Ligue Europa Conférence : Pourquoi Lille a une bonne tête de vainqueur de la C4

Sylvain Armand connaît trop bien ces soirées piège de Coupe d'Europe. Coordinateur sportif du LOSC depuis trois ans maintenant, l'ancien défenseur du FC Nantes et du PSG ne pèche sûrement pas par fausse modestie lorsqu'il rappelle que sur la scène continentale, "il n'y a pas de tirage facile." Les Dogues pourraient pourtant s'estimer chanceux à la loterie. Ce jeudi soir, ils se déplacent sur la pelouse du Sturm Graz, pensionnaire de première division autrichienne. Un championnat treizième à l'indice UEFA, derrière la Suisse et la République tchèque.

Surtout, le dirigeant flaire une opportunité : celle de marquer d'une pierre blanche son passage dans le Nord en réalisant un parcours dans la plus accessible des coupes d'Europe, étape par étape : "On va mettre tous les ingrédients de notre côté pour passer ce tour et essayer d’entrer dans l’Histoire du LOSC en atteignant les quarts de finale." Hormis une coupe Intertoto remportée à l'intersaison 2004, jamais le club phare du nord de la France n'a ainsi figuré parmi les huit derniers prétendants à une compétition européenne. Malgré sept participations en Ligue des champions, malgré quatre titres de champion de France, malgré des phases de poules régulièrement réussies.

Sur la pelouse de l'ancien Schwarzenegger-Stadion, Lille aura ainsi l'occasion d'illuminer une saison 2023-2024 plutôt insipide jusqu'ici. Et elle pourrait même faire bien mieux que ça. Cette année, et peut-être un peu plus que lors des deux premières éditions, le tableau de la phase finale de la C4 semble particulièrement ouvert. D'autant plus que deux des favoris, l'Ajax Amsterdam et Aston Villa, sont déjà opposés lors de ces huitièmes de finale.

Derrière, les principales menaces seront certainement l'Union Saint-Gilloise, tombeurs de Francfort et en mode rouleau compresseur sur le championnat belge (20 points d'avance sur le troisième, le Club Brugge), ou encore la Fiorentina, finaliste l'année passée et capable de belles performances en Serie A. Sur leur route jusqu'à la finale en 2023, les Florentins avaient croisé les Turcs de Sivasspor, les Polonais du Lech Poznan, et les Suisses du FC Bâle. Un parcours abordable qui pourrait se reproduire cette année.

Lucas Chevalier ne s'y trompe pas. En conférence de presse avant la rencontre ce mercredi, le gardien n'a pas dissimulé son excitation : "On ne se met pas la pression en se disant qu’on peut faire quelque chose qui n’a jamais été fait. Mais en même temps c’est excitant de se dire qu’on peut écrire une page du club." Et avant d'aborder la rencontre, l'international espoir et ses coéquipiers pourront compter sur une belle dynamique.

Lors de leur victoire samedi face au Stade de Reims, les Lillois ont envoyé des signaux positifs sur le long terme. Pour l'emporter 1-0, le collectif lillois a su faire preuve du caractère nécessaire, révélateur de l'état d'esprit de l'équipe avant de disputer une double confrontation qui pourrait être historique. Après trois défaites sur les quatre derniers matchs, Paulo Fonseca et ses hommes ont réussi à trouver la solution face à une formation champenoise qui les avait plus que gênés au match aller. Lors de leur seule défaite à domicile en Ligue 1 jusqu'ici, les Dogues avaient été neutralisés par l'intensité et les projections rapides d'un Stade de Reims létal.

Un style de jeu que Lille risque de croiser sur sa route. A commencer par Graz, et Paulo Fonseca le sait bien : "Ce sera difficile jeudi, face à une équipe du Sturm Graz très forte, agressive, qui presse beaucoup. Les personnes qui pensent le contraire ont tort." Mais pour son match retour face à Will Still, le Portugais a trouvé la solution en passant en 4-3-3, au lieu de son immuable 4-2-3-1, pour débloquer un milieu cadenassé.

Des solutions, le staff du LOSC va également devoir en trouver au moment de coucher sa composition. Ounas, Cabella, Umtiti, Cavaleiro, Ilic, Morais et Morales garnissent les lits d'une infirmerie remplie, et Bentaleb est lui suspendu. Mais jeudi soir, la force du LOSC pourrait bien résider dans son collectif, plutôt que ses individualités, pour franchir une première étape et rêver plus grand. C'est même la marque des équipes rayonnantes en Europe. Et c'est peut-être ça, la réussite de Paulo Fonseca.