peut s'apparenter à de la communication. Exercice ô combien périlleux, plus sans doute que de s'intéresser à la gestion des émotions au sein de l'Olympique de Marseille.
Voir deux coéquipiers se battre dans un vestiaire a déjà quelque d'incongru, mais que ceci arrive dès la première journée d'un championnat rend la chose plus ubuesque encore. De quels ressorts psychologiques ont usé Roberto De Zerbi et Mehdi Benatia, le directeur sportif, pour que le groupe olympien se trouve dans cet état d'énervement ? Et ce dès la première journée, après une défaite certes embarrassante, mais qui n'a rien de scandaleuse, surtout en août ?
Absence de droit à l'erreur ?
Peut-être que de clamer l'objectif de vouloir se rapprocher du PSG, confession d'Adrien Rabiot cet été, n'était pas la meilleure chose à faire alors qu'il y a là d'un côté le champion d'Europe et de l'autre certes son dauphin en L1, mais surtout un collectif à l'aube de l'an II d'un énième nouveau projet. En cassant la tirelire pour Paixao, en faisant revenir Pierre-Emerick Aubameyang ou en signant un Angel Gomes libre de tout contrat, l'état-major olympien pensait sans doute avoir réussi la première phase du mercato. De quoi faire passer le message en interne de l'absence de droit à l'erreur ?
Présent la saison dernière, Adrien Rabiot et Jonathan Rowe n'ont probablement pas attendu cet été pour comprendre qu'à Marseille, rien n'était pareil. Encore plus dans cet OM-là. Dans quel autre club, le président crie à la corruption devant une caméra dans le couloir d'un vestiaire ? Pablo Longoria a mis en avant sa défense de l'institution, comme Mehdi Benatia en d'autres circonstances, mais en ressortait l'impression, qui n'était pas seulement ça d'ailleurs, d'un club sous pression. Et pour cause, on savait à quel point la qualification directe pour la Ligue des champions était vitale pour les Phocéens qui avaient beaucoup investi sur le marché des transferts.
Gare à l'explosion
En enrôlant Roberto De Zerbi, Longoria avait trouvé son relais, un entraîneur passionné bien que plus bouillonnant dans la coulisse que sur le bord des terrains de Ligue 1. La démission après la première défaite face à Auxerre, le ritiro, ce stage commando en pleine saison en Italie et des mises au vert loin de la Commanderie pour quitter la tension d'une ville qui pesait, selon lui, sur les épaules de ses joueurs, autant de moments qui ont transformé la saison olympienne en montagnes russes d'émotions.
Il faudra pourtant savoir gérer l'après affaire Rabiot-Rowe. L'OM n'en est pas là, De Zerbi ayant pris à son tour la parole vendredi en conférence de presse pour évoquer sa vision de ce qu'il a appelé "une bagarre de bar". En réclamant entre quatre et six recrues d'ici au 1er septembre, De Zerbi sait aussi qu'il a allumé une mèche qui ne s'éteindra que s'il est satisfait. En attendant, il faut battre le Paris FC ce samedi au Vélodrome pour s'éviter une crise de nerfs plus grave encore que la précédente. D'autant qu'il faudra ensuite aller à Lyon et que l'explosion pourrait bien guetter un club sous tension.