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Lens-Séville | Guillaume Warmuz : "Mes souvenirs de Bollaert remontent à la surface en permanence"

Clément Lemaître

Mis à jour 12/12/2023 à 09:05 GMT+1

Auteur du livre "Ma vie sera ici" (Talent Éditions), Guillaume Warmuz estime que les Sang et Or ont les capacités de se qualifier pour la C3 aux dépens de Séville. Dans un entretien accordé à Eurosport, l'ex-gardien emblématique du RC Lens (1992-2002) raconte ses souvenirs européens avec le club nordiste et compare la "finale" de ce mardi soir avec celle perdue en 1998 contre Kiev à Bollaert.

"Le mur jaune, c'est absolument assourdissant"

Guillaume Warmuz, le RC Lens reçoit Séville (6e journée de la phase de poules de la Ligue des champions) mardi (18h45). En cas de victoire ou de match nul, les Sang et Or seront qualifiés pour la C3. Cette "finale" ressemble-t-elle à la rencontre Lens-Dynamo Kiev que vous avez jouée en 1998 (1-3) ?
Guillaume Warmuz. : Oui, dans le sens où c'est une finale. Mais après, il n'y a pas la même récompense au bout (en 1998, les équipes n'étaient pas reversées en C3 et Lens jouait pour se qualifier en quarts de finale de C1). Comme c'est une finale, la préparation est similaire. Ça va être le moment de valider tout ce que les Lensois ont fait de mieux. Mais il ne faut pas s'arrêter avant le dernier match.
Lens a manqué de lucidité contre Kiev en 1998
Croyez-vous en une possible qualification du RC Lens en Ligue Europa ?
G.W. : Evidemment que j'y crois. Surtout au regard de ce qu'ont fait les Lensois à domicile lors de cette campagne de Ligue des champions (une victoire contre Arsenal et un match nul face au PSV Eindhoven). Ma seule interrogation concerne le FC Séville. C'est un adversaire qui a une grande histoire en Coupe d'Europe (sept sacres en C3 depuis 2006) et qui a l'habitude de ce genre de match. En plus, ils ont de très bons joueurs.
Vous avez joué deux campagnes de Ligue des champions en 1998 et 2002. Pensez-vous que le public de Bollaert peut être l'élément qui peut faire pencher la balance du côté lensois mardi soir ?
G.W. : Mes souvenirs de Bollaert, lors de ces deux campagnes de C1, remontent à la surface en permanence. A chaque fois qu'on a eu besoin du public lensois, il a toujours répondu présent. Si on prend le match d'Arsenal (2-1) courant octobre, les Gunners ont d'abord été supérieurs puis le public s'en est mêlé. On a ressenti une énergie générale et tout d'un coup, c'est devenu plus compliqué pour l'adversaire. Face à Séville, le public de Bollaert aura encore un rôle important à jouer.
Concernant Lens-Dynamo Kiev 1998, vous dites dans votre autobiographie que le club a "manqué de lucidité" avant le match.
G.W. : En fait, on a été trop joueurs. On a manqué de lucidité dans le sens où on n'avait pas anticipé tous les scénarios. Notre idée était de battre le Dynamo Kiev. Sauf qu'en face, c'était pratiquement l'équipe nationale d'Ukraine : Andreï Shevchenko, Sergueï Rebrov, etc... On aurait pu jouer dans l'idée d'obtenir un 0-0 qui nous aurait qualifiés. Il aurait fallu leur laisser le moins d'espaces possibles. Dans ce match-là, il y a eu beaucoup d'occasions. J'ai eu plusieurs face-à-face à gérer face à Andreï Shevchenko. Même à dix contre onze, après l'exclusion de Frédéric Dehu (6e minute), on visait encore la victoire. Finalement, on a pris des vagues et on a craqué.
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Guillaume Warmuz a publié son autobiographie (Crédit photo : Talent Editions).

Crédit: DR

Est-ce que cette élimination face à Kiev est la plus grosse déception de votre carrière devant la défaite en finale de la Coupe de France 1998 contre le PSG (1-2), l'élimination face à Arsenal en demies de C3 2000 ou la défaite en "finale" de L1 à Lyon (3-1) en 2002 ?
G.W. : Kiev, c'est une très grosse déception. Il y avait moyen de faire mieux et de mieux appréhender les circonstances de ce match. On aurait joué contre le Real Madrid lors du tour d'après. Le Dynamo Kiev les a battus d'ailleurs (1-1, 2-0 en quarts de finale). La finale de la Coupe de France est une aussi une vraie déception. En fait, j'aurais aimé sortir des poules en 1998 et en 2002 (face au Bayern, l'AC Milan et le Deportivo La Corogne - Lens a fini troisième devant Munich). A chaque fois, on n'était pas loin.
Par rapport à ce premier parcours en C1, vous racontez que David Seaman vous a attendus une vingtaine de minutes après Arsenal-Lens 1998 (0-1) dans le tunnel de Wembley pour vous offrir son maillot. Avez-vous reparlé de cet épisode lors de votre passage de six mois chez les Gunners en 2003 ?
G.W. : On a reparlé de ce match-là, mais assez brièvement. Il m'a rapidement félicité puis on est passé à autre chose. Ce n'est pas un sujet que les Anglais aiment particulièrement (rires). Pour son geste, ça montre la grandeur de ce monsieur. C'est le geste le plus grand, le plus classe, le plus beau que j'ai reçu d'un joueur. Il était au top de sa carrière à ce moment-là, il avait joué la Coupe du monde 1998 avec l'Angleterre quelques mois plus tôt. C'était un gardien mondialement connu et il m'a attendu 20 minutes à la fin de ce match.
Chapeau bas à Franck Haise. Moi, il me régale vraiment
Avec Lens, vous avez également connu une autre campagne européenne marquante avec la Coupe de l'UEFA 2000 où vous avez atteint les demi-finales. Vous avez éliminé le Kaiserslautern de Youri Djorkaeff, l'Atlético Madrid et le Celta Vigo de Claude Makélélé en quarts. Quel est votre meilleur souvenir ?
G.W. : Il y a vraiment deux matches qui ressortent : quand on va gagner 4-1 à Kaiserslautern, qui avait une grosse armada et qui avait été champion d'Allemagne deux ans auparavant, et notre victoire au retour à Bollaert face au Celta Vigo (2-1). En face, il y avait une équipe de dingue : Claude Makélélé, Valeri Karpine, Alexander Mostovoï, Benni McCarthy ou Haim Revivo. On est mené et on renverse la tendance grâce à un penalty de Valérien Ismaël et ce but de Pascal Nouma. Quand il marque, c'est une ambiance de grand malade à Bollaert. Joseph-Désiré Job (auteur d'un doublé) avait aussi été héroïque à Kaiserslautern. Nos adversaires nous avaient tellement pilonnés en deuxième mi-temps mais on a quand même réussi à marquer ces deux buts qui nous qualifient en huitièmes de finale. C'était un truc de fou.
Vous décrivez Daniel Leclercq, votre entraîneur à Lens entre 1997 et 1999, comme un coach dont la priorité était de proposer un jeu offensif. Est-ce que vous voyez des similitudes avec Franck Haise ?
G.W. : Oui. Lors des deux premières années, lorsqu'il jouait en 3-4-3 ou 3-5-2, je trouvais que son jeu était un peu trop risqué. Mais en fait, chapeau bas à Franck Haise. Moi, il me régale vraiment. On voit que les joueurs appliquent sa philosophie.
Dans votre ouvrage, vous dites que vous faisiez partie des cinq meilleurs gardiens français en 1998 avant la Coupe du monde. Est-ce qu'Aimé Jacquet ou un membre du staff des Bleus vous ont contacté avant le début du Mondial ?
G.W. : Non, ça ne marchait pas comme ça. Je n'ai pas été appelé au sens propre et au sens figuré. Quand j'ai joué en équipe de France A' contre la Tunisie en février 1994, c'était son premier match (pour Aimé Jacquet). Ensuite, j'ai joué deux ou trois autres rencontres, puis je me suis grièvement blessé à un genou en 1996. Je pense que cette blessure a été fatale pour moi. Je suis revenu l'année d'après, mais il avait déjà fait ses choix avec les quatre autres gardiens (Fabien Barthez, Bernard Lama, Lionel Charbonnier et Lionel Letizi, finalement écarté en mai 1998). J'avais deux-trois contacts avec Philippe Bergeroo (ancien entraîneur des gardiens des Bleus). Mais quand tu n'es pas appelé, ça ne sert à rien d'avoir des contacts.
Pour moi Arsenal, c'était plus une thérapie
Vous parlez aussi de vos six mois à Arsenal. Mentalement, vous avez vécu des moments très difficiles après votre départ précipité de Lens à la fin 2002. Finalement, Arsène Wenger ne vous choisit pas pour être le remplaçant de David Seaman lors de la victoire en finale de Cup 2003 à Wembley (Stuart Taylor était sur le banc contre Southampton). Quel regard portez-vous sur cette période ?
G.W. : Je n'étais pas en état. J'ai pris beaucoup de plaisir à revenir à l'entraînement mais j'ai eu comme un espèce de traumatisme après la fin de mon aventure à Lens. Il y a trois matches qui ont tout fait basculer fin 2002 : Marseille (0-1), le Bayern Munich (3-3) et Porto (0-3). Derrière, j'ai été sorti de l'équipe. Finalement, à Arsenal, c'était plus une thérapie. Quand Arsène me prend, il voit le Guillaume Warmuz des années glorieuses. Il ne savait pas ce que j'avais vécu. Je fais de très bons entraînements, mais quand je joue en match avec la réserve, je n'y arrive pas. C'est à ce moment-là que je me rends compte que j'ai un vrai problème. Cette période sert à me remettre sur pied. Mais Arsène voyait bien que c'était compliqué pour moi.
Est-ce que cette finale de FA Cup 2003 représente encore un regret ?
G.W. : Non. Le vrai regret est de ne pas avoir été dans mon état normal à cette période-là. Si j'avais été le Guillaume Warmuz de 1998 ou 2000, j'aurais peut-être fait dix ans à Arsenal (David Seaman quittait les Gunners à l'issue de la saison 2002-03). Pour moi, concernant ma position lors de la finale de la Cup, l'essentiel n'était pas là. Je retiens plutôt le moment où j'embrasse le trophée avec tous les Français (Thierry Henry, Patrick Vieira, Sylvain Wiltord et Robert Pirès) dans le Millennium de Cardiff.

Guillaume Warmuz - Ma vie sera ici

Ecrit avec Alexandre Taillez
Editions Talent Sport
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