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Ligue des Nations - France - Portugal : Cristiano Ronaldo et le dilemme d'une Seleção à deux visages

Julien Pereira

Mis à jour 11/10/2020 à 10:00 GMT+2

LIGUE DES NATIONS - Il est évidemment le premier nom que Fernando Santos couche sur la feuille de match. À 35 ans, Cristiano Ronaldo est toujours l'incontestable leader du Portugal. Mais avec lui, le champion d'Europe peine à développer son jeu. Alors qu'en son absence, la Seleção y est parvenue à plusieurs reprises. Embarrassant paradoxe.

Cristiano Ronaldo lors du match amical opposant le Portugal à l'Espagne, le 7 octobre 2020

Crédit: Getty Images

Il était là, un peu isolé dans la tribune, appréciant tellement le spectacle qu'il en oubliait de porter son masque. Il y a un peu plus d'un mois, Cristiano Ronaldo assistait, de loin, au large succès du Portugal face à la Croatie (4-1). De près, il s'agissait de l'une des performances les plus abouties de la Seleção das Quinas sous le mandat de Fernando Santos. Ce constat, couplé au forfait de CR7, soulevait un débat qui n'était resté jusque-là qu'une idée trop abstraite : le champion d'Europe est-il meilleur sans son quintuple Ballon d'Or ?
Il y aurait ici un paradoxe que le sélectionneur avait tenté de balayer, dans la foulée. "Je pense qu'aucune équipe ne peut être meilleure quand le meilleur joueur n'est pas là" avait-il rétorqué à une journaliste suédoise lui exposant la problématique, juste avant une confrontation entre le Portugal et le pays scandinave.
A Solna, CR7 et sa bande s'imposaient aussi (0-2), grâce à un doublé - magnifique - de la superstar de Madère, et malgré un fond de jeu moins convaincant que trois jours auparavant. Face aux Blågult, les Portugais manquaient de nouveau de profondeur, de dynamisme, de permutations et de solutions offensives. Autant de maux dont ils n'avaient pas souffert en l'absence de leur leader.
Les soucis causés par les deux lignes défensives suédoises, beaucoup plus rigides que l'opposition d'une Croatie dépourvue de ses deux moteurs, Luka Modric et Ivan Rakitic, suffisaient-ils à justifier que la Seleção ait exposé deux visages ? Pourrait-il exister un lien de causalité entre la présence de Ronaldo et la suffisance du jeu portugais ?

De manière inconsciente...

Possible. Mais tout porte à croire que les vainqueurs de la première Ligue des Nations l'ont construit inconsciemment. Parce que la dimension et l'influence de CR7 sont incommensurables, même auprès de ses coéquipiers. En son absence, Bernardo Silva s'est autorisé plus de libertés dans l'animation, João Félix a pris des initiatives et Diogo Jota, dernier membre du trio d'attaque, a profité des nombreux mouvements des deux autres. Il n'y avait aucun calcul dans tout cela. Simplement des joueurs évoluant de manière plus naturelle.
"Avec ou sans Ronaldo, il n'y a pas de différence", avait assuré Santos, avant de nuancer : "Bien sûr, quand vous avez Ronaldo, vous travaillez dans un certain sens. C'est le cas pour le Portugal mais ce le serait aussi pour n'importe quelle autre équipe. Nous travaillons pour gagner et Ronaldo fait partie de cette stratégie." L'objectif est le même. Mais la manière change irrémédiablement.
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Par son statut, encore plus imposant en sélection qu'en club, Ronaldo aimante les ballons dans les trente derniers mètres, qu'il ait des joueurs fins techniquement (Bernardo Silva, Felix, Trincão) ou des finisseurs (André Silva) à ses côtés. Face à la Croatie, le danger était venu d'un peu partout : cinq joueurs différents se sont partagés les onze tirs cadrés. Contre la Suède, les Portugais ont trouvé la cible à huit reprises. Dont cinq par Cristiano Ronaldo.

Le résultat toujours plus important que la manière de l'obtenir

Finalement, toutes ces considérations renvoient à un autre débat, insoluble lui aussi, qui oppose l'importance du jeu à celui du résultat. Le Portugal possède l'un des plus grands buteurs ? Il en profite quand il est là. Mais il a appris à se débrouiller sans lui. Comme en finale du dernier Euro. Comme lors de la première édition de la Ligue des Nations.
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Au fond, le Portugal ressemble toujours au(x) joueur(s) qui l'incarne(nt) : sans CR7, la talentueuse génération lusitanienne, la plus prometteuse depuis la Geração Dourada de Figo et Rui Costa, s'émancipe. Avec le quintuple Ballon d'Or, le champion d'Europe se remet au service de Sa Majesté, machine à buts et à titres.
Mercredi, lors du derby ibérique, la Seleção a été dominée par l'Espagne mais à deux reprises, elle est passée près de punir la Roja... après deux exploits individuels de son Capitão. Un drôle de pragmatisme, qui demeure une excellente manière d'atteindre les objectifs. Didier Deschamps et l'équipe de France, que le Portugal affronte ce dimanche (20h45), ne diront certainement pas le contraire.
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