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Bayern, Barça, PSG : Le football de possession a trouvé ses limites

Vincent Bregevin

Mis à jour 01/05/2014 à 10:08 GMT+2

La débâcle du Bayern face au Real a confirmé une tendance qui dure depuis un an : maîtriser le ballon n'est plus une garantie de succès.

Josep Guardiola observe la rencontre entre le Bayern et le Real, en demi-finale de la Ligue des champions 2013/14

Crédit: AFP

Cette fois, c'est sûr. Pour la troisième année consécutive, la philosophie de la maîtrise du ballon ne sera pas consacrée par un succès en Ligue des champions. Dernier représentant de cette paroisse, le Bayern Munich est tombé, très lourdement, en subissant face au Real Madrid la plus large défaite de l'histoire du club sur la scène européenne (0-4).
Un vrai symbole. Car c'est le Bayern lui-même qui avait annoncé le déclin de cette philosophie en faisant exploser le Barça la saison passée (4-0, 3-0). Malgré l'avènement de son modèle, le club bavarois a changé de style en faisant appel à Josep Guardiola, celui qui avait érigé le jeu de possession comme une référence mondiale entre 2009 et 2012 avec Barcelone. La déroute du Bayern n'est pas seulement l'échec des dirigeants munichois, ou celui du technicien catalan. Car ils ne sont pas les seuls à avoir perdu en jouant ce football.

La philosophie de la possession, un échec constant depuis 2013

Les éliminations du Barça face à l'Inter en 2010 (1-3, 1-0) et Chelsea (0-1, 2-2) en 2012 ne permettaient pas vraiment une totale remise en cause de cette philosophie de jeu. L'Espagne s'était d'ailleurs chargée de la maintenir sur son piédestal au niveau international en remportant l'Euro 2012. L'humiliation subie par Barcelone face au Bayern en 2013 a été beaucoup plus significative tant la marge qui existait entre les deux équipes était étourdissante.
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Arjen Robben et Thomas Müller célèbrent la victoire du Bayern face au Barça en demi-finale de la Ligue des champions 2012/13

Crédit: Panoramic

La déroute de l'Espagne face au Brésil (3-0) en finale de la Coupe des Confédérations quelques semaines plus tard était passée plus inaperçue, mais elle confirmait aussi le déclin de ce style de jeu qui restait alors une particularité du Barça et de la Seleccion. Malgré cela, d'autres équipes ont tenté de gagner avec cette philosophie de jeu cette saison. Parmi les quarts de finalistes de la Ligue des champions, trois équipes avaient le point commun d'afficher une possession moyenne supérieure ou proche des 60% et plus de 600 passes réussies par match : le Bayern, le Barça et le PSG. Elles ont toutes été en échec.

Bayern-Barça-PSG : Un même souci d'inefficacité

Ces trois équipes sont tombées face à des formations d'un tout autre au style. L'Atlético est globalement à l'opposé du Barça (45% de possession, 365 passes en moyenne par match), comme Chelsea par rapport au PSG (51% de possession, 432 passes en moyenne par match). Le Real (51% de possession, 501 passes par match) est dans un registre légèrement différent, mais sans comparaison avec le Bayern. Trois équipes qui ont le point commun d'évoluer avec un bloc assez bas qui remonte très vite à la récupération du ballon. Elles ont su, dans les trois confrontations, contrôler la possession de balle adverse avant de faire la différence, la plupart du temps sur des contres ou des phases arrêtées.
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La joie de Luka Modric et Cristiano Ronaldo lors de la victoire du Real Madrid sur le Bayern Munich en demi-finale retour de la Ligue des champions 2013/14

Crédit: AFP

Une efficacité qui contraste avec l'inefficacité des équipes qui ont misé sur la possession du ballon comme philosophie de jeu. Ça se traduit sur les statistiques offensives. Le PSG et le Barça ont déclenché en moyenne 1 tir toutes les 50 passes cette saison en Ligue des champions. Il ne faut que 25 transmissions à l'Atlético pour frapper au but. Cette ineffeicacité se lit aussi sur les statistiques défensives. En moyenne, le Bayern (8,1), le Barça (8,6) et le PSG (11,1) ont concédé moins de tirs par match que Chelsea (11,3) l'Atlético (11,8) et le Real (13,9) en C1. Mais ces trois dernières équipes laissent des positions de frappe nettement moins favorable à l'adversaire. Le rapport but encaissé/tir concédé du Bayern en Ligue des champions a été de 1/8 cette saison. Pour l'Atlético, il est de 1/29...

A trop vouloir garder le ballon, on en devient inoffensif… et friable

C'est un phénomène de plus en plus fréquent chez les équipes qui adoptent cette philosophie. La possession du ballon devient stérile, principalement parce que ce style implique un jeu court, moins risqué, et donc moins vertical. Comme si, à trop vouloir garder le ballon, ces équipes en oubliaient de vouloir marquer. Une impression souvent laissée par le Barça depuis l'an dernier et le PSG en 2014. L'autre effet pervers, c'est le positionnement du bloc de ces formations qui veulent garder le ballon chez l'adversaire. Cela entraîne un positionnement haut des latéraux pour utiliser la largeur du terrain, et cela libère des espaces utilisés par les équipes qui évoluent plus bas pour contrer. La défense se retrouve exposée et sa solidité menacée.
On est loin de l'impression laissée par Barcelone entre 2008 et 2012, dans une philosophie de jeu incarnée par des joueurs qui ont aussi fait les succès de l'équipe d'Espagne. La capacité d'accélérer après une longue phase de possession semble avoir disparu. Cette faculté à récupérer le ballon immédiatement après l'avoir perdu grâce à un pressing organisé également. C'est un constat récurrent depuis que la leçon d'efficacité infligée par le Bayern au Barça la saison passée. Cette philosophie de jeu semble avoir atteint ses limites, un phénomène illustré par l'édition actuelle de la Ligue des champions. Mais, au niveau international, il appartiendra à l'Espagne de prouver le contraire en conservant son titre mondial au Brésil.
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