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Alain Roche : "Bayern - PSG 97 ? Un fiasco collectif, pas juste la faute de Christophe Revault"

Clément Lemaître

Mis à jour 07/03/2023 à 13:01 GMT+1

LIGUE DES CHAMPIONS - Avant le 8e de finale retour de C1 Bayern-PSG, Alain Roche, ex-joueur parisien désormais consultant Canal+, est revenu pour Eurosport sur ses souvenirs de Coupe d'Europe à l'Olympiastadion. En 1994, la rencontre avait été marquée par le but légendaire de George Weah (1-0) alors qu'en 1997, le PSG avait sombré à cause notamment de deux erreurs de Christophe Revault (1-5).

Alain Roche lors du match de C1 Bayern-PSG (5-1).

Crédit: Imago

Alain Roche, lors de la phase de groupes de C1 1994-95, le PSG avait réussi l'exploit de s'imposer à Munich (1-0). Que retenez-vous de cette victoire à l'Olympiastadion ?
Alain Roche. : Cette victoire à Munich, c'était un symbole fort. On était dans un groupe relevé (ndlr : avec également le Spartak Moscou et le Dynamo Kiev) et on découvrait la Ligue des champions. On s'était imposé à domicile contre le Bayern dans un premier temps (2-0). Avant de jouer là-bas, on savait qu'on était qualifiés mais il y avait quand même l'appréhension de prendre une volée. C'est ce qui est arrivé en 1997 d'ailleurs (rires). Ce soir-là, Luis Fernandez avait fait tourner (Raï, George Weah et Paul Le Guen étaient sur le banc). Moi, j'avais débuté la rencontre. On l'avait démarrée avec beaucoup d'application. On avait fait un match sérieux et digne avec un but exceptionnel de George (Weah), qui était rentré à la place de David (Ginola).
En face de vous ce soir-là, il y avait notamment Jean-Pierre Papin...
A.R. : Je le côtoyais en équipe de France. Par le passé, j'avais joué avec lui à Marseille (de 1989 à 1990). L'approche était toujours différente quand il y avait Jean-Pierre en face. C'était un joueur avec un style particulier, il fallait donc rester très concentré.
Le gros point fort du PSG de cette époque était votre force collective...
A.R. : Oui, on se sentait très, très fort. On avait une belle ossature. On était très performants sur les coups de pied arrêtés. Cette équipe avait été façonnée par Artur Jorge et il y avait eu très peu de changements à l'été 1994.
Comment avez-vous vécu le but légendaire de George Weah sur le terrain ?
A.R. : Moi, j'ai vu ça comme un exploit (rires). Cela lui arrivait de le faire à l'entraînement, mais reproduire cette action en match à Munich, en fin de partie face à des très grands joueurs comme Lothar Matthäus, c'était quand même incroyable. Il avait allié technique et puissance. George était déjà un attaquant des temps modernes. Ce n'est pas pour rien qu'il a été Ballon d'Or (ndlr : en 1995). Un joueur comme ça pouvait faire changer le cours du match à n'importe quel moment.
Ce match a eu un impact extrêmement négatif sur la suite de la saison de Christophe Revault
A propos de cette action, José Cobos avait déclaré en avril 2021 à Eurosport : "c'était encore plus difficile de transpercer une défense à cette époque. Les défenseurs étaient plus rugueux qu'aujourd'hui". Êtes-vous d'accord avec son analyse ?
A.R. : Oui, c'était plus dur à l'époque pour les attaquants. Il y avait moins de sanctions et plus de tacles par derrière. Et puis, l'arbitrage était plutôt favorable à l'équipe qui recevait. Certains joueurs pouvaient se permettre des choses qui ne seraient plus acceptées aujourd'hui et heureusement...
Cette victoire à Munich était un message envoyé au football européen à l'époque. Mais cette saison-là, le PSG, qui avait sorti le Barça en quarts, a été éliminé en demi-finales par l'AC Milan (0-1, 0-2)...
A.R. : Il y a des regrets surtout sur le match aller car on ne mérite pas de perdre, bien au contraire. On a eu des occasions pour s'imposer. En revanche, on n'a eu aucun regret sur le match retour car ils ont été tellement forts et surpuissants à Milan. Dans ma carrière, c'est le seul match où je me suis senti impuissant sur le terrain. On ne pouvait rien faire face à cette équipe qui était un rouleau-compresseur. Tactiquement, c'était une telle machine... Et techniquement, il y avait des joueurs de très, très haut niveau. On était dans la cour des grands. Malgré tout, le PSG était craint en Europe à l'époque.
En 1997, le PSG a subi une lourde défaite à Munich (1-5) en phase de poules de C1. Ce soir-là, Christophe Revault a été impliqué directement sur deux buts munichois (ndlr : à la suite d'un mauvais contrôle puis à cause d'une relance mal ajustée)...
A.R. : Le vestiaire l'avait soutenu. Christophe était un mec extraordinaire, humble, d'une grande gentillesse et à l'écoute. Il avait été extrêmement déçu de sa performance. Il se sentait responsable de cette défaite. Pour avoir revu les buts il n'y a pas très longtemps, d'accord il fait des erreurs... Mais qu'est-ce qu'on a fait nous aussi ! Dans nos placements, nos marquages : personne n'a été irréprochable sur ce match-là. Après, quand un gardien fait une erreur, ça se voit beaucoup plus qu'un défenseur sur un placement. C'était un fiasco collectif et pas seulement la faute de Christophe. Ce match a eu un impact extrêmement négatif sur la suite de sa saison à Paris mais également sur le plan personnel. Après Munich, les supporters lui en ont voulu et la presse a été virulente en faisant comprendre qu'il n'avait pas le niveau pour jouer au Paris Saint-Germain.
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Carsten Jancker a profité d'un mauvais contrôle de Christophe Revault pour marquer lors de Bayern-PSG 1997.

