Avant FC Barcelone – Paris Saint-Germain | Ousmane Dembélé, l’enfant chéri aux allures de gâchis

Mercredi 10 avril 2024. Le Parc des Princes attend une réaction du Paris Saint-Germain, mené depuis la 37e minute et l’ouverture du score signée Raphinha. Enfant longtemps chéri de l’institution barcelonaise, Ousmane Dembélé, souvent décrié pour son incapacité à trouver la faille dans les derniers mètres, allume du gauche (son bon pied, il paraît) et soulève les tribunes. 1-1, Paris est relancé, Dembélé peut célébrer. Transi de bonheur, la gestuelle vindicative, le natif de Vernon semble effacer d’un trait épais un passage contrasté en Catalogne.

C’est l’histoire d’un transfert, rond et lourd comme le magot qu’a dû poser sur la table le FC Barcelone pour s’offrir les services de l’international français. Révélation de la saison 2016-2017 en Bundesliga, sous la tunique du Borussia Dortmund, l’ancien Rennais brille au milieu des espaces béants détricotés sur les prés allemands. A la conclusion, à la passe, Dembélé convoque tous les ingrédients pour s’habiller du costume de "successeur" de Neymar, parti au PSG, que le Barça cherche frénétiquement.

140 millions d’euros plus tard (bonus inclus), le Français débarque chez les Culés avec l’étiquette de recrue la plus onéreuse de l’histoire du club. Un sacré poids à porter pour le concerné, qui réfute toutes les comparaisons avec son glorieux prédécesseur. Après des débuts intéressants au cours du derby contre l’Espanyol (une passe décisive), le Français tombe de haut en se blessant tout seul, une semaine plus tard, en tentant une talonnade.

Une première longue blessure qui va donner le ton d’une aventure de près de six ans jalonnée de passages récurrents à l’infirmerie. Le bilan statistique est également peu flatteur, avec "seulement" 185 matches disputés sous la tunique blaugrana, pour 40 buts et 42 passes décisives. Raillé pour son manque de réalisme dans les moments clés, comme lors de la demi-finale aller de Ligue des champions face à Liverpool au Camp Nou (3-0, 0-4, en 2019), Dembélé a pourtant nourri une certaine cote d’affection auprès des supporters catalans.

Tout n’était pas non plus rose dans l’environnement tellurique du Barça, où la moindre anfractuosité sert de grain à moudre pour une presse jamais à court de polémiques. Épinglé pour une prétendue hygiène de vie douteuse par ces médias locaux, le Français a reçu plusieurs amendes pour manque de ponctualité à l’entraînement. Des échos peu reluisants qui n’ont pas entaché sa popularité dans les tribunes du Camp Nou, sous le charme de ses arabesques. Joueur unique, capable de débloquer n’importe quelle situation, Dembélé a longtemps laissé poindre l’espoir de l’éclosion totale de son immense potentiel.

La venue de Xavi aurait pu tout changer. Résolument fan de l’ailier, le "Caméléon" a toujours eu des mots attentionnés pour son joueur. Décidé à accompagner la prise de maturité du Français, Xavi n’a pas hésité à donner plus de responsabilités au champion du monde 2018. Pour des résultats prometteurs, notamment au début de la cuvée 2022-2023, sa dernière sous le maillot catalan. Il faut alors se mettre à la place de l’ancien chef d’orchestre de la Roja lorsque qu’il a appris que son joyau aux "qualités rarement vues ailleurs" allait quitter le navire. Évidemment, la pilule n’est pas passée. "Ousmane est un garçon qui nous a aidés, nous lui avons donné beaucoup d’affection, beaucoup d’importance," se remémorait Xavi l’été dernier avant la reprise de La Liga.

"C’est une grande déception qu’il ait décidé de partir alors qu’il était heureux ici, insistait l’entraîneur. Nous avions misé sur lui. Pour moi, c’est une grande déception sur le plan personnel." Avant de conclure, l’air désolé. "Nous ne pouvons pas concurrencer l’offre du PSG. Je ne m’y attendais pas, mais celui qui ne veut pas rester au Barça doit s’en aller." Amoureux du club culé, dont il n’a jamais caché son attirance, Dembélé a dû jongler avec un entourage désireux de le couvrir d’apprêts, surtout d’ordre économique.

Le résultat de cette quête de fonds : une fin en eau de boudin. Une prolongation qui s’est fait attendre en 2022, pour une sortie ombrageuse un an après, permise par une clause spéciale de 100 millions divisée par deux durant l’été. Exit le "club de (s)es rêves," le mentor qui a osé ériger le Français "au niveau du meilleur Neymar." A Paris, Dembélé joue, beaucoup (selon ses standards) - 35 matches, 2 buts -, et n’a toujours pas été blessé. Contre les Blaugrana, lors du quart aller, il s’est même permis de célébrer allègrement. Un geste qui ne passe pas pour certains en Catalogne, où l’international français peut s’attendre à un accueil brûlant. C'est une maxime éculée, les histoires d’amour se finissent souvent mal.