Ligue Europa - Marseille-Braga : L'OM (re)joue les hérissons

L'OM est-il revenu trois ans en arrière ? On serait tenté de le croire lorsqu'on analyse les deux dernières prestations des Olympiens. Vainqueurs à Lille (1-2) puis à Nantes (0-1), les joueurs de Michel affichent les mêmes caractéristiques que celles déployées sous les ordres... d'Elie Baup. L'ancien entraîneur de l'OM prônait, en son temps, un jeu très défensif. S'appuyant sur un bloc difficile à contourner, l'actuel consultant de beIN Sports avait réussi à propulser son équipe à la deuxième place du classement. Un exploit tant le jeu proposé à l'époque ennuyait l'ensemble des supporters et des observateurs.

L'ennui était aussi au rendez-vous dimanche dernier à Nantes. L'OM campait sur ses positions, monopolisant le ballon sans vouloir se découvrir. Et sur une de ses rares actions, l'équipe olympienne a réussi à marquer le seul but du match par Georges-Kevin Nkoudou. Cette stratégie, Michel l'assume. "La priorité, c'est la possession du ballon, explique l'entraîneur espagnol. Car, pour être offensive, une équipe doit pouvoir avoir le ballon et, surtout, posséder une bonne défense. En améliorant notre base arrière, nous avons plus de contrôle sur le match. On devient plus compact et plus solide." Sans le dire ouvertement, Michel souhaite que son équipe bétonne derrière pour ensuite placer quelques banderilles bien senties devant.

Le slogan "gagner à la marseillaise" de nouveau à la mode

Cette volonté de fermer à double tour l'accès au but de Steve Mandanda ravie le gardien international. "On s'est rassuré défensivement, souffle le portier de l'OM. Car même si on pris un but à Lille, on n'a pas concédé beaucoup d'occasions. Ce fut la même chose à Nantes. Sur ce point-là, on s'est amélioré. Dans le jeu, on a eu des matchs au cours desquels on a beaucoup mieux joué que lors de ces deux victoires à l'extérieur. Pourtant, cette façon de défendre nous permet aujourd'hui de gagner les matchs." Les deux succès, acquis sur la plus petite des marges, rappellent aussi la patte Baup. Le slogan "gagner à la marseillaise" avait été breveté par l'homme à la casquette, pas loin d'être le détenteur du record de matchs remportés 1-0 sur l'ensemble d'une saison.

Le système ultra-défensif mis en place par Baup à l'OM n'a pas duré éternellement. Après une année passée recroquevillée sur elle-même, l'équipe olympienne a fini par s'ouvrir la saison suivante. Mais son entraîneur n'a pas résisté au changement. Il a dû quitter le navire avant la trêve hivernale. S'il remet au goût du jour une stratégie déjà usitée par un de ses anciens collègues à l'OM, Michel sait que gagner sans la manière ne peut fonctionner sur la durée. Son but est d'ailleurs bien plus court-termiste. "L'énergie de la victoire est très importante pour nous", assure le coach olympien, suivi dans son raisonnement par son capitaine. "Deux succès d'affilée, ça fait du bien à la tête, concède Mandanda. La priorité, c'est de gagner. On doutait jusqu'ici. Et on ne tentait plus rien. Cette fois, on est plus libéré."

Face à Braga, l'OM ne va pas changer sa (nouvelle) façon de jouer. En mode hérisson, les Olympiens attendront patiemment les Portugais. Ils tenteront ensuite de les surprendre en plaçant des contre-attaques rapides menées par Michy Batshuayi, le meilleur buteur de la Ligue 1 avec huit réalisations. Un bon résultat permettrait aux hommes de Michel de se replacer dans le sillage de l'équipe portugaise, leader du groupe F de cette phase de poule de la Ligue Europa. Cette compétition, l'OM d'Elie Baup l'avait également disputée lors de la saison 2012-2013. Et Marseille n'avait pas franchi le premier tour. Les Olympiens avaient volontairement mis l'accent sur le championnat au détriment de la Coupe d'Europe où plusieurs jeunes joueurs de l'OM avaient pu bénéficier de temps de jeu.

En tournant le dos aux principes d'un jeu offensif, Michel s'est écarté de la ligne tracée par son prédécesseur Marcelo Bielsa. Au spectacle, il préfère actuellement les résultats. Une stratégie qui n'est que temporaire aux yeux de Steve Mandanda. "Sur les deux dernières rencontres, on s'est plus focalisé sur l'état d'esprit que sur la manière, avoue le gardien de l'OM. Avec la confiance, la qualité de jeu va naturellement revenir et s'améliorer".

Mis de côté, le beau jeu fera donc son retour une fois l'OM (ré)installé aux avant-postes. Car Michel a bien été dépeint comme un entraîneur poussant son équipe à aller de l'avant. Lors de sa présentation, Vincent Labrune appuyait ainsi sur le bouton du plaisir du jeu pour justifier l'arrivée de l'ancien milieu de terrain du Real Madrid aux manettes. Aujourd'hui, le président de l'OM a dû aussi mettre un mouchoir sur son ambition de voir une équipe virevoltante égayer le stade Vélodrome comme face à Troyes (6-0) ou Bastia (4-1). L'heure n'est plus aux arabesques mais bien à la quête de points et de confiance...