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Cinq ans pour bâtir une consécration : comment Liverpool est redevenu champion

Michael Hincks

Mis à jour 26/06/2020 à 17:14 GMT+2

"Si on revient s'asseoir ici dans quatre ans, je pense qu'on aura remporté le titre". Jürgen Klopp a été en retard d'une année, mais il sera pardonné. Sa nomination a été l'une des nombreuses décisions judicieuses qui ont conduit Liverpool au titre de champion d'Angleterre. Michael Hincks, journaliste pour eurosport.co.uk, les a passées en revue.

Liverpool are Premier League champions, and it was a title five years in the making, 30 years in waiting

Crédit: Getty Images

A Liverpool, la patience est une vertu. L'arrêt de la Premier League n'a fait qu'ajouter trois mois supplémentaires à une attente de trente ans pour retrouver enfin la saveur d'un titre de champion d'Angleterre. Les fans des Reds n'avaient certainement pas prévu un sacre dans de telles circonstances. Mais cette consécration ne reflète pas seulement les performances de leur équipe sur le terrain cette saison. Plutôt les choix judicieux qui ont été faits en dehors. Remporté en 2020 après trois décennies de disette, ce titre met surtout en exergue l'aboutissement du travail effectué depuis cinq ans.

2015 : la série noire qui a tout changé

Il y a bientôt cinq ans, Thierry Henry touchait la jambe d'un Jamie Carragher blême sur le plateau de Sky Sports. Les deux hommes venaient d'apprendre en direct le limogeage de Brendan Rodgers après un nul face à Everton en octobre 2015. Un résultat qui laissait Liverpool à la 10e place du classement, après une petite victoire en neuf matches.
Quatre jours plus tard, Jürgen Klopp était nommé en tant que nouvel entraîneur de Liverpool, avec un contrat de trois ans à la clé. Dans sa première conférence de presse, il avait insisté sur le temps dont il avait besoin pour replacer les Reds parmi les candidats au titre. "Cela pourrait rester un jour vraiment spécial, avait-il alors lancé. Nous démarrons ensemble dans un championnat très difficile mais nous pouvons connaître le succès à la manière si spéciale de Liverpool. Vingt-cinq ans d'attente, c'est très long. Durant cette période, tout le monde a essayé de s'améliorer pour aller chercher le prochain titre. Mais notre seule base, c'est notre histoire."
Le titre, c'est tout ce qui intéresse les gens mais on ne prend pas l'histoire dans un sac à dos pour la porter pendant 25 ans. Nous pouvons l'attendre mais je ne veux pas dire que nous pouvons attendre 20 ans. Si on s'assoit ensemble ici dans quatre ans, je pense que nous aurons gagné un titre d'ici-là. J'en suis convaincu. Sinon, mon prochain titre pourrait être en Suisse…
Puis il a ajouté : "Quand j'ai quitté Dortmund, ma dernière phrase était pour dire que l'important n'était pas ce que les gens pensaient quand vous arrivez, le plus important c'est ce qu'ils pensent quand vous partez. S'il vous plait, laissez-nous le temps de travailler là-dessus."

Le bon recrutement… même hors du terrain

Liverpool ne s'est pas transformé en candidat au titre en un jour. Mais avec le parcours jusqu'aux finales de la Coupe de la Ligue anglaise et de la Ligue Europa en 2015-16, il était clair que Klopp avait placé Liverpool sur la bonne voie. En considérant qu'il avait perdu ses deux finales, il était inévitable que les questions autour du passif de Klopp sur ce type de match allaient surgir. Et Liverpool a entrepris de transformer cette équipe de sceptiques en équipe de croyants. De les faire passer de finalistes à vainqueurs. Cela passait par une amélioration du recrutement. Et la signature la plus significative dans ce domaine a été la nomination de Michael Edwards en tant que premier directeur sportif de l'histoire du club, en novembre 2016.
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urgen Klopp Signs A Contract Extension and chats with Sporting Director Michael Edwards and Mike Gordon FSG President and Liverpool F.C owner at Melwood Training Ground on December 13, 2019

Crédit: Getty Images

Après les transferts d'Andy Carroll pour 35 millions de livres (38,8 millions d'euros) et de Stewart Downing pour 20 millions de livres (22,2 millions d'euros) dans les premières années de l'ère Fenway Sportds Group, Edwards a permis au propriétaire des Reds d'être bien plus malin sur le marché des transferts. Edwards était au club depuis 2011, mais son changement de rôle en 2016 lui a permis d'avoir totalement la main sur les recrutements de Mohamed Salah pour 37,8 millions de livres (41,9 millions d'euros) et d'Andy Robertson pour seulement 8 millions de livres (8,9 millions d'euros) à l'été 2017. Puis sur la vente de Philippe Coutinho à Barcelone pour 142 millions de livres (157 millions d'euros) quelques mois plus tard.
Le départ de Coutinho en janvier 2018 a coïncidé avec l'arrivée de Virgil van Dijk à Liverpool pour 75 millions de livres (83,2 millions d'euros), une somme record pour un défenseur à l'époque. Le prix déboursé a été accueilli avec beaucoup de dérision, mais c'était une déclaration d'intention de Liverpool et une indication de leur volonté de tout faire pour atteindre leurs cibles prioritaires, plutôt que de se rabattre sur des seconds couteaux. Car leurs premières offres avaient été refusées par Southampton.

Alisson, l'arrêt qui a laissé Anfield sous la lumière

L'impact de van Dijk a été immédiat à Liverpool. Avec Robertson et l'émergence de Trent Alexander-Arnold, cela a changé le destin de la défense de Liverpool. Mais pas assez pour porter les Reds vers la gloire européenne en 2018, quand les boulettes de Loris Karius ont considérablement fait le jeu du Real Madrid dans la quête d'une troisième Ligue des champions consécutive. Les erreurs de Karius ont convaincu Liverpool de recruter Alisson Becker. La signature du gardien brésilien pour 67 millions de livres (74,3 millions d'euros) à l'été 2018 a fait écho à celle de van Dijk. C'était aussi une somme record pour un gardien, même s'il a été battu un mois plus tard quand Chelsea s'est attaché les services de Kepa Arrizabalaga.
Les fans des Reds avaient exhorté Liverpool à recruter un gardien de classe mondiale et les résultats ont suivi de manière éclatante quand ils ont pris Alisson. Il a prouvé qu'il était la pièce manquante au puzzle. Après neuf "clean-sheets" sur ses seize premiers matches de Premier League en 2018-19, Alisson a fait en Ligue des champions un arrêt dont Liverpool ressent encore l'impact positif aujourd'hui.
Alors que Liverpool menait 1-0 face à Naples dans le dernier match de la phase de poules, Alisson a signé une parade incroyable devant Arkadiusz Milik, à bout portant, dans les dernières minutes du match. Si Naples avait égalisé, Liverpool aurait terminé à la troisième place et reversé en Ligue Europa. Mais cet arrêt a justifié à lui-seul la somme dépensée sur Alisson, car elle a pavé la route que Liverpool a suivi pour être champion d'Europe.
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La parade d'Alisson devant Milik

Crédit: Getty Images

Bien sûr, il y a CETTE nuit et CE corner contre Barcelone à Anfield dont il faut se souvenir, tandis que les fans de Liverpool seront toujours redevables à Ousmane Dembélé d'avoir manqué cette balle de 4-0 à l'aller en demi-finale. Mais cet inoubliable come-back ne serait jamais arrivé si Alisson n'avait pas fermé la porte au Napoli. Gagner la Ligue des champions, c'était la confirmation que Liverpool pouvait rivaliser les toutes meilleures équipes. Ils ont détaché cette étiquette de "presque humains" après avoir cruellement terminé un point derrière Manchester City dans la course au titre en 2018-19.

Le moment-clé de 2019-20… est-ce qu'il y en a vraiment un ?

Il a souvent été dit que le titre de 2018-19 en Premier League s'était joué à 11 millimètres près. Quand, en janvier 2019, John Stones avait sauvé un ballon sur sa ligne à 0-0 avant que son équipe de Manchester City finisse par battre Liverpool 2-1. City n'avait perdu qu'un seul match après avoir vaincu Liverpool, terminant avec 98 points contre 97 pour les Reds. Cette saison a été une tout autre histoire, Liverpool écrasant la compétition pendant que City trébuchait à maintes reprises, au point d'être davantage concerné par la course à la deuxième place.
On pourrait pointer plusieurs résultats, et dire que c'est à tel ou tel moment que le titre a été gagné ou perdu. La série de sept victoires consécutives à l'entame de la saison a clairement servi Liverpool, comme la victoire face à City (3-1) à Anfield en novembre. Avec un résultat différent, la lutte aurait pu être plus serrée. Mais City avait déjà perdu face à Norwich et Wolverhampton avant sa défaite face à Liverpool. Et Manchester United avait vaincu une deuxième fois son voisin cette saison juste avant l'interruption de trois mois. Ce n'est pas du tout la défense de titre à laquelle on s'attendait de la part de la formation de Josep Guardiola.
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Pep Guardiola

Crédit: Getty Images

Et si on peut dire tout le bien des décisions prises par Liverpool pour tracer le chemin de sa gloire, il faut aussi pointer du doigt l'incapacité de City à contester ce titre. Sacré ces deux dernières saisons avec un total de 198 points sur cette période, City a clairement levé le pied et n'a pas réalisé à quelle vitesse Liverpool fonçait vers le titre. C'est souvent plus facile d'être le chasseur que le chassé et beaucoup vont s'attendre à ce que City soit un challenger bien plus fort la saison prochaine.
Guardiola a déjà les yeux rivés sur cette Ligue des champions en accélérée en août. Peut-être que City passera l'obstacle du Real Madrid sur la route de son premier titre européen, et nous écrirons alors que l'ascension fulgurante de Liverpool a été la meilleure chose qui soit arrivée à ce club…Mais en attendant, c'est le moment pour Liverpool de célébrer. Et pour City de retourner à sa planche à dessins.
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Jurgen Klopp & Pep Guardiola

Crédit: Getty Images

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