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Mercato - 68 millions d'euros pour Sterling : pourquoi les joueurs anglais sont-ils surpayés ?

Martin Mosnier

Mis à jour 15/07/2015 à 08:40 GMT+2

MERCATO - Manchester City aurait aligné 68 millions d'euros à Liverpool pour Raheem Sterling. Une offre déraisonnable qui ne correspond pas aux prix du marché. Mais Sterling est anglais et ça change tout.

Raheem Sterling, le dernier joyau de la couronne

Crédit: AFP

L'Angleterre est un royaume de traditions ancestrales. L'une d'entre elles ne date que de la fin des années 1990, elle n'en demeure pas moins aussi tenace que le tea time. En Premier League, le prix d’un joueur anglais est surévalué. C'est ainsi depuis le tournant des années 2000 et ce n'est pas prêt de changer. Gustavo Poyet, manager de Sunderland, résume la situation : "Je connais des joueurs anglais qui n'ont jamais rien fait mais qui coûtent des millions."
"C'est très important d'avoir des joueurs anglais", résumait Manuel Pellegrini, le coach de City, dans les colonnes du Guardian en mars. "Mais pour donner de la plus-value à mon effectif, on parle de joueurs anglais qu'on ne peut pas avoir." Les finances des Citizens se portent pourtant plutôt bien. Le board des Skyblues n'a pas écouté son entraîneur et a investi une somme record pour Sterling, le dernier joyau de la Couronne. Selon les médias anglais, celle-ci s'élève à 68 millions d'euros. Un transfert qui ferait de l'attaquant des Reds le 8e joueur le plus cher de l'histoire juste derrière Zidane et devant Kaka, deux Ballons d'Or.

Shearer, le pionnier

Pourtant, en trois saisons, Sterling n'a jamais dépassé les 10 buts et il ne compte que 14 sélections. Pourquoi un tel investissement sur un joueur certes jeune (20 ans) mais qui ne vaut certainement pas une telle fortune à ce stade de sa carrière ? Parce que Sterling est un spécimen rare : un attaquant anglais plein de promesses. Sa nationalité suffit à faire grimper son prix à des hauteurs que seules atteignent les plus grandes stars. Oui, il existe un marché parallèle pour les joueurs de sa Majesté et ça ne date pas d'aujourd'hui.
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Alan Shearer, Newcastle United, England, World Cup 2014

Crédit: Eurosport

Durant l'été 1996, Alan Shearer est le premier à faire sauter la banque. Pour l'arracher à Blackburn, Newcastle dépense 21 millions d'euros et en fait le joueur le plus cher du monde. Dès lors, si la Premier League va ouvrir ses portes à toutes les nationalités, les Anglais vont longtemps rester la marchandise la plus onéreuse. A l'été 2000, Rio Ferdinand, qui débarque à Leeds, établit un nouveau record avec 26 millions d'euros. Deux ans plus tard, le défenseur central multiplie quasiment sa valeur par deux an rejoignant Manchester United (46 millions d'euros). Son record tiendra jusqu'en 2010 et l'arrivée de Fernando Torres à Chelsea pour 58,5 millions d'euros.
Ferdinand et Shearer ne sont que la face visible de l'iceberg. Parmi les 100 transferts les plus chers de l'histoire de la Premier League, au milieu des Di Maria, Mata, Hazard, Essien, Yaya Touré et autres Stam, on retrouve des Anglais qui n'ont ni le palmarès, ni l'aura, ni le niveau de ceux qu'ils côtoient dans ce classement. Andy Carroll, acheté 41 millions d'euros par Liverpool, est le 11e joueur le plus cher de l'histoire du championnat anglais. Luke Shaw en est le troisième défenseur le plus onéreux (37,5 millions d'euros). Une surévaluation qui a fait de David Bentley un joueur plus cher que Luka Modric ou qui a fait dépenser plus d'argent à Chelsea pour Shaun Wright-Philipps (31,5 millions d'euros) que pour Hernan Crespo (24 millions d'euros).

Les Anglais les plus chers de l'histoire en Premier League

Les Anglais les plus chers de l'histoire
Ces transactions extravagantes ne sortent pas de nulle part et si les clubs anglais dépensent des sommes extravagantes pour engager leurs compatriotes, cela s'explique facilement :

1. Les clubs anglais ont beaucoup d'argent

La fausse valorisation des joueurs anglais s'explique d'abord et avant tout par les sommes qui circulent en Premier League. Les Anglais n'aiment pas exporter leur talent et leurs mouvements concernent la plupart du temps deux clubs de Premier League, qui sont des équipes aux reins plutôt solides et ce ne sont pas les nouveaux droits TV qui vont faire descendre les enchères. En gros : les clubs anglais ont tous beaucoup d’argent, ils le savent et, par conséquent, tout le monde peut débourser beaucoup. C’est aussi simple que ça. Voilà pourquoi Phil Jones coûte 19 millions d'euros à MU quand il quitte Blackburn ou Lallana, alors à Southampton, 31 millions d'euros à Liverpool. 
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Adam Lallana (Liverpool)

Crédit: Getty Images

2. Le bon joueur anglais est rare donc cher

Le marché des bons joueurs anglais est très restreint. La demande est largement supérieure à l'offre. Sans compter que les meilleurs joueurs anglais du XXIe siècle (Terry, Lampard, Gerrard, Rooney, Scholes etc.) ont rarement changé de crémerie une fois installés dans une grosse écurie.

3. Le joueur anglais indispensable à l'identité d'un club

Pourquoi dépenser des sommes folles sur des joueurs anglais plutôt que sur d'autres nationalités beaucoup plus rentables ? "Parce que les clubs anglais sont en recherche d'identité forte et que seuls les joueurs anglais peuvent leur apporter", témoigne Damien Comolli, ancien directeur sportif de Liverpool qui avait recruté Andy Carroll contre 41 millions d'euros. Les joueurs les plus emblématiques de MU au XXIe siècle sont en grande partie britanniques (Beckham, Scholes, Ferdinand, Rooney, Giggs). Depuis l'arrivée de Roman Abramovich, Chelsea a ouvert son effectif à toutes les nationalités mais personne n'a mieux incarné le club que John Terry ou Franck Lampard.
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2010-11 Premier League Liverpool's Steven Gerrard passes Chelsea's John Terry and Frank Lampard

Crédit: AFP

4. Un quota à respecter en Coupes d'Europe

Voilà une raison beaucoup plus pragmatique. Les clubs anglais, comme tous ceux qui participent à la Ligue des champions et à la Ligue Europa, sont dans l'obligation d'inscrire huit joueurs formés dans leur pays parmi les 25 qui figurent sur la liste fournie à l'UEFA en début de saison. "Un club comme City est en grosse difficulté parce qu'il ne forme pas de joueurs anglais capables d'intégrer son équipe première", continue Comolli. D'où la nécessité d'acheter Sterling… même à 68 millions d'euros.
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