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Lopetegui doit redonner une identité et une ambition à l'Espagne pour la remettre au sommet

François David

Mis à jour 31/08/2016 à 23:27 GMT+2

MATCHES AMICAUX - Admirée puis montrée du doigt ces deux dernières années, l'Espagne est à un tournant. Elle n'est plus la nation qui dominait la planète football. Julen Lopetegui, nouveau sélectionneur, a du travail devant lui. Pour le moment, l'ex coach de Porto tente une transition en douceur. Mais le temps presse déjà. Analyse.

Lopetegui

Crédit: AFP

L´ambition

Ce mercredi à 11h, l'avion qui part de Madrid direction Bruxelles sera chargé d'espoirs, mais aussi de doutes. Dans quel état est aujourd'hui la sélection espagnole, meilleure formation du monde entre 2008 et 2012, mais qui reste sur deux échecs cuisants lors des deux dernières compétitions internationales? C'est la question que se pose tout le monde : supporters, analystes, mais aussi et surtout, les joueurs et leur nouveau staff technique. Depuis lundi, Julen Lopetegui s'est activé à connaître son groupe et à panser les plaies. L'Espagne n'est plus l'ogre qui écrasait tout sur son passage. La Roja doit retrouver, selon son nouveau sélectionneur, "la compétitivité", mot d'ordre toujours bien appliqué par les clubs ibériques inscrits en coupes d´Europe.
L'Espagne traverse actuellement sa pire phase depuis dix ans. C'est une réalité. La première étape du rachat se trouve en Belgique, où l'attend une sélection revancharde également, et entraînée par un autre globe trotter du football espagnole, Roberto Martinez, ex-coach d'Everton. Une équipe invaincue chez elle depuis près de trois ans. Puis vendra le match face au Liechtenstein, premier rival pour les qualifications au Mondial 2018. Un adversaire parfait pour prendre confiance. Puis viendra l'Italie. En Italie. Un test grandeur nature pour cette Roja "new look".

Le style

Ça a été la marque de Luis Aragones, puis de Del Bosque jusqu´en 2012. La possession de balle, la compétitivité, le mouvement, l'appel. Tant de préceptes qui ont été plus ignorés par la suite, avec le résultat que l´on connait. En 2014, Del Bosque avait incorporé Costa pour plus de densité et de puissance. Un échec. En 2016, le désormais ex-sélectionneur avait remis les clés du camion à Iniesta. Tant que le capitaine du Barça avait des jambes, cela avait fonctionné. Quand "Don Andrès" n´a plus eu de gaz, à partir du troisième match du premier tour face à la Croatie, c´est tout le jeu de la Roja qui a toussé.
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Iniesta, en un momento del partido ante la República Checa

Crédit: AFP

Lopetegui est aujourd'hui clair : ne pas renier les principes qui ont fait de l´Espagne la nation dominante de la planète football. "Mais il faut aussi apporter de nouvelles armes, de nouvelles possibilités", précise-t-il aussitôt. Comme un Luis Enrique au Barça, Lopetegui tente de diversifier le jeu espagnol. Pas simple. On ne peut "tuer" un style comme ça. La pression populaire ne le pardonnerait pas. A noter toutefois, l´absence de Cesc Fabregas, intouchable depuis 2006, mais complètement perdu depuis un an...
L´idée de l´ancien coach de Porto est donc la suivante. A priori, conserver le 4-3-3 qui a fait la force du football espagnol, avec, en réserve, des hommes capables d´apporter autre chose à un moment précis. Pour schématiser, la base est formée de joueurs du Barça, du Real Madrid et de Manchester City. Et les joueurs de l'Atletico Madrid, ou ex de l'Atletico Madrid (Costa par exemple), peuvent sortir du banc à tout moment. L´Espagne jouera-t-elle en contre attaque? A certains moments, oui. C´est du moins ce que souhaite Lopetegui. Dans ce cas là, Koke et Diego Costa seront lancés. Pour le moment - et pour ne pas choquer l'opinion - priorité au "toque".
Face à la Belgique, le premier onze de l´ère Lopetegui devrait ressembler à cela, selon les premières indications :
11 Espagne contre la Belgique
Alléchant, mais sans garanties aucune. L'Espagne a enfin admis que la dernière génération, celle des Puyol, Xavi, David Villa, Xabi Alonso, Torres, est partie et qu´il faudra du temps pour en retrouver une telle autre. Le temps passe pour tout le monde. "Et ce ne serait pas juste de comparer les joueurs actuels avec cette génération, l´une des plus fortes de l'histoire du football, conclut le nouveau sélectionneur. Les nouveaux joueurs doivent maintenant écrire leur propre destinée".

