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Sans brusquer l'institution, Zidane a déjà changé le Real et c'est une sacrée victoire

François David

Mis à jour 04/05/2016 à 09:59 GMT+2

LIGUE DES CHAMPIONS - Si Zinedine Zidane n'a rien révolutionné au Real Madrid depuis sa prise de fonction en janvier dernier, il est parvenu à obtenir un consensus autour de sa personne grâce à quelques choix judicieux. Si le Real en est là aujourd'hui, c'est en partie grâce à lui.

Zidane

Crédit: Panoramic

Dix victoires de suite en Liga. Une ambition et surtout une faim retrouvées. Voilà le bilan de Zinedine Zidane avant le sprint final de la saison. Mais quoi qu'il advienne face à Manchester City et dans les deux dernières journées de championnat, Zizou a déjà marqué le club. Bien sûr, nous ne sommes jamais à l'abri d´une surprise. Un ami journaliste - grand fan du Real - me disait récemment au sujet de Florentino Perez: "Il est impossible de se mettre dans la tête de Florentino. Il peut très bien faire une tape amicale à Zizou (qu'il prononce "Sissou", à l´espagnole) pour le féliciter, remonter dans son bureau, et cinq minutes après, appeler Joachim Löw pour connaître sa situation". Tellement vrai. Mais il serait quand même surprenant de ne pas voir l'icône française ne pas s´asseoir sur le banc merengue la saison prochaine. Et ça pour plusieurs raisons.

Un état d´esprit remarquable

Avant tout, Zidane a restauré l'harmonie dans le vestiaire. Après avoir suscité l'admiration des plus jeunes - ceux qui l´ont vu à la télé étant petit mais aussi Ronaldo, qui a en face de lui un joueur aussi illustre que lui, voire plus - Zidane a gagné le respect grâce à son travail quotidien, mêlant sérieux, concentration et décontraction. La patte de Carlo Ancelotti, dont il a été l'adjoint pendant deux saisons. Il en ressort qu'aujourd´hui, le Real Madrid fonctionne en équipe, ce qui n´a pas été le cas durant le (bref) passage de Rafael Benitez. Quel supporter du Real ne se souvient pas des prestations insipides, sans saveur, voire carrément humiliantes de Sergio Ramos et de ses partenaires, notamment face au Barça (0-4)… Chacun jouait alors dans son coin pour faire la différence. La défense était poreuse. Le grand Real Madrid avait perdu de sa superbe. Aujourd'hui, on parierait que l´histoire ne se répèterait pas, en tout cas pas comme ça. Pourtant, "Rafa" n´a pas eu que des mauvaises idées, surtout analysées avec le recul. On y reviendra.
Le collectif au-dessus de tout, voilà ce qui m´a frappé la semaine dernière à l´Etihad Stadium, face à Manchester City. Sans Cristiano Ronaldo, forfait de "dernière minute" (des médias espagnols sérieux expliquent que l´astre portugais savait qu'il avait une déchirure en prenant l´avion pour l´Angleterre), avec un Benzema sorti à la mi-temps, le Real Madrid n'a pas baissé les bras. Il a été plus solidaire que jamais autour de Pepe-Ramos-Marcelo et d´un Gareth Bale assumant son rôle de leader en attaque. On a vu les Merengue attaquer, défendre ensemble. Et sans une belle intervention de Joe Hart devant Pepe, Madrid l'aurait emporté devant ce triste Manchester City. Cet état d´esprit, cette abnégation et cette envie de se battre pour le copain, Zidane n'y est évidemment pas étranger.
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Zinedine Zidane

