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Comment Hakim Ziyech a (déjà) commencé à transformer Chelsea

Christophe Kuchly

Mis à jour 04/11/2020 à 18:05 GMT+1

LIGUE DES CHAMPIONS – Opposé à Rennes mercredi soir dans un match qui dictera une partie du futur européen des Bretons, Chelsea a passé un cap depuis l’intégration de sa recrue marocaine dans le onze. Voici pourquoi.

Hakim Ziyech en Ligue des champions

Crédit: Getty Images

Bien sûr, avoir un gardien capable de repousser les ballons qui viennent dans sa direction est un avantage. Auteur de cinq des six clean sheets de Chelsea depuis son arrivée en provenance de Rennes, l’adversaire de ce mercredi, Édouard Mendy a déjà largement remplacé Kepa. Une mission certes pas très difficile, l’Espagnol sortant de l’une des pires saisons réalisées par un portier (53 % d’arrêts effectués en Premier League contre 78 % pour Mendy en L1 par exemple), mais qui permet de traverser les temps faibles sans trop de dégâts. Pendant ce temps, à l’autre bout du terrain, un autre joueur impulse également un changement de dynamique : Hakim Ziyech.
Avec seulement deux titularisations depuis son arrivée, le Marocain, qui lance enfin sa saison après des problèmes physiques, est encore en phase d’adaptation. Son influence se voit pourtant déjà dans ses statistiques individuelles (deux buts et une passe décisive) comme dans les résultats de son équipe (succès 3-0 à Krasnodar et 4-0 à Burnley). Complet et polyvalent, il offre de nouvelles solutions à Frank Lampard, jusque-là à la recherche de la bonne formule pour associer ses talents offensifs.
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Hakim Ziyech en Ligue des champions

Crédit: Getty Images

Les individualités comme locomotives

C’est parfois la seule façon de faire, rarement celle de marquer l’histoire du jeu mais souvent une excellente méthode pour gagner quand on est à la tête d’un grand club. Ça, c’est se reposer sur les individualités plus que sur des principes collectifs forts, considérer que des talents exceptionnels iront plus loin en trouvant un langage commun plutôt qu’en écoutant les enseignements d’un entraîneur. Depuis ses débuts sur le banc, Lampard, comme Ole Gunnar Solskjaer, incarne cette école qui n’a pas peur de "sous-coacher", mettant chacun à sa meilleure place et cherchant le dispositif qui apportera l’équilibre.
Dans ce football libre, plus dépendant des états de forme des stars mais qui évite de les brider – Christian Eriksen confirmera que la minutie du jeu d’Antonio Conte n’a pas que des avantages –, l’un des principaux objectifs est de trouver des associations. Depuis la reprise, les Blues, nettement renforcés en attaque, changent donc joueurs et systèmes chaque semaine ou presque. Sans jamais tomber sur LA bonne formule ni décrocher les résultats espérés. Avec trois victoires sur les neuf premiers matches et peu de joueurs convaincants, Chelsea attendait donc un déclic.
Il est évidemment trop tôt pour s’emballer après des rencontres face au dixième du championnat russe et au dernier de Premier League. Incapable de trouver des mécanismes fiables pour sortir sous pression faute de centraux à l’aise pour prendre des risques balle au pied, le club londonien subit encore de gros temps faibles qui vont continuer à exposer son gardien. Mais, une fois le ballon arrivé dans le camp adverse, la simple présence de Ziyech ouvre de nouvelles perspectives.
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Hakim Ziyech à Stamford Bridge

Crédit: Getty Images

Trio gagnant avec Havertz et Werner ?

