France - Israël | Adrien Rabiot, grande responsabilité, petit espoir

Son retour, à lui, semblait naturel. Bien qu'il n'ait pas franchement cassé la baraque, Adrien Rabiot a débuté son aventure marseillaise de manière correcte, et il ne fallait certainement pas attendre beaucoup plus d'un élément qui n'avait plus joué depuis près de trois mois, et d'un milieu arrivé dans un collectif encore en rodage. Le "Duc" a simplement retrouvé du rythme et cela suffit sans doute à ce que sa première sélection en équipe de France ,même s'il devrait démarrer sur le banc, depuis l'Euro 2024 soit un petit soulagement.

Sans lui, Didier Deschamps a tenté de concrétiser son opération "oxygénation", dans l'entrejeu, en faisant parfois du neuf avec du vieux, ou du neuf avec du neuf. Aurélien Tchouaméni, N'Golo Kanté, Eduardo Camavinga, Youssouf Fofana, Mattéo Guendouzi et Manu Koné, ont tous été titularisés au moins une fois lors des quatre premiers matches de la phase de groupes de Ligue des Nations.

Certains, comme le dernier cité lors de la double confrontation face à la Belgique, ou Camavinga face à Israël, ont marqué des points. Mais aucun n'a été véritablement convaincant. Pas même le très expérimenté N'Golo Kanté - lui aussi absent lors du dernier rassemblement - méconnaissable face à l'Italie, ni même Aurélien Tchouaméni, en difficulté (et exclu) lors du déplacement en Belgique.

Bref, l'entrejeu tricolore est à l'image de tout un groupe : il ne manque ni de quantité ni de potentiel mais se cherche un véritable patron. Ceux qui ont déjà le statut pour devenir cadres peinent à l'assumer, et les plus jeunes tardent à s'affirmer. Voilà pourquoi, sans doute, le sélectionneur des Bleus a estimé que le retour de Rabiot était une nécessité même si, de son propre aveu, "il n'est pas encore au top car il a eu une période d'inactivité assez importante."

"Il a un certain vécu, a insisté Deschamps. On prend un peu plus d'âge avec ces deux joueurs [Rabiot et Kanté, NDLR]. La jeunesse n'interdit rien mais avoir de l'expérience et un vécu... c'est bien d'avoir un bon amalgame entre les deux." Surtout lorsque rien, ou presque, ne s'est passé comme prévu : la nouvelle vague n'a pas emporté grand-chose et, entre la retraite internationale des uns (Olivier Giroud, Antoine Griezmann), les méformes des autres (Aurélien Tchouaméni, Théo Hernandez) et les dispensés (Kylian Mbappé), l'équipe de France se cherche un patron. Un vrai.

En cela, Adrien Rabiot incarne un petit espoir. À la Coupe du monde 2022, l'ancien milieu de la Juventus avait été l'un des patrons d'une équipe qui n'en manquait pas. À l'Euro, il avait souffert d'une préparation un peu tronquée mais tenu la baraque, au moins jusqu'à la demi-finale face à l'Espagne.

À 29 ans, l'homme aux 48 sélections fait partie des éléments qui offrent le plus de garanties pour assumer un rôle dont plus grand-monde ne semble vouloir, bien au-delà du simple aspect sportif. Lui sait mettre des mots sur les maux : il y a quelques mois, en plein cœur de l'Euro, il avait dit tout ce qu'il pensait du rendement de Mbappé et Griezmann. Alors que le climat autour des Bleus est assez pesant, alors que Didier Deschamps ne cesse d'ajouter du flou au flou, c'est peut-être d'un personnage comme Rabiot dont l'équipe de France a le plus besoin.