Crédit: Panoramic

La jeunesse au pouvoir

Sur la pelouse de Manchester, Zizou s'était passé au coup d´envoi de James, Isco, Kovacic ou Danilo. Soit plus de 160 millions investis ces dernières années. Un chiffre significatif qui montre que l´entraîneur madrilène fait plus confiance à l'abnégation qu'au CV. Zidane connaît le Real Madrid mieux que n'importe qui. Il sait que le public a une affection toute particulière pour les joueurs du cru, ceux qui aiment le Real Madrid et donneront chaque goutte de sueur pour le maillot, comme Raul en son temps. Un joueur incarne sans doute ce changement : Lucas Vazquez. "Lukita" est un joueur intéressant. Il court beaucoup (13 kilomètres face à City), défend, attaque, dribble, provoque des penalties, marque des buts…
L'an passé, j'allais voir les matches de l'Espanyol Barcelone, où il était prêté, spécialement pour le voir jouer. Je le trouvais "especial" comme on dit ici. Pour l'avoir interviewé plusieurs fois, j'avais trouvé le garçon très intelligent et déjà mûr pour intégrer les rangs du Real. Bien entendu, sur Twitter, beaucoup avaient ricané quand j'avais annoncé que ce joueur serait important cette saison. Mais c'est le jeu. Aujourd'hui, Lucas Vazquez n'est plus très loin de la sélection espagnole. S'il arrive juste pour l´Euro, il y sera très prochainement, pour les qualifications au Mondial 2018.
Casemiro, lui, apporte l'équilibre nécessaire. Il libère Modric et surtout Toni Kroos des tâches défensives. Avec Casemiro, le Real joue mieux, tout simplement. Nacho, lui, déçoit rarement. Et Jese, qui compte avec Zidane l'un de ses grands défenseurs, est passé devant James et Isco dans la hiérarchie des attaquants. Il lui faut désormais retrouver le chemin du but avec régularité. Mais il a retrouvé le coup de rein et l'accélération qui faisaient sa force. A l'heure où le Real doit anticiper son futur en raison de la sanction de la FIFA qui débutera en décembre 2016 - un an sans recruter - l´apparition de ces jeunes pousses est une bénédiction. Et qui sait, un joueur comme Marco Asensio, très bon avec l'Espanyol lui aussi, pourra rendre bien des services l'an prochain. Prêté, ce joueur offensif polyvalent, marche en tout cas dans les pas de Lucas Vazquez. Un élément à prendre en compte dans la planification de l'équipe, qui ne bougera plus pendant de longs mois après le 31 août 2016…
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Lucas Vázquez, Real Madrid

Crédit: Imago

Isco et James au placard

Il y a quelques mois, je pensais qu'il fallait donner les clés du jeu à James Rodriguez. Son profil et ses immenses qualités - notamment de leader de la sélection colombienne - m'avaient incité à écrire ces lignes. Aujourd'hui, force est de constater que James a perdu sa place au Real. Sa faute, entièrement. Attiré par les nuits madrilènes et ses naïades - tellement faciles d´accès quand on est un joueur professionnel du Real -, James s´est un peu trompé de chemin. S'il faut toujours croire en lui, il est loin dans la hiérarchie désormais. Isco, lui, a un peu plus de crédit, mais l'ex-prodige de Malaga ne passe pas le dernier palier. Question de confiance et de déhanchés nocturnes, comme James… Ils sont jeunes, beaux, millionnaires, connus, les femmes veulent en faire leur tableau de chasse et il n'est pas toujours facile de résister…
On verra si Zidane leur donne des opportunités, à la fin de saison ou la saison prochaine. Pour l´instant, le flou est total. Et c'est là où je voulais en venir avec Benitez. Constatons que l'actuel entraîneur de Newcastle s'était aussi privé de James et d'Isco. A l'époque, cela avait provoqué un tollé dans la presse et dans les bureaux du Real. Cela avait même miné - en partie - le crédit dont disposait Benitez auprès des dirigeants. Il n´avait donc pas forcément tort… puisque Zidane fait aujourd'hui la même chose ! Mais désormais, pas un bruit. Pas une remontrance. Pas une ligne dans Marca ou dans AS. L´une des plus belles victoires de Zidane, de celles qui assoient un peu plus sa légitimité en tant que 'boss' du meilleur club du XXe siècle.
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Zinedine Zidane tout sourire lors d'un match de Ligue des champions avec le Real Madrid lors de la saison 2015-2016.

Crédit: Panoramic

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