Après le 4-2-3-1, le 3-4-2-1 et même un original 4-2-2-2, Frank Lampard a joué les deux derniers matches dans un 4-3-3. Si les hommes ont changé d’identité ou de place entre le mardi et le samedi, il y a eu une constante : Hakim Ziyech placé sur l’aile droite, avec Kai Havertz en relayeur de son côté. Une position reculée que plusieurs voix en Allemagne promettaient de longue date au second, mais dont il semblait s’éloigner, lui qui a régulièrement joué en tant que faux numéro 9 lors de ses derniers mois à Leverkusen. À seulement 21 ans, son explosivité et son sens du but (38 toutes compétitions confondues ces deux dernières saisons) donnaient envie de le voir fixé à un poste avancé. Avec le Néerlandais, il a peut-être trouvé le partenaire de jeu lui permettant de partir de plus bas.
Car Ziyech, qui se voit toujours comme un numéro 10, n’est pas un ailier classique. S’il joue souvent en "faux pied" côté droit, sa patte gauche lui sert plus à distribuer qu’à frapper. Et si l’ancien de l’Ajax repique dans l’axe, c’est souvent pour participer à l’élaboration des attaques, une tendance qui favorise les permutations chères à l’école néerlandaise. Avec un autre élément capable de jouer à tous les postes offensifs derrière lui, il peut quitter sa position sans crainte qu’elle ne soit pas investie par un partenaire. Surtout quand Timo Werner évolue en pointe, l’attaquant ayant pris l’habitude de dézoner dans le jeu de position très précis de Julian Nagelsmann à Leipzig... jusqu’à devenir épisodiquement un étrange latéral droit.
Contre Krasnodar, le trident Havertz-Ziyech-Werner a combiné et permuté de façon très instinctive, sans qu’un déclencheur précis ne permette de déceler des consignes venues du banc – hormis lors du quart d’heure que le premier nommé a passé à gauche à la place de Mateo Kovacic en première période. Avec à la clé plusieurs situations très difficiles à défendre car rarement rencontrées par les adversaires.
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Kai Havertz et Timo Werner

Crédit: Getty Images

Importance avec… et sans ballon

Les Russes ont d’abord vu Ziyech recevoir la balle dans le demi-espace droit (zone entre l’axe et la ligne de touche) et déclencher un tir détourné en corner. C’est ensuite dans ce même couloir de jeu qu’il lance la transition qui amène le premier penalty de son équipe, puis collé à la ligne qu’une volonté de combiner avec Werner lui offre un tir à 25 mètres. Vient ensuite le premier but où, depuis l’axe, il trouve un Havertz positionné en numéro 9 et passeur décisif pour Callum Hudson-Odoi. Deux transitions menées par Havertz lui offrent une énorme occasion puis la passe débouchant sur un deuxième penalty, et c’est sur un appel vers la gauche qu’il trouve finalement le chemin des filets après un superbe enchaînement.
À nouveau buteur contre Burnley sur une combinaison à trois avec Werner et Hudson-Odoi à droite et passeur décisif pour Werner depuis l’axe, Hakim Ziyech n’est pourtant pas encore dans sa meilleure forme. Plus qu’au niveau de la vivacité, c’est dans la capacité à répéter les efforts que le joueur de 27 ans peut encore progresser et ainsi allonger les phases de domination de son équipe. Car ce que Chelsea gagne en dangerosité se perd en contrôle, son 4-3-3 n’étant pas fait pour subir ou défendre des transitions.
Et c’est aussi là que se trouve la clé de la viabilité du plan de jeu et du projet du club puisque le recrutement massif de talents offensifs, conjugué à l’émergence de Mason Mount ou Tammy Abraham, suppose que l’entraîneur doit aligner un onze tourné vers l’avant. L’Ajax, le Bayer et Leipzig, les trois anciens clubs de Ziyech, Havertz et Werner, protègent leur arrière-garde avec un pressing qui offre quelques belles opportunités de marquer au passage. Biberonnés à cette philosophie de l’effort, ils arrivent dans un système beaucoup moins ambitieux sans ballon mais amènent cette envie de vite le récupérer quand il est perdu. Avec son énorme capacité à répéter les courses, Hakim Ziyech le créateur devient donc aussi le premier défenseur. Et c’est peut-être le plus important...
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