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Football - Premier League : Mauricio Pochettino, objet de tous les désirs

Philippe Auclair

Mis à jour 03/05/2020 à 14:45 GMT+2

PREMIER LEAGUE - Quasiment un an jour pour jour après le miracle d'Amsterdam, Mauricio Pochettino - remercié par Tottenham en novembre dernier - suscite de nombreuses convoitises. Outre certains cadors du Vieux Continent, Newcastle aimerait également s'attacher les services du technicien argentin. Une hypothèse étonnante nécessitant d'être prise avec de sacrées pincettes.

Mauricio Pochettino (Tottenham)

Crédit: Getty Images

Vendredi prochain, cela fera exactement un an que Tottenham a accompli le plus grand exploit de son histoire en Coupe d'Europe, par la grâce d'un but marqué par Lucas Moura au bout du bout d'un match insensé à Amsterdam. Un an que Mauricio Pochettino, incapable de contenir son émotion, s'effondrait en sanglots sur la pelouse de la Johann Cruyff Arena, prosterné devant un dieu du football dont il soupçonnait l'existence, mais qui avait attendu ce moment précis pour le bénir d'un miracle.
Ces souvenirs d'un autre monde continuent de l'habiter, à en juger par l'interview qu'il accorda à la chaîne BT Sports il y a quelques jours. Les yeux ne sont plus embués de larmes, mais le sourire qui éclairait son visage lorsqu'il évoqua la fameuse nuit était celui d'un homme qui ne se réveillera jamais tout à fait de son rêve, qui le sait, et en fait son bonheur. Homme de cœur avant tout, il se laissa un peu aller devant l'écran de son ordinateur. Peut-être bien qu'un verre ou deux du vin de Mendoza dont il est friand l'avaient encouragé à le faire. Qu'importe. Le sentiment était sincère. Oui, il souhaiterait tant reprendre l'aventure qui s'était achevée en novembre dernier, revenir chez "ses" Spurs et leur donner enfin le grand titre qui continue de se refuser à eux.
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Tottenham manager Mauricio Pochettino celebrates during the UEFA Champions League Semi Final second leg match between Ajax and Tottenham Hotspur at the Johan Cruyff Arena on May 8, 2019 in Amsterdam, Netherlands.

Crédit: Getty Images

Pochettino, chômeur le mieux payé de la planète foot

Mais avant cela, si tant est que cela ne se produise jamais, Mauricio Pochettino sera passé par d'autres cases que celle sur laquelle il souhaite s'arrêter un jour. Ce ne sont pas les lanceurs de dés qui manqueront à l'appel. Le chômeur le mieux payé de la planète football - laquelle, décidément, orbite dans une galaxie bien lointaine de la nôtre - demeure une cible de choix. "Je suis motivé pour le prochain projet", dit-il. Les stades et centres d'entraînement peuvent demeurer déserts et silencieux pour la plupart, cela n'empêche pas la roue de tourner ailleurs. Au contraire.
C'est qu'à la différence des bruits de transferts qui continuent d'alimenter l'usine à rumeurs, dans laquelle on n'a jamