Le Barça aura besoin d'un grand Xavi pour éliminer Milan

Je le dis avec regret, car j’ai toujours aimé le joueur et son intelligence, mais Xavi Hernandez, 33 ans, est au crépuscule de sa carrière. Le "cerveau" du Barça (belle lapalissade), l’homme qui ne perd jamais les ballons, le meneur qui oriente et marque le tempo ne foulera plus longtemps les pelouses espagnoles, européennes et mondiales. Bien qu’il ait prolongé son contrat jusqu’en 2016 et qu’il envisage toujours de disputer le Mondial 2014, Xavi semble cuit. Quinze ans de très haut niveau (il a commencé à 18 ans) laissent trop de traces physiques et mentales, surtout dans un club aussi exigeant que le Barça. J’ai envie de croire au miracle, que ses tendons le laissent enfin tranquille, que les douleurs le lâchent… mais il faut être réaliste : Xavi, qui a reçu le feu vert des médecins va livrer un de ses derniers combats face au Milan AC.

Ce Milan AC qu’il faillit d’ailleurs rejoindre au tout début de sa carrière, à l’époque où il évoluait encore en équipe réserve. Le staff italien et Galliani étaient tombés amoureux de ce petit bonhomme si habile balle au pied. Il lui proposait d’intégrer l’une des plus prestigieuses entités européennes (son avenir au Barça était flou à l’époque). Milan lui garantissait d’assurer son avenir financier sur plusieurs générations. Xavi était tenté. Mais sa mère, fidèle supportrice "Culé", posa son véto et incita son petit à poursuivre l’aventure barcelonaise. On sait ce qu'il advint…

Je pense que Xavi va faire un grand match mardi soir. J’ai la même sensation qu’avant la finale du dernier Euro, où un blog spécial avait été écrit sur lui. Si le petit Catalan fut le grand inspirateur de la Roja ce soir-là (cette passe en profondeur pour Jordi Alba…), rappelons-nous tous les doutes suscités par Xavi avant ce match Espagne-Italie. Oui, je pense qu’il va faire un grand match car le Barça ne passera pas sans un grand Xavi. Et que l’avenir, à moyen terme, du FC Barcelone, dépendra de ces 90 minutes (voire plus, qui sait) qui vont tenir en haleine la planète football.

Mais si j’ai voulu écrire sur "El 6", c’est aussi pour évoquer son rôle en dehors du terrain. Un rôle essentiel, surtout en ces moments troubles. Sur le carreau ces derniers jours, Xavi a tenté de rassembler les troupes, ramassant au sol le témoin laissé par Tito Vilanova. De sa propre initiative, il est allé rendre visite à Sergio Busquets, Leo Messi et Carles Puyol, soit trois cadres dans chaque ligne. Des entretiens individuels et en toute décontraction pour cerner les problèmes et trouver des solutions. Xavi a ensuite organisé un repas entre tous les membres de l’équipe, staff compris (le menu si vous voulez savoir : Cannelonis puis barbecue accompagné de légumes verts…). L’ambiance fut très conviviale parait-il. Si Piqué a été chambré en arrivant au volant de sa nouvelle Ferrari, les joueurs ont surtout trinqué à la santé de Vilanova en criant "Nous allons gagner la Champions !".

Ce groupe en avait besoin. L’initiative de Xavi, en interne, a été très appréciée. Sa semaine s’est enfin conclue par une interview au journal El Mundo Deportivo, l’une des plus intéressantes que j’ai pu lire depuis longtemps. Le vice-capitaine barcelonais s’est lancé dans une véritable démonstration tactique pour prouver que l’exploit était possible.

En attaque : mobilité, profondeur, ouvrir le ballon sur les ailes, centrer pour finaliser ou espérer le rebond… et surtout tirer et tenter, même en dehors de la surface.

En défense : asphyxier le Milan AC grâce à un gros pressing, éviter les fautes bêtes et les pertes de balle pour éviter les contre-attaques, ne pas subir trop de coups de pieds arrêtés.

Je me répète si nous n’avons pas eu la chance de converser un jour : Xavi sera entraîneur un jour ou l’autre. Ou il aura un rôle stratégique au Barça. Il aura comme président Pep Guardiola. Mais de tout ça, nous en reparlerons sûrement…