Ligue Europa - Comment le 3-4-3 a rebattu les cartes à Lyon

Paulo Fonseca se devait de changer quelque chose. Après un mois et cinq matches sans victoire entre fin octobre et fin novembre, sorte de retour sur terre après un début de saison beaucoup plus emballant que prévu, l’entraîneur de l’OL a décidé, il y a deux semaines face au Maccabi Tel Aviv, de changer de système. Exit le 4-2-3-1 ou 4-3-3, place au 3-4-3.

Un choix tactique qui a d’abord porté ses fruits, avec un festival contre un Maccabi très faible (6-0) puis une victoire tranquille contre Nantes trois jours plus tard (3-0). Ce ne fut pas aussi convaincant, loin s’en faut, à Lorient dimanche dernier (0-1), lors d’un match joué plus d’une mi-temps à 10 contre 11. Collectivement, il est donc difficile de tirer pour le moment un vrai bilan. Individuellement, en revanche, les conclusions sont assez limpides.

Ils faisaient partie des bonnes surprises du mercato rhodanien à moindre coup. Mais Adam Karabec comme Alfonso Moreira se sont toujours assis sur le banc des remplaçants depuis le changement de système. La patte gauche du Tchèque a conquis son monde lorsque l’OL tournait à plein régime, tout comme sa capacité à se sortir du pressing adverse. Les percussions d’abord brutes du Portugais, mais ensuite assorties d’une vraie efficacité, lui ont permis d’acquérir un statut de titulaire pendant un mois.

Son profil, trop offensif pour évoluer comme piston mais pas forcément adapté à un poste de soutien axial du numéro 9, explique en partie ce déclassement, tout comme certaines limites qui apparaissent encore logiquement dans son jeu. On imagine en revanche assez bien l’apport de Karabec entre les lignes, mais le Tchèque n’a eu droit qu’à 6 minutes de jeu sur les deux derniers matches de Ligue 1 alors qu’il avait marqué en sortie de banc contre le Maccabi.

Comme Ainsley Maitland-Niles, qui s’est lui attiré les foudres de son entraîneur après son exclusion bête à Lorient, Abner Vinicius est fait pour occuper un rôle de piston dans ce système. Nicolas Tagliafico, habituel titulaire au poste de latéral gauche, est utilisé comme troisième défenseur central par Fonseca, et c’est donc le Brésilien qui a le champ libre dans le couloir, pour faire parler des qualités offensives bien plus évidentes que sa capacité à défendre. Comme en début de saison où son concurrent argentin reprenait en douceur, il enchaîne les titularisations, mais avec plus de succès. Buteur et passeur contre le Maccabi, de nouveau buteur contre Nantes, l’ancien du Betis affiche globalement plus de personnalité et de confiance.

En utilisant cinq défenseurs dans son onze de départ, Fonseca tire toutefois sur la corde dans ce secteur, privé de Ruben Kluivert et qui vient de retrouver Clinton Mata, ce qui a amené Tanner Tessmann à dépanner en charnière… avant de se blesser. Il n’y a plus de doublure d’expérience à gauche et il faudrait, à droite, que Hans Hateboer et Maitland-Niles arrêtent de se faire expulser.

Mathys De Carvalho, 20 ans, aucune apparition avec les pros avant cette saison mais déjà utilisé à 13 reprises cette année, n’était pas prédestiné à être utilisé autant. Et le constat est d’autant plus vrai depuis le passage en 3-4-3, où il a toujours démarré dans le double pivot du milieu de terrain. L’international U20 portugais semble encore tendre pour le plus haut niveau, mais Fonseca ne dispose pas d’options illimitées sur le banc.

Manquerait-il, aussi, d’un peu d’ambition ? Utilisé en soutien de l’attaquant et très utile aux abords des surfaces adverses, Corentin Tolisso pourrait aussi descendre d’un cran aux côtés de Tyler Morton et laisser place, en soutien d’un Martin Satriano lui aussi à l’aise dans ce nouveau système, à l’un des joueurs offensifs évoqués plus haut. Une question d’équilibre, sans doute. Mais si c’est De Carvalho qui a été sacrifié à la pause pour s’adapter tactiquement à l’exclusion de Maitland-Niles à Lorient, ce n’est pas un hasard.