Real-PSG (3-1) : Un tournant radical dans le management d'Emery, pas dans son coaching

Il n'est pas passé loin du coup parfait. Il s'en est fallu de peu pour qu'Unai Emery ne sorte renforcé du déplacement à Santiago Bernabeu. Mais le scénario de la rencontre et l'affaissement spectaculaire de sa formation dans les dix dernières minutes obscurcissent son bilan. Il fallait pourtant voir ses choix de début de match comme une volonté claire de s'affranchir de son vestiaire, un moyen de reprendre la main en imposant ses idées.

Se passer de son capitaine Thiago Silva au coup d'envoi, c'est une façon de reprendre le pouvoir. Que risquait-il ? Pas grand-chose, le technicien basque sait que son aventure au PSG ne survivra pas à une élimination en 8e de finale. Ses choix forts ne feront que renforcer son emprise sur l'équipe et sur une potentielle qualification.

Presnel Kimpembe s'est montré à la hauteur. Comme Yuri Berchiche qui n'a pas fait regretter les errances défensives de Layvin Kurzawa. Giovani Lo Celso, lui, s'est noyé. Lassana Diarra aurait-il été plus efficace ? Peut-être. Mais la carence au poste de sentinelle dépasse la simple personne d'Unai Emery et le recrutement parisien a aussi sa responsabilité dans ce dossier. Alors oui, Emery a sans doute eu raison d'affirmer son autorité. Le contraire lui aurait été reproché. Mais sa copie n'en est pas parfaite pour autant.

Son coaching, au mieux déroutant, au pire déstabilisant, a sa part de responsabilité dans la défaite parisienne et la déconfiture de fin de match. Pourquoi s'être entêté avec Lo Celso jusqu'à la 85e minute alors que l'Argentin a clairement été dépassé par les évènements dès l'entame de match ? Pourquoi ne pas avoir donné sa chance à Angel Di Maria, le meilleur joueur parisien en 2018 ? Mais sa décision la plus contestable reste d'avoir remplacé très tôt Edinson Cavani par Thomas Meunier (66e).

Non pas que l'Uruguayen pesait beaucoup sur les débats mais l'entrée du Belge a impliqué trois changements de postes. Mbappé n'a pas beaucoup plus brillé que Cavani dans l'axe, Alves a laissé le couloir droit de la défense qu'il tenait plutôt bien jusque-là et Meunier a pris la marée, incapable de s'adapter au rythme de la rencontre. Ce n'est pas un hasard si Paris a encaissé deux buts sur ce côté. L'an dernier déjà, Unai Emery avait remplacé un ailier (Julian Draxler) par un arrière (Serge Aurier). Pour un résultat plus dramatique encore pour Paris.

Face à Zidane, Emery a perdu la bataille du coaching quand Marco Asensio, atout sorti de la manche merengue, est impliqué sur les deux derniers buts du Real au nez et à la barbe d'un Meunier complètement dépassé. Pourquoi le Basque a-t-il pris ce risque ? Di Maria aurait très bien pu occuper le couloir droit, comme il l'a si brillamment fait en 2018, en laissant Alves cadenasser sa moitié de terrain. En plus de précipiter la défaite parisienne, ce choix pourrait un peu plus refroidir les relations entre l'Argentin et son coach.

Ce 8e de finale marquera un tournant chez Emery qui ne semble plus prêt à se laisser guider ses choix. Il encourt le risque de perdre une partie de son vestiaire jusqu'à la fin de saison. Di Maria donc, mais aussi Thiago Silva et dans son sillage quelques Brésiliens. Le match retour sonnera comme un quitte ou double. En cas de défaite, son avenir s'écrira loin de Paris. Mais ça, Emery le savait déjà.