Ligue des champions - Kolo Muani au PSG, l’erreur de casting difficile à oublier

Qu’il est savoureux de se replonger dans les archives. Il n’y a parfois pas besoin de remonter bien loin pour qu’un véritable gouffre sépare les certitudes du passé des vérités d’aujourd’hui. Lorsque Randal Kolo Muani s’engage avec le Paris Saint-Germain au bout d’un mercato estival 2023 record pour le club de la capitale – celui de l’arrivée au club de Luis Enrique – on se dit que ‘RKM’ est la cerise à 90 millions d’euros sur un gâteau bien gourmand.

Qu’il sera tantôt un complément, tantôt une doublure idéale à Kylian Mbappé pour un PSG qui a par ailleurs recruté Ousmane Dembélé, Bradley Barcola ou encore Gonçalo Ramos pour renforcer son secteur offensif alors que Neymar et Lionel Messi viennent de quitter le navire. Deux ans plus tard, l’attaquant français connaît déjà son deuxième prêt après n’avoir disputé que 54 matches (pour 11 buts) avec le PSG. Il est le principal échec de l’ère Luis Campos sur le marché.

Pour Paris, le bilan est terrible. La troisième recrue la plus chère de l’histoire du club ressemble pour le moment à sa plus grosse catastrophe industrielle, alors qu’il ne restera que deux ans de contrat à l’attaquant lorsque son escapade londonienne prendra fin l’été prochain. Sauf énorme retournement de situation, la balance achat-revente s’affichera en rouge vif lorsqu’il quittera définitivement le navire.

L'échec est clair et pour le moment, le PSG ne peut pas le laisser derrière. Parce que l'aventure n'est pas officiellement terminée. Et difficile à expliquer. "Je ne peux rien dire de mal sur Kolo Muani, c'est un joueur international, de très haut niveau. Son passage au PSG est dur à analyser", concédait ainsi Luis Enrique mardi.

Pour le joueur, le constat est triste : l’étape qui aurait dû le faire grandir a fini par le faire sérieusement stagner. Lorsqu’il rejoint Paris, Kolo Muani compte trois saisons au plus haut niveau comme bagage, et ne cesse de progresser. 10 buts avec Nantes en 2020-2021, 13 pour confirmer la saison suivante, 23 avec Francfort pour son premier exercice en Bundesliga et au passage, ses premières sélections avec l’équipe de France et un premier but… en demi-finale de la Coupe du monde 2022. Le décollage a mis du temps, mais il est fulgurant.

La fusée RKM va pourtant vite redescendre, victime des choix d’un Luis Enrique visiblement pas conquis par son profil, qui ira même jusqu’à le laisser hors du groupe parisien. Après un an et demi, il fallait donc mettre fin au supplice et Kolo Muani a un temps retrouvé des couleurs à la Juve. Cinq fois buteur sur ses trois premières apparitions avec les Bianconeri, le Français ne marquera ensuite plus pendant 11 matches, mais finira avec un bilan honnête de 8 buts en 16 rencontres de Serie A. Suffisant pour convaincre la Juve de lui faire confiance une saison de plus. Mais… encore raté.

Les balbutiements de la direction turinoise sur les conditions d’un nouveau prêt ont eu raison de la patience de Nasser Al-Khelaifi et Kolo Muani a dû se résoudre à un nouveau défi, dans un nouveau championnat, après une décision prise en quelques heures en toute fin de mercato. A Tottenham, il a jusqu’ici joué de malchance, victime d’une grosse béquille à l’entraînement puis d’une fracture à la mâchoire qui ont limité son bilan à une passe décisive en neuf apparitions.

Les blessures de James Maddison, Dejan Kulusevski ou Dominic Solanke et l’absence de Mathys Tel dans la liste pour la Ligue des champions auraient pu lui permettre de mieux lancer son aventure. Pour l’instant, il n’en est rien mais qui sait, peut-être que le destin fera bien les choses pour son retour au Parc des Princes, mercredi.

Malgré toutes ces embuches, la bascule vers un rebond ne semble pas à des années lumières pour le Bondynois. Thomas Frank a l’air décidé à lui offrir un temps de jeu conséquent. Didier Deschamps a fait comprendre qu’un Kolo Muani qui joue est un Kolo Muani sélectionné avec les Bleus. A 26 ans, le voilà dans le meilleur championnat du monde avec toutes les raisons de se projeter vers le Mondial 2026. Il y a pire, comme stagnation. Mais il y a bien mieux à aller chercher, assurément.