Le groupe

Comme il fallait s'y attendre après les déroutes du Mondial 2014 et de l´Euro 2016, l'équipe nationale a été renouvelée dans ses grandes largeurs, même si la base est restée la même.
Dans les buts, l'absence d'Iker Casillas a été évidemment la plus commentée. A 35 ans, le meilleur gardien de l´histoire du football espagnol n'a pas été convoqué par Lopetegui. Casillas est toujours titulaire à Porto où il enchaine les prestations irrégulières. Lopetegui et "San Iker" se connaissent bien et se respectent. Le nouvel homme fort de la Roja a été gardien dans les années 90 et connait bien les spécificités du poste. C'est lui qui avait demandé l´arrivée de l´ex capitaine du Real Madrid l´an dernier, alors qu'il dirigeait le FC Porto. Lopetegui et Casillas se sont d´ailleurs vus ces derniers jours pour sceller un pacte. Si Casillas est bon à Porto, il pourra revenir en sélection. De son côté, Casillas ne doit pas faire de vagues et travailler sans perturber le travail de la Roja.
Lopetegui a toutefois été clair : le nouveau titulaire s'appelle David De Gea. Le longiligne gardien de Manchester United doit désormais se préparer sereinement, sans avoir l'ombre de Casillas derrière lui. "Un gardien doit avoir la tranquilité nécessaire, explique Lopetegui. C´est un poste particulier. David (De Gea) est le numéro 1 désormais. Mais la porte reste ouverte à Iker".
Derrière De Gea, Lopetegui a fait appel à Pepe Reina, grand ambianceur et leader de vestiaire (donc indispensable actuellement) et Adrian San Miguel, le gardien de West Ham, récompensé pour ses dernières saisons en Angleterre. Sergio Rico, le gardien de Séville, est dans l´antichambre.
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Casillas De Gea

Crédit: Eurosport

La défense, elle, n'a pas subi trop de mouvements.... jusqu'à présent. Que des habitués. Carvajal, Ramos, Piqué, Alba, Bartra, Azpilicueta, Sergi Roberto et Javi Martinez connaissent la sélection. Juanfran, San José (blessé) et Bellerin, présents à l'Euro, ne sont plus là. Mais Lopetegui a un nom dans sa manche, évidemment connu de part et d'autre des Pyrénées: Aymeric Laporte. Le Français attend d'avoir ses papiers en règle pour pouvoir être sélectionnable par l'Espagne, le pays qui l´a révélé au plus haut niveau. Il a refusé d´intégrer les Espoirs de Pierre Mankowski et le courant passe mal avec Deschamps qui lui préfère d´autres hommes (Varane, Koscielny, Umtiti, Zouma, voire Rami).
La France ne semble pas avoir besoin de Laporte contrairement à l´Espagne, qui cherche des remplaçants fiables au duo Piqué-Ramos. Le joueur de l'Athlétic Bilbao, qui a son caractère, n´aura aucun scrupule à jouer pour le pays voisin, bien qu´il ait déclaré vouloir rejoindre les Bleus. "Mais tant que Laporte n'est pas sélectionnable, je ne parle pas du sujet", a déclaré Lopetegui, prudent sur le coup. Lucas et Theo Hernandez, les deux Français de l'Atletico de Madrid (Theo a été prêté à Alavès), sont dans le même cas. Lopetegui sait que ces deux joueurs donnent leur priorité au drapeau français. Mais s'il y a une possibilité, il se penchera dessus.

L'entrejeu primordial, Costa de retour dans les bonnes grâces

L'entrejeu lui, réunit aujourd´hui les joueurs les plus techniques qui soit. C´est le sceau des équipes espagnoles. Dominer l'entrejeu en volant le ballon, ce qu'avait réussi à faire la sélection Espoirs, précisément entraînée par Lopetegui il y a quelques années. Busquets, Saúl et Thiago Alcantara devraient donc avoir un rôle prépondérant. Juan Mata revient d´exil. Et Marco Asensio, la nouvelle coqueluche du Real Madrid, vient pour apprendre et apporter sa polyvalence sur quelques minutes. Barré par James Rodriguez et précisément Asensio, Isco n´a pas été convoqué cette fois.
En attaque, Diego Costa revient. Le symbole de l'échec des dernières années de Del Bosque veut prouver qu'il a le niveau international. Et s´il ne part pas comme titulaire, le joueur de Chelsea semble visiblement heureux qu'on ne l´ait pas oublié. En Espagne comme ailleurs, Costa a ses fans et ses détracteurs. Attaquant de rupture, au style de jeu si spécifique et si éloigné des canons traditionnels de la Roja, l'ex attaquant de l´Atletico ne semble pas moins assagi. Il a dejà claironné que si son caractère "explosif" dérangeait, il pouvait partir sans aucun problème.
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Diego Costa face à Phil Jones lors d'Espagne-Angleterre

Crédit: AFP

Lopetegui, lui, compte sur l'orgueil du Brésilien naturalisé. "Enlever le caractère de Costa, c´est comme enlever l´os sur le jambon. C´est moins bon", a t-il déclaré... Morata, irrésistible avec le Real, jeune, compétitif à l'extrême (il marque souvent lors des grands rendez vous), reste cependant le leader incontestable. Lucas Vazquez, petit dribbleur habitué au rôle de joker de luxe au Real, a été préféré à Pedro. Une autre page est en train de se tourner elle aussi.
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