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Manchester City - PSG (1-0) : Blanc n’avait pas retenu la leçon : il l’a payé au prix fort

Maxime Dupuis

Mis à jour 13/04/2016 à 14:22 GMT+2

A quatre ans d’intervalle, Laurent Blanc a perdu un quart de finale de Championnat d’Europe avec les Bleus et un quart de Ligue des champions avec le PSG parce qu’il a tenté, inconsidérément, d’innover tactiquement sans mesurer le risque d’un bouleversement aussi soudain. Et il l'a payé très cher.

Laurent Blanc contre Manchester City

Crédit: Panoramic

C’est l’histoire d’un quart de finale retour de Ligue des champions que le Paris Saint-Germain a sans doute perdu avant même d’avoir mis les pieds sur le pré. L’histoire d’un match et d’une double confrontation qui était largement à la portée du club de la capitale, sur le papier. Mais que Paris a laissé filer au terme de 180 minutes d’une bouillie technique indigne de son rang supposé.
Si la responsabilité de tout échec est collective, qu’entre le noir et le blanc, il existe toujours une zone plus ou moins grise qui définit les causes et les coupables autrement que par un raisonnement binaire, il est difficile de ne pas pointer du doigt Laurent Blanc après ce nouvel échec en quart de Ligue des champions, son troisième de suite avec le PSG, le quatrième au total dans sa carrière d’entraîneur, après Bordeaux en 2010.
Mardi soir à l’Etihad Stadium, Laurent Blanc a tenté un coup tactique en modifiant ce qui faisait la force de son équipe jusqu’ici. D’un claquement de doigt, ou pas loin, son immuable 4-3-3 s'est transformé en un 3-5-2 à géométrie plus que variable tant ses joueurs étaient paumés sur la pelouse des Citizens. Pourquoi avoir changé subitement ? Pour surprendre Manuel Pellegrini et ses hommes ? Oui. Pour trouver une parade aux absences de Blaise Matuidi et de Marco Verratti au milieu ? Assurément. Thiago Motta n’étant l’ombre que lui-même, Laurent Blanc a, d’une certaine manière, tenter d’assurer les arrières de l’international italien en lui adjoignant des renforts pour s’adjuger la bataille du milieu.
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Laurent Blanc contre Manchester City

Crédit: Panoramic

"Je ne me débine pas"

Malheureusement pour Paris, l’édifice brinquebalant s’est vite écroulé, symbolisé par Serge Aurier qui - soit dit en passant - a du chemin à parcourir avant de redevenir celui qu’il était avant la soirée chicha la plus dévastatrice de l’histoire du Paris Saint-Germain. Dans ce schéma et compte tenu de son niveau actuel, l’Ivoirien - passé de l’axe droit au gauche dans deux systèmes différents - s’est noyé. Et il n’est pas le seul. En solidifiant son entrejeu pour donner de l’assise et de la confiance à son équipe, Blanc a déréglé la machine. Son coup de poker eut l’effet inverse de celui qui était escompté : il a égaré les certitudes collectives de ses troupes.
Pour Thiago Silva, qui ne souhaite accabler personne, ce qui l’honore grandement, la tactique n’est pas au centre de l’échec parisien. "On la connaissait avant le match, même si c'était la première fois que l'on jouait comme ça", lance-t-il comme pour défendre Laurent Blanc. L’intention est louable mais le Brésilien ne rend pas service à son entraîneur, qui a d’ailleurs reconnu sa responsabilité. Avec, tout de même, une pointe d’ironie. "Je suis responsable : c'est moi qui ai fait l'équipe, choisi les joueurs et la stratégie. Quand on gagne, les joueurs sont responsables et quand on perd c'est l'entraîneur le responsable. Mais je la prends pour moi cette défaite, aucun problème. Je ne me débine pas".
"Après la perte de Matuidi et Luiz, on s'est dit qu'il faudrait d'abord bien défendre", s'est-il ensuite justifié en conférence de presse. Bien défendre quand l’une des qualités premières du PSG version Blanc est de faire le jeu et de l’imposer à l’autre, voilà qui est dommage. Surtout lorsqu’on voit comment le bloc parisien a évolué bas sur le terrain. Laurent Blanc n’est pas allé au bout de ses idées, ce qui fait écho à la fin de son parcours avec les Bleus durant l’Euro 2012.

Le précédent de Donetsk

Il y a bientôt quatre ans, l’ancien libéro des Bleus avait changé son fusil d’épaule quelques heures à peine avant de défier l’invincible armada espagnole en quart de finale du Championnat d’Europe, à la Donbass Arena de Donetsk. A la différence du PSG face à City, la France était loin d'être favorite face aux champions du monde et d'Europe en titre. Son idée ? Ne pas prendre de front l’Espagne, ne pas tenter de la vaincre à son propre jeu, celui de la possession. Mais lui donner du fil à retordre, notamment à gauche où Blanc avait titularisé Réveillère derrière Debuchy. Deux latéraux pour bloquer Jordi Alba, Andres Iniesta et compagnie. D’où était venu le premier but espagnol ? Du côté renforcé par Le Président…
Mardi, l’expérimentation a duré un peu moins d’une mi-temps. Le temps que Thiago Motta se blesse et que cela oblige le PSG à retrouver un visage plus habituel. Mais pas plus avenant. Le mal était fait, même si Eliaquim Mangala a reconnu avoir été surpris quand il a vu la composition d'équipe parisienne : "Ils ont commencé à trois derrière et on ne s'attendait pas à cette approche tactique. Nous, on s'est fixé à notre plan et ça a payé." La preuve qu’on ne me meurt pas toujours avec ses idées. Mais plus souvent en se reniant.
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Laurent Blanc (PSG) à l'issue de la défaite sur la pelouse de Manchester City en avril 2016

Crédit: AFP

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