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Ligue Europa - Séville - AS Rome : José Mourinho, l'éternel "Special"

Guillaume Maillard-Pacini

Mis à jour 31/05/2023 à 17:08 GMT+2

José Mourinho en rêve encore. Vingt ans après avoir soulevé sa première coupe d'Europe avec le FC Porto, le Special One peut remporter avec l'AS Rome son sixième trophée continental en autant de finales, mercredi contre Séville en Ligue Europa. Avant, peut-être, de faire ses valises et quitter la ville éternelle, où il reste pourtant toujours aussi aimé et adulé par les tifosi.

"Il n'y avait que Mourinho pour ramener la Roma en finale de C3"

C'est une véritable montagne que vont devoir escalader la Roma et José Mourinho, mercredi, à Budapest. Tout en haut, la gloire, avec un deuxième trophée européen en deux saisons, après avoir remporté la Ligue Europa Conférence la saison passée. Mais pour gravir le sommet de la Ligue Europa, il va falloir franchir le dernier obstacle, probablement le plus difficile : le Séville FC. Un club six fois vainqueur de la C3 depuis 2006, un record. Mais aussi battre des statistiques sans appel, comme celle qui rappelle que lors des 17 dernières finales disputées entre un club espagnol et un club non espagnol, c'est toujours le premier qui l'a emporté. Dans la précision : 4 victoires pour le Real Madrid, 4 pour le Barça, 2 pour l'Atlético Madrid, 1 pour Valence pour Villarreal... et 5 pour Séville. Mais la Louve, elle, a un entraîneur qui s'appelle José Mourinho. Et ça, ça change tout.
Le Portugais est lui aussi un spécialiste européen avec un cinq sur cinq en finale : aux deux gagnées avec Porto se sont ajoutées la C1 remportée avec l'Inter Milan en 2010, la C3 avec Manchester United en 2017 et la toute nouvelle Ligue Europa Conférence (C4) raflée à l'issue de sa première saison romaine, il y un an. Avec, à chaque fois, le même score à la mi-temps : 1-0. Le "Mou" connaît la recette et la méthode. Mercredi, il peut rejoindre mercredi des sommités comme Sir Alex Ferguson ou Giovanni Trapattoni, également sacrés six fois en coupes d'Europe, derrière Carlo Ancelotti et ses neuf trophées (dont quatre Ligues des champions).

Plus que jouer, Mourinho fait déjouer

A Rome, le Portugais reste intouchable depuis son arrivée. Encore plus après avoir offert à la Roma un premier titre depuis 14 ans l'an passé. Son équipe n'a pas vraiment un jeu flamboyant ? Qu'importe pour la majorité des tifosi, qui remplissent à chaque rencontre le Stadio Olimpico (29 guichets fermés de suite) et se reconnaissent en une équipe de gladiateurs, capable de surmonter toutes les difficultés et museler chacun de ses adversaires. Salzbourg, Real Sociedad, Feyenoord, Leverkusen : tous ont buté face au mur romain, non sans une certaine frustration. "Ils ont défendu très bas, dès le début de la rencontre. On a essayé de tirer de loin (...) En seconde période, on était prêts, mais c'est frustrant de ne pas contrôler", déplorait Xabi Alonso après la demi-finale retour (1-0, 0-0) face aux Giallorossi. Plus que jouer, la Roma de Mourinho fait déjouer. Ce n'est peut-être pas beau à voir, certes, mais cette méthode marche encore en Europe. Et c'est tout ce qui compte pour le Portugais.
"Ma motivation continue de grandir, ce n'est pas un problème", assurait-il la semaine dernière devant la presse, affirmant être devenu "un meilleur entraîneur et une meilleure personne" au fil des ans et des clubs (huit en vingt ans). "Un joueur est rattrapé par son corps, mais un entraîneur s'améliore toujours avec le temps, avec l'accumulation de l'expérience'", estime "Mou", qui a passé en début d'année le cap des 60 ans. Adulé par ses supporters, admiré par ses joueurs, le voilà toutefois dos au mur avant cette finale.
Avec une série en cours de sept matches sans victoire en championnat, le Portugais a tout misé sur cette échéance pour décrocher une qualification pour la prochaine édition de la Ligue des champions, n'hésitant pas à faire tourner son équipe, très amoindrie ces dernières semaines. Un trop grand risque ? Peut-être, mais le pari est assumé. Et, pour l'instant, réussi. Malgré une stratégie de la tension permanente, ses joueurs font tout autant bloc derrière lui, à l'image de Tammy Abraham : "Il dit les choses en face aux joueurs, en privé comme devant le groupe. Il connaît les joueurs et sait comment se comporter avec eux", l'encense l'attaquant anglais qui, dans le sillage de son entraîneur, rêve d'un second titre continental en deux ans.

Quel avenir pour le "Mou" ?

Une fois cette finale de C3 passée, viendra probablement le temps de parler d'avenir. En effet, il n'est d'ailleurs pas sûr que Mourinho s'éternise sur les bords du Tibre, à l'issue d'un exercice malgré tout chaotique, avec des résultats en dents de scie, des polémiques arbitrales (il sera encore suspendu pour l'ultime journée de championnat) et des tensions internes portant comme souvent avec lui sur la qualité de l'effectif et les moyens disponibles pour recruter. "Notre directeur sportif Tiago Pinto a déclaré que nous visions la C1 cette saison ? C'est son problème. Nous sommes bons amis mais nous pouvons avoir des opinions différentes. Nous pouvons écrire l'histoire et vouloir continuer à le faire, mais se qualifier pour la Ligue des champions en dépensant 7 millions d'euros sur le marché des transferts, c'est plus que de l'histoire, plus qu'un miracle. C'est Jésus Christ qui vient à Rome et se promène dans le Vatican", avait-il lâché la semaine passée. Du "Mou" dans le texte.
Jose Mourinho
"La situation est en stand-by, indique Augusto Ciardi, journaliste romain de la radio locale Teleradiostereo et l'un des premiers à avoir annoncé son arrivée en 2021. Il a fait comprendre à ses proches, il y a quelques mois déjà, qu'il a besoin de programmer la saison prochaine en rencontrant le président et savoir quelle stratégie adopter pour optimiser le club et l'effectif. Il est également conscient que le fair-play financier aura un gros impact sur les deux prochains mercatos, celui de cet été et de l'hiver 2024. Par exemple, la Roma ne pourra encaisser pleinement ses revenus en cas de qualification à la prochaine C1. Mourinho a fait plusieurs appels publics pour rencontrer le président. Ce rendez-vous n'a toujours pas eu lieu, comme si la famille Friedkin donnait pour certain le fait qu'il reste à Rome."
Fin connaisseur du dossier, le journaliste assure que le "Mou", parfois annoncé au PSG, n'a reçu "aucune offre" d'un autre club "digne de son standing". "Il a reçu une grosse proposition de l'Arabie Saoudite, oui, confirme le journaliste. Deux ans, 60 millions d'euros de salaire par saison, soit un total de 120 millions. Il aurait pu choisir entre un club et la sélection saoudienne. Puis il a reçu également une offre d'un club anglais, mais pas à la hauteur de ses ambitions. Lui est très heureux à Rome, sa famille aussi. Ici, il a probablement trouvé un amour qu'il n'avait jamais reçu, même avec Porto et l'Inter. Mais pour l'instant, il ne possède aucune offre à étudier." Reste à savoir jusqu'à quand. "Ce qui est certain, c'est que vous m'aurez pour encore plusieurs années", a-t-il promis au site de l'UEFA, mardi.
(Avec AFP)
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