Everton-Manchester United : Comment Martinez a fait oublier Moyes à Everton

Ce n'était pas vraiment le scénario attendu. Dimanche à Goodison Park, Everton sera bel et bien devant Manchester United au classement au moment du coup d'envoi du duel entre les deux équipes. Et il le restera quel que soit le résultat, puisque c'est un gouffre de neuf points qui sépare actuellement les Toffees, quatrièmes, des Red Devils, septièmes. Le départ de David Moyes l'été dernier, après un travail de onze années qui avait largement contribué à faire des Blues une équipe de première moitié de tableau outre-Manche, pouvait plutôt laisser imaginer une année délicate pour Everton. Son successeur, Roberto Martinez, est en train d'en faire une saison de rêve.

Oui, c'est Liverpool qui est en tête, mais les fans d'Everton ont quand même des raisons de se délecter à la lecture du classement. A quatre journées de la fin, les Toffees sont cinquièmes à seulement un point d'Arsenal et de la quatrième place, qualificative pour le tour préliminaire de la Ligue des champions. Avec 66 points, Roberto Martinez a déjà atteint un total que David Moyes n'avait jamais obtenu en onze années passées sur le banc d'Everton, même si l'Ecossais avait lui aussi qualifié le club de la Mersey pour un tour préliminaire de C1 en 2005. Les Toffees ont signé quelques coups d'éclat, notamment une victoire à Old Trafford face au MU de… David Moyes en décembre (0-1), et une série de sept victoires consécutives interrompues mercredi par Crystal Palace (2-3). Repartir de l'avant face à leur ancien coach aurait une douce saveur pour les fans des Blues.

Manchester United n'avait pourtant pas facilité la tâche d'Everton en lui prenant Marouane Fellaini, son maître à jouer, dans les tous derniers instants du mercato l'été dernier. Mais cela a permis aux Toffees de renflouer leurs caisses avec un chèque d'un montant avoisinant les 35 millions d'euros. Et, en plus de ne pas tout dépenser, Everton a fait des investissements intelligents en obtenant les prêts de Romelu Lukaku (Chelsea), Gareth Barry (Manchester City) et Gerard Deulofeu (FC Barcelone), et la signature de James McCarthy, en provenance de Wigan, contre un peu plus de 15 millions d'euros. Quatre joueurs qui ont eu un impact quasiment immédiat à Everton, même si Deulofeu doit davantage se cantonner à un rôle de joker. Alors que celui de Fellaini se fait toujours attendre du côté d'Old Trafford.

Roberto Martinez s'était déjà distingué en faisant de Wigan une équipe qui jouait au ballon. Il est arrivé à Everton avec la volonté de faire adhérer les Toffees à la même philosophie de jeu, différente de celle de David Moyes. Sous la direction de l'Espagnol, les Blues ont une possession de balle légèrement plus importante que sous celle de l'Ecossais l'an dernier (56,2% contre 52,9%) et, surtout, jouent beaucoup plus court que la saison passée (427 passes courtes de moyenne par match, contre 369). Everton n'a pas abandonné le jeu long pour autant. Comme l'an dernier, elle est la troisième équipe à s'appuyer le plus sur ce type de transmissions (67 balles longues par match, 64 l'an passé). Les Toffees ont donc su diversifier leur jeu, pour une plus grande efficacité. Avec 55 buts inscrits, ils ont d'ores et déjà égalé leur total de la saison dernière.

Le futur ne s'écrit pas sans quelques incertitudes pour Everton. Finir à la cinquième ou à la quatrième place changera beaucoup de choses, notamment pour gérer les cas des joueurs arrivés sous forme de prêt comme Lukaku, Barry ou Deulofeu. Mais Martinez a su insuffler de la jeunesse à un effectif expérimenté pour préparer l'avenir. L'éclosion de Ross Barkley depuis le début de la saison en est le plus parfait exemple. Le meneur des Toffees a pris une telle dimension qu'il devrait logiquement être dans la sélection aux Trois Lions au prochain Mondial. Cette réussite, Martinez pourrait aussi la connaître avec John Stones, jeune défenseur de 19 ans particulièrement impressionnant en l'absence de Phil Jagielka. Avec  l'Irlandais James McCarthy, Barkley et Stones incarnent l'avenir d'une équipe d'Everton qui s'est décidément bien remise du départ de Moyes.