Pays-Bas - Frenkie De Jong, face aux démons d'une longue blessure

Quatorze mois après, il va enfin refouler une pelouse avec la tunique orange sur le dos. Pour la première fois depuis septembre 2023, Frenkie de Jong postule pour un match avec les Pays-Bas. La fin d'une longue absence. Et d'une longue frustration. "Je suis vraiment content d'être de retour. Lorsque vous êtes blessé, vous avez toujours des périodes difficiles, et cela a été un long processus. J'ai parfois eu du mal à m'en sortir", a reconnu récemment le milieu de terrain néerlandais. Et s'il rejoue avec le Barça depuis octobre, ce nouveau départ en sélection ressemble à la fin d'un joli calvaire.

Il a cependant failli être encore retardé. Dimanche contre la Real Sociedad, Frenkie de Jong a fini en larmes dans le vestiaire. La faute à deux coups reçus au tibia et à la cheville qui ont fait craindre le pire et réveillé de vieux démons pour l'ancien prodige de l'Ajax Amsterdam. Des vieux démons qui n'étaient cependant pas très durs à réveiller. Car depuis plusieurs mois maintenant, Frenkie de Jong reste préoccupé par cette histoire de cheville, qui lui a pourri l'année 2024. Et ses propos illustrent que les scories peuvent être longues à partir, notamment sur le plan psychologique.

Obligé de s'arrêter en avril dernier après sa troisième blessure de la saison à la cheville, l'international néerlandais (54 sélections) l'avoue d'ailleurs : il n'arrive toujours pas à ranger cette histoire derrière lui. "La cheville va bien. Ça s'améliore et ce n'est pas un problème de jouer. Mais ce n’est plus comme avant, même si ça s’améliore, a-t-il expliqué cette semaine au quotidien néerlandais The Telegraaf. Ce n'est pas que ça me dérange vraiment pendant les matches ou les entraînements. Mon esprit devient de plus en plus libre, mais j'y pense encore".

Les fantômes sont toujours là. Et alors qu'il explique "ne pas être encore à 100%" de ses capacités", ils risquent de durer car Frenkie de Jong est passé par des périodes compliquées comme il l'avoue sans se cacher. "Jouer au football est ce qu’il y a de plus amusant. Si on ne peut pas faire ça pendant si longtemps, c'est difficile. (…) Ça m'est arrivé de me demander : quand est-ce que cela va se terminer ? J’ai toujours cru que je pourrais rejouer au football, mais l’incertitude concernant la manière avec laquelle j'allais récupérer était très difficile à gérer. Je me demandais si j'allais redevenir tel que je suis".

Honnête sur ce qu'il traverse et ce qu'il a vécu ces derniers mois, Frenkie de Jong, qui s'est ressourcé auprès de sa famille et de son fils, raconte d'ailleurs avec humilité les épreuves qu'un sportif de haut niveau doit traverser quand il se retrouve à l'infirmerie pendant de longs mois comme lui. A l'écouter, l'été n'a notamment pas été évident à gérer. La raison ? Le Championnat d’Europe 2024. Alors qu'il a tenté un retour pour l'Euro avant de se résigner à un forfait, le milieu de 27 ans a traversé l'été dans la frustration. "C'était une période très difficile. Manquer un Championnat d'Europe est très compliqué car les phases finales sont des moments forts dans une carrière", explique-t-il.

En manque, De Jong s'est donc limité au strict minimum malgré son amour du football. "J'ai vu tous les matches de l'équipe nationale néerlandaise, mais rien du reste, raconte-t-il. C'est difficile. Ça vous manque de ne pas y être. Donc, vous ne voulez pas y être confronté à chaque fois. Je n'avais pas vraiment envie de regarder tous ces matches". Aujourd'hui, il va à nouveau pouvoir être acteur avec son pays. Et d'autres défis se présentent à lui.

Si Ronald Koeman a expliqué lundi son bonheur de compter à nouveau sur son chef d'orchestre ("Il est tellement important pour nous"), le Catalan sait que les Oranje ont évolué sans lui. Et que certains ont trouvé leur place, à l'image de Jerdy Schouten au milieu. "Il y a beaucoup de talent dans la sélection. Nous avons aussi de plus en plus de garçons qui jouent dans de grands clubs. C'est une bonne évolution. Et moi, je dois travailler (ndlr : pour regagner ma place), mais il faut toujours le faire, où que vous jouiez, quelle que soit l'équipe. Et avec l’équipe nationale néerlandaise, c'est normal". Une nouvelle étape du processus pour redevenir le joueur qu'il était. Et pour chasser ses vieux démons.