Galatasaray - Real Madrid (3-2) : la défense du Real a réalisé une pâle prestation en Turquie

Il a simplement fallu quinze minutes au Real Madrid pour se faire peur et comme il faut. Quinze minutes pour douter et remettre sa qualification pour les demi-finales de la Ligue des champions en doute. Un simple petit doute certes mais un doute quand même. Durant ce fameux quart-d’heure, les hommes de José Mourinho, pourtant vainqueurs 3-0 au match aller, ont montré leur visage le plus sombre, celui qui leur avait coûté la Liga à l’automne dernier, en encaissant trois buts plus que malvenus face au survolté Galatasaray. Tout le paradoxe est là. Le club stambouliote avait papillonné une heure durant avant le magnifique but d’Emmanuel Eboué (57e), celui qui a lancé la furia des Turcs. Certains y vont vu l'histoire se répéter. Lors de la saison 2000-2001, toujours en quarts de finale, le club turc avait rattrapé un retard de deux buts avant de s'imposer 3-2. Douze années plus tard, le même ressenti de vide défensif plane dans les airs. C’est en tous cas la première fois que le Real Madrid version José Mourinho encaisse trois buts dans une rencontre de Ligue des champions. Une première qu’il faut signaler et surtout ne pas oublier.

Le technicien portugais, lâché par sa défense très mauvaise au niveau du marquage, et faible dans la relance (à l'image de la passe suicidaire de Coentrao dans sa propre surface à la 62e minute), a subi une vraie déconvenue à Istanbul. Lui qui avait pourtant ordonné la concentration avant ce match retour.  "Je serai un peu surpris si je ne vois pas mes joueurs être prêts à jouer un match d'une si haute intensité", entonnait-il en conférence de presse, lundi soir. Après la rencontre, le Portugais avait forcément le sourire jaune, celui de la défaite amère et des tracas qui vont avec."Je suis content parce qu'on est en demi-finale. Mais je ne suis pas satisfait parce qu'on menait 4-0 à la mi-temps.Je ne pensais pas qu'on pourrait se retrouver dans cette situation. Nous avions la sensation d'être dans une situation difficile, il fallait défendre et fermer toutes les portes". En Espagne, les médias ont préféré souligner le doublé de Cristiano Ronaldo, qui a maquillé le score de la rencontre dans le temps additionnel. "Cristiano et rien de plus", a titré Marca au coup de sifflet final. Le Portugais avait les idées claires devant les médias : "La partie s'est compliquée par notre seule faute", a souligné le Portugais à Marca.

Défendre le Real Madrid l’a très mal fait à Istanbul pendant la dernière demi-heure de la rencontre. Outre les trois buts encaissés, c’est bien la passivité et l’attitude qui ont déplu. Le club madrilène s’est inexplicablement endormi en seconde période et a donc laissé rêver un public et une équipe qui n’en demandaient pas tant (seul le Deportivo la Corogne avait rattrapé un désavantage de trois buts face au Milan en quarts de finale de C1 2003/2004). Au sein du quatuor défensif madrilène qui a terminé la rencontre, personne n’est à sauver. La charnière centrale Varane-Pepe a effectué la plus mauvaise prestation défensive des Madrilènes depuis la défaite concédée à Grenade le 2 février dernier (1-0). La deuxième période du défenseur français, mis à l’amende notamment par Sneidjer sur le deuxième but (70e), est certainement la pire depuis ses débuts au Real en 2011. Lucide, l’ancien lensois a reconnu une soirée difficile après la rencontre. "Face à des joueurs de la qualité de Drogba, ce n'est jamais facile. La gestion des moments difficiles fait partie de l'expérience", a admis Varane sur beIn Sport après le match.

Dans la liste des tuiles de la soirée, la mauvaise prestation du néo-international français, qui reste un épiphénomène, n’est certainement pas la pire des choses. Le cas Arbeloa est à examiner de plus près. Laissé au repos par José Mourinho au coup d’envoi, le latéral droit de la Roja, toujours en méforme, a non seulement passé une soirée très compliquée mais il a eu la mauvaise idée de se faire expulser en trente secondes chrono, pour deux cartons jaunes consécutifs, en toute fin de match. Avant son incroyable expulsion, l’ancien joueur de Liverpool avait supplée, à la demi-heure de jeu, un Michaël Essien à nouveau blessé. L'absence du premier et le doute concernant le second ne tombent pas au meilleur moment pour le secteur défensif de la Casa Blanca qui ne compte que sur Ricardo Carvalho voire le jeune Nacho pour dépanner derrière en Liga. Des tracas de gestion, en plus du sujet Casillas, sont donc à venir pour José Mourinho qui n'as pas dû apprécier ce périlleux voyage en Turquie. Le Special One le sait mieux que personne : au très haut niveau un simple quart d'heure de sommeil est interdit. Si le Real veut sa "decima", il faudra montrer autre chose.