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Ligue des champions : Le club (fermé) des cinq

Maxime Dupuis

Mis à jour 12/12/2019 à 13:16 GMT+1

LIGUE DES CHAMPIONS – Pour la première fois de l’histoire, les huitièmes de finale de la Ligue des champions seront réservés à cinq pays. Les cinq plus puissants du continent. Hasard ? Coïncidence ? Rien de tout cela. Le sens de l’histoire et un pas insidieux supplémentaire vers ce dont les clubs les plus riches du continent rêvent : la ligue fermée.

Neymar et Ramos après Real - PSG

Crédit: Getty Images

L'ennuyeux avec les invités-surprise, c'est qu'ils débarquent sans prévenir. Quand la table est dressée et qu'aucun rond de serviette n'a pas été prévu pour eux. De surcroit, il arrive qu'ils prennent leurs aises et fassent comme chez eux, bousculant ainsi le programme d'une soirée à laquelle ils n'étaient pas conviés. Ce qui, vous en conviendrez, n'est pas toujours agréable.
La Ligue des champions apprécie de moins en moins les intrus. Et fait tout pour les écarter de ses soirées privées. Cette année, la C1 a "réussi" un coup de maître : dès février, elle se disputera entre nantis. Seize clubs pour cinq pays : l'Angleterre, l'Espagne, l'Allemagne, l'Italie et la France. C'est évidemment une première qui, vu de loin, présente un caractère exceptionnel ou accidentel, selon le côté où l'on se place. Vu de près, ce n'est que le résultat d'une évolution souhaitée qui, malheureusement, va dans le sens de l'histoire.
Depuis sa réforme en 1992, la Coupe d'Europe des Clubs Champions devenue Ligue des champions n'a fait que se refermer sur elle-même tout en générant plus de revenus. Alors qu'elle accueillait les champions européens à l'origine, elle s'est progressivement ouverte aux dauphins dans les "grands championnats" puis à une élite élargie puisqu'elle accueille jusqu'à quatre équipes par championnat (voire 5 en fonction de l'identité des vainqueurs de la C1 et de la C3). Mieux, depuis 2018, les quatre pays les plus puissants du continent (Angleterre, Espagne, Allemagne et Italie) sont assurés de bénéficier de la moitié des sièges au coup d'envoi de la compétition. Plus de place pour eux. Moins pour les autres. Ça s'appelle un cercle vicieux.

Vertueux - vicieux, les deux faces d'une même pièce

Il est surtout vicieux pour ceux qui restent sur le pas de la porte. Parce que pour les grandes puissances du continent, il est plutôt vertueux. Les revenus n'ont jamais été aussi élevés en Ligue des champions et ils n'ont jamais été aussi peu à se partager les parts du gâteau.
Cette saison, dès les 8es de finale, ils ne seront donc que cinq pays, dont la France (cocorico), à ramasser les revenus XXL d'une compétition qui n'a jamais aussi mal porté son nom. Certes, il n'y a pas que des "gros" clubs au rendez-vous, à l'image de l'Atalanta Bergame qui est venue se frayer un chemin jusqu'au Top 16. Et c'est tant mieux. Mais on rappellera, tout de même, que les Bergamasques, pensionnaires de Serie A, ont bénéficié d'une entrée directe dans la compétition. Ce dont le champion des Pays-Bas, pour ne citer que lui, rêve la nuit.
Et la France dans tout ça ? Elle peut se targuer de placer deux entités dans cette super-élite du mois de février. Mais ne doit pas oublier qu'elle doit sa place à un petit miracle et à la puissance XXL de son meilleur représentant, plus qu'à la santé générale de ses clubs. Allez donc checker les résultats des autres formations engagées sur le front européen pour vous en assurer.
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Lyon s'est qualificé dans la douleur face à Leipzig

Crédit: Getty Images

Evidemment, cette situation a quelque chose d'exceptionnel : cinq pays représentés, ça n’arrivera pas tous les ans. Tout autant que la présence de 10 nations à ce même stade de la compétition en 2016 relevait d'une incongruité. Mais si 2016 présentait un caractère anachronique, cette collection 2019/2020 est bien dans l’air du temps et symbolise à merveille le lent glissement de la Ligue des champions vers une ligue fermée, souhaitée depuis belle lurette par les présidents des quelques clubs les plus riches du continent. Ceux-là même qui tuent, week-end après week-end, les championnats nationaux dont l'intérêt est toujours un peu plus décroissant en raison des déséquilibres croissants.
A l'heure où messieurs Agnelli, Perez ou Rummenigge poussent très fort et tentent de claquer la porte à ceux dont le portefeuille est moins garni que le leur, le risque est celui de la normalisation et de l'habitude : que le public s'accoutume à ce resserrement de l'élite, uniquement lié au rapport de force économique. J’entends et lis déjà ici ou là des "c’est peut-être pas plus mal ainsi". Toutes les opinions sont dans la nature et toutes, par essence, sont respectables. Il n’en reste pas moins que la mise à l’écart de l’essentiel des clubs du Vieux Continent au regard de leur moindre attractivité économique est une injustice profonde, parce que renforcée par la structure inégalitaire de la Ligue des champions actuelle. A mes yeux, elle est même insupportable.
Philosophiquement, en quoi le 4e de la Liga - j’aurais pu citer l’Allemagne, l’Angleterre ou l’Italie - est plus légitime que le champion des Pays-Bas (coucou l’Ajax) quand il est question d’obtenir un ticket direct en Ligue des champions ? Pas de besoin de quatre heures pour répondre à la question.
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