Ajax Amsterdam - Marseille - Pas de pilote dans l'avion et des matches à jouer : Marseille, en urgence absolue

Un club sans entraîneur, sans directeur sportif et sans président. Marseille a repoussé les frontières de l'irréel cette semaine et tout cela pourrait porter à sourire si une partie de l'avenir européen des Marseillais ne se jouait pas jeudi sur la pelouse de l'Ajax Amsterdam. Aujourd'hui à l'OM, malgré la prise de parole du propriétaire Frank McCourt, il n'y a plus de pilote dans l'avion et un crash à éviter. En quinze jours, Marseille affrontera l'Ajax donc puis Paris, Monaco et Brighton. Soit les équipes qui lui contesteront les places que le club phocéen convoite en France et en Europe. Ce genre de crise ne tombe jamais au bon moment mais force est de constater que celle-ci arrive sans doute au pire. D'autant qu'il n'y avait, d'un point de vue strictement sportif, pas urgence.

L'OM est troisième de L1, un classement qui lui conviendrait tout à fait au soir de la 38e journée, et démarre simplement sa campagne de Ligue Europa. "C'est un peu particulier parce que si on regarde le classement, on est encore là, il n'y a pas de drame, a justement rappelé Pierre-Emerick Aubameyang en conférence de presse mercredi. Je peux comprendre parce qu'on n'a pas démontré l'étendu de notre talent sur les derniers matches. Mais ça ne fait pas si longtemps qu'on est ensemble." Après avoir tenté d'assimiler les principes de jeu très stricts de Marcelino, voilà qu'il faut donc tout remettre à plat dans une sorte d'accélération du mouvement qui ne donne jamais rien de bon.

L'urgence du moment colle mal avec le début de saison correct d'un point de vue comptable de l'OM et la situation actuelle pourrait déstabiliser des joueurs qui n'ont rien vu venir, si l'on en croit Aubameyang et Abardonado. Pour le dire autrement, Marseille s'est tendu un piège tout seul ce jeudi à Amsterdam. L'effectif a été pensé et désiré par Pablo Longoria. S'il devait s'en aller, comment éviter les questionnements de joueurs qui ont pourtant entre leurs pieds l'avenir du club ? Si Aubameyang a répété qu'il fallait être focus sur le match, comment leur en vouloir de penser à autre chose quand tout a été fait depuis lundi pour que la crise de gouvernance rejaillisse sur le terrain ?

Bombardé pompier de service, le pauvre Jacques Abardonado vit son rêve, entraîner l'OM, dans des conditions assez peu enviables. "Pancho" a appris sa nomination mardi soir "très tard", selon ses propres termes. "Je suis à disposition du club, on fait appel à moi et j'essaie de répondre présent", a juré celui qui a occupé toutes les fonctions d'entraîneur à Marseille sauf la plus exposée de toutes. Dans le staff de Jorge Sampaoli puis de Marcelino, dont il assurait la traduction, est-il taillé pour le poste ? Personne ne le sait mais personne n'a eu le temps de se poser la question.

L'OM a paré au plus pressé et aujourd'hui, ceux qui sont censés rechercher un nouveau coach ont pris du retrait. Marseille n'a donc pas le choix. Abardonado promet qu'il a "des idées". Cela tombe bien car être une figure iconique du club ne suffit pas sinon Julien Sablé serait encore coach de Saint-Etienne mais les rênes lui ont été confiées à la hâte et sans préparation et l'ancien capitaine des Verts s'est noyé (5 défaites, 2 nuls). Dans son malheur, Marseille peut se rassurer en constatant que l'Ajax aussi traverse une crise d'identité, boostée, elle-aussi, par des résultats moyens (2 victoires, 2 nuls, 2 défaites).

Empêtré dans une histoire de conflits d'intérêts, son directeur du football, Sven Mislinat, est en conflit ouvert avec le coach Maurice Steijn. L'Ajax a beaucoup recruté cet été et tourné le dos à son ADN de formation. Au coup d'envoi, elle aura malgré tout meilleure mine que son visiteur du soir.