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Ligue des champions - PSG-Real Sociedad - "Ça n’a jamais été tracé d’avance" : Aux origines de la comète Bradley Barcola

Arthur Merle

Mis à jour 14/02/2024 à 08:08 GMT+1

Bradley Barcola sera probablement titulaire aux côtés de Kylian Mbappé et Ousmane Dembélé pour affronter la Real Sociedad mercredi soir. Si son arrivée dans la capitale et le prix de son transfert avaient questionné, le voici titulaire indiscutable. A l’image de son histoire : celle d’un gamin jamais annoncé comme un "crack" mais toujours prêt. Portrait, grâce à ceux qui l’ont côtoyé.

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Ousmane Dembélé, Kylian Mbappé, Bradley Barcola. Il ne faut jamais jurer de rien avec Luis Enrique, mais voilà à quoi ressemblera très probablement le trio d’attaque du PSG pour affronter la Real Sociedad en huitièmes de finale aller de Ligue des champions, mercredi soir (21h). Le premier a été recruté pour ces moments, le deuxième est l’atout numéro 1 du club francilien. Le troisième, lui, partait de plus loin à son arrivée en toute fin de mercato estival. Mais en cinq mois et demi, l’ailier formé à Lyon a déjà fait son trou dans la capitale, s’imposant aux yeux de son coach espagnol comme à ceux d’un Parc des Princes qui en a déjà fait l’un de ses chouchous. Une adaptation à l'image de son explosion, fulgurante, à 21 ans. Randal Kolo Muani ou Gonçalo Ramos n’ont qu’à patienter sur le banc.
Vu sous cet angle, le récit semble presque banal. Des jeunes toujours plus précoces, toujours plus talentueux, s’imposent régulièrement dans les plus grands clubs européens après avoir sauté les étapes durant toute leur formation. Mais le parcours de Bradley Barcola n’a rien à voir avec tout cela. Parce que son destin n’a jamais été tout tracé. Parce que personne ne l’a jamais mis sur un piédestal, ni vendu comme le crack de demain. Parce qu'il a constamment dû faire plus que les autres.
L’histoire de Barcola est d'abord celle d’un gamin toujours dans les pattes de son frère Malcolm – gardien passé par l’OL – lors de ses entraînements à l’AS Buers Villeurbanne. Bradley imite son aîné de trois ans et s’impose, une fois n’est pas coutume, comme une évidence. Mehdi Ghazel, son entraîneur en U7 et U8, se souvient : "Il était vraiment au-dessus. Ce qui est impressionnant, c'est qu'il avait les mêmes facultés qu'à l'heure actuelle : très rapide, très bon dans des petits espaces, à éliminer en un contre un, à finir. Les gens voyaient un garçon tout petit dribbler tout le monde, aller super vite, c'est ce qui choquait un peu tout le monde".
Dès le début de sa saison en U8, la maman du jeune Bradley n'est plus seule à l'observer de près, elle qui filme tous ses matches. Le voilà qui tape dans l'œil des recruteurs lyonnais et, rapidement, son départ à l'OL en fin de saison est acté. Du classique, jusqu'ici, pour un joueur ayant percé dans l'élite.
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Visuel : Marko Popovic

Crédit: Eurosport

Le difficile cap de la formation : "Il n'était pas dans les tops joueurs"

A 8 ans, Barcola rejoint donc le grand Lyon. Le cadre n'est plus le même. Le niveau non plus, naturellement. L'attraction principale de Villeurbanne se retrouve noyée dans la masse, au point que son passage dans la catégorie au-dessus se fait parfois de justesse. "Ça n’a pas été un garçon qui était précoce", rembobine Jean-François Vulliez, qui l'a suivi durant toute sa pré-formation, puis en tant que directeur du centre de formation.
"Ça n’a jamais été un parcours facile, tracé d’avance. Il n’a jamais été surclassé. Il n’était pas dans les tops joueurs de sa catégorie. Il était très longiligne, avec peu de force, peu de puissance. C’était un bon joueur de football à l’Olympique Lyonnais", résume celui qui a vu débarquer les Amine Gouiri, Maxence Caqueret et autres Rayan Cherki.
Le Lyonnais de naissance n'est donc pas au-dessus du lot. Il ne fait pas partie de ces jeunes sélectionnés dans toutes les catégories en équipe de France et ne découvre les Bleus qu'en janvier 2020, à l'occasion d'un stage au CNF Clairefontaine avec la sélection U18 de Jean-Claude Giuntini. Barcola se démarque alors autrement. Par le travail, évidemment, pour celui qui a fait de Cristiano Ronaldo un modèle. Par un comportement irréprochable, aussi.
"C'est un gamin qui est tellement gentil, même dans la vraie vie, loue Mehdi Ghazel. Il a toujours dû bosser plus que les autres, il ne faisait pas de problèmes, il était attentif, il écoutait ce qu'on lui disait. Il était apprécié de tout le monde. Ça vient de l'éducation aussi, avec des parents toujours à l'heure, qui disaient tout le temps bonjour, qui ne se mêlaient pas du foot, qui venaient juste regarder leur enfant".
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"C'est une Real Sociedad malade qui arrive au Parc"

On voulait être patients avec lui
"Il avait une très bonne mentalité, nous confirme Jean-François Vulliez. C’est un garçon très discret, qu’on entendait très peu parler mais qui travaillait tout le temps. Qu’il soit titulaire, remplaçant, il continuait tout le temps à travailler". Une éthique qui a suivi Barcola quel que soit son âge, son statut, ou le contexte. A Paris, l'international Espoirs s'est aménagé une salle de sport à domicile pour travailler en complément de l'entraînement. "Il rentre, il bosse, il dort et il y retourne", nous confie-t-on dans son entourage.
"Je ne peux que louer l'attitude, le comportement de Bradley, souligne à son tour Sylvain Ripoll, qui l'a dirigé pendant douze matches sur la fin de son mandat en l'équipe de France Espoirs. Que ce soit dans le travail au quotidien, dans la générosité dans les efforts, c'est régulier, c'est fiable. Pour un entraîneur, c'est du pain béni. Il y a parfois une forme de suffisance qu'il faut corriger un petit peu chez certains jeunes joueurs. C'est vrai que Bradley donne l'impression d'être dans un autre registre, complètement".
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Bradley Barcola et Arnaud Kalimuendo célèbrent le 2e but des Bleuets contre l'Italie

Crédit: Getty Images

A force d'efforts et de persévérance, celui qui évoluait dans un rôle d'attaquant plus axial en pré-formation décroche un contrat stagiaire de deux ans à l'OL en janvier 2020. Il lui faut attendre jusqu'en septembre 2021 pour décrocher son premier contrat pro, soit deux ans après Rayan Cherki, qui est un an plus jeune. Deux mois plus tard, Peter Bosz le lance dans le grand bain en Ligue Europa. Barcola remplace... Cherki pour sa première apparition en pro. Dix minutes de jeu lui suffisent pour offrir une passe décisive à Karl Toko-Ekambi, contre le Sparta Prague.
Crochet extérieur fulgurant, centre déposé au second poteau : le frêle numéro 45 donne un premier aperçu de ses qualités au grand public. Barcola vient de le prouver au haut niveau, il n'est pas seulement un gentil garçon qui travaille dur. Ses qualités étaient bien là. Il manquait simplement ce que le football d'élite n'offre que rarement : du temps. "Il fallait prendre le temps, on voulait être patients avec lui, nous explique Vulliez. Parce qu’il avait une qualité de pied, mais surtout de bonnes bases cognitives avec des qualités de déplacements d’attaquant de haut niveau. Il était assez rapide, intelligent dans le jeu. Sur le côté physique, on savait que la maturité allait arriver, donc il fallait attendre, en fait".
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"Je n'imagine pas Paris ailleurs qu'au Parc des Princes"

Il y a un an, le tournant

Cette première entrée décisive ne suffit pourtant pas. Cette saison-là, il n'a droit qu'à une autre entrée en Ligue Europa et onze apparitions en Ligue 1. A l'été 2022, plusieurs clubs s'intéressent à son cas mais l'OL décide de le garder sous son aile. Quelques mois plus tard, Laurent Blanc remplace Peter Bosz, et son temps de jeu déjà très maigre fond complètement. Jusqu'au mercato d'hiver, où...Saint-Gall, 3e de D1 suisse, a la faveur du joueur pour un prêt, explique alors L'Equipe. C'était il y a seulement un an.
Mais une fois encore, le club rhodanien conserve son poulain et Barcola profite du prêt de Karl Toko-Ekambi à Rennes pour s'installer comme titulaire. Sa seconde partie de saison est brillante avec sept buts et dix passes décisives, Coupe de France comprise, et une entente fusionnelle avec Alexandre Lacazette, dont il écoute religieusement les conseils.
Donnez-lui des conseils, il les écoutera. Donnez-lui sa chance, il la saisira. Voilà le résumé. Et l'histoire se répète en mars 2023, date de ses débuts en Espoirs. "A Lyon, il a joué sur le tard et il a franchi les obstacles à une vitesse incroyable. Après, il est arrivé avec les Espoirs et il s'est imposé comme un titulaire indiscutable. En tout cas pour moi, dès l'instant où il est arrivé avec nous, c'était presque évident qu'il devait démarrer tellement il nous apportait", explique Sylvain Ripoll.
Le topo est quasiment le même au PSG. Son prix d'achat, 40 millions d'euros, a pu sembler disproportionné pour un joueur qui pesait 40 matches de Ligue 1 à son arrivée. Gonçalo Ramos et Randal Kolo Muani ayant été recrutés le même été, Barcola semblait lui s'inscrire dans un projet de moyen terme. Mais ni le Portugais, ni le Français n'a donné satisfaction. Kylian Mbappé, lui, a été replacé dans l'axe. Et le couloir gauche est devenu la chasse gardée de Barcola, qui interprète parfaitement le rôle d'un ailier version Luis Enrique. Et s'entend à merveille avec Mbappé.
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"Le fait que Barcola soit la meilleure recrue, ça raconte le naufrage du mercato du PSG"

Une fois que vous l'avez mis dans l'équipe...
"Un attaquant qui percute autant et qui en même temps remplit autant de tâches défensives et maintient l'équilibre de l'équipe, il n'y en a pas tant que ça, poursuit Ripoll. Il est capable de demander par-dessus sans ballon, d'aller percuter balle au pied, et en même temps, il vous garantit de l'équilibre parce qu'il travaille défensivement, qu'il a un coffre exceptionnel et qu'il est d'une générosité sans faille. Quand vous mettez tout ça dans la marmite, pour un joueur de cet âge-là, ça fait beaucoup de choses. Une fois que vous l'avez mis dans l'équipe, vous vous apercevez que vous avez du mal à faire sans". Et Luis Enrique ne dit pas le contraire.
Reste, désormais, à hausser le curseur en Ligue des champions, où on l'a parfois vu moins inspiré, et surtout moins décisif jusqu'ici. Ce 8e de finale sera une belle occasion de franchir ce palier, devant un Parc des Princes habitué à ce qu'il le fasse frissonner, et qui n'en attendra pas moins mercredi. Pas de quoi effrayer un Barcola dont les capacités de détachement et de résilience sont soulignées tant par ses proches que par l'OL.
Briller en C1, voilà donc la prochaine étape d'une progression qui, à ce rythme-là, pourrait rapidement lui ouvrir les portes des Bleus de Didier Deschamps. "Je pense vraiment qu'il va continuer à avancer, franchir les paliers, se projette Ripoll. Et s'arrêter je ne sais pas où". Certainement pas où on lui dira.
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Bradley Barcola, buteur avec le PSG à Lens en Ligue 1, le 14 janvier 2024

Crédit: Getty Images

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