Crédit: Imago

Est-ce que cette défaite a été à l'origine de son départ à Rennes un an plus tard ?
A.R. : Oui, ce fut un tournant. Parfois, un match peut faire basculer un projet footballistique. Il était tellement déçu lorsqu'on est revenu dans le vestiaire... On a tenté de le réconforter. Mais ça été très long pour lui de revenir à un bon niveau. La pression était trop forte pour lui à Paris. C'est dommage car c'était un super gardien et une très belle personne en dehors. Il n'avait pas beaucoup de défauts.
Dans l'effectif parisien, il y avait quand même des atouts offensifs : Marco Simone, Florian Maurice, Raï. Pourquoi la tendance s'est-elle inversée par rapport à 1994 ?
A.R. : Parfois, ça arrive de passer au travers. Un jour, j'en ai pris neuf à Monaco quand je jouais à Bordeaux (ndlr : 9-0, en 1986) et dans mon équipe il y avait Alain Giresse, Patrick Battiston et Jean Tigana. En 1997, on a encaissé six buts à domicile (1-6) contre la Juventus. Des fois, il n'y a pas d'explication. C'était un jour sans, tout simplement. Pourtant à l'aller, on avait été à la hauteur en gagnant (3-1). Heureusement, rien n'est linéaire et c'est ce qui fait le charme du football.
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Messi, Ramos, les deux ou aucun : faut-il les prolonger au PSG ?

Personnellement, avez-vous été marqué après cette lourde défaite à Munich ?
A.R. : Ah bien sûr, tu es obligé d'être marqué. Quand tu en prends cinq, et que tu sais que tu n'as pas été bon, ce n'est pas quelque chose de neutre.
Est-ce que ce match à Munich représente le début du déclin du PSG des années 90 ?
A.R. : Je trouve le terme "déclin" trop fort. Je dirais plutôt que c'était la fin d'un cycle. Beaucoup de joueurs de l'équipe approchaient ou avaient dépassé la trentaine. On avait passé six ans ensemble et tout gagné. C'était bien de renouveler l'effectif, sauf que ça été fait de manière trop importante et virulente. Charles Bietry aurait dû garder quelques anciens pour encadrer la nouvelle génération. Ils l'ont payé sur le plan des résultats la saison suivante (le PSG a fini 9e en 1999). Pourtant, il y a eu des bons joueurs qui sont venus après, attention. Avec Bruno Carotti ou Jay Jay Okocha (ndlr : Alain Goma, Nicolas Ouédec, Igor Yanovski, Yann Lachuer et Christian Wörns étaient notamment arrivés en plus du retour de Bernard Lama), ils avaient une belle équipe.
Souhaitiez-vous rester au PSG à l'été 1998 ?
A.R. : Oui, bien sûr, et je n'étais pas le seul à vouloir rester. J'avais 30 ans, ma vie était parisienne, mes enfants sont nés à Paris. Il me restait un ou deux ans de contrat. J'étais encore en équipe de France un an auparavant. Je pense que je n'étais pas plus mauvais qu'un (Christian) Wörns. Il y aurait eu de la concurrence, j'aurais peut-être moins joué. Après, je n'en suis pas sûr car j'ai été titulaire à Valence où j'ai gagné la Coupe d'Espagne 1999 et atteint la finale de la Ligue des champions en 2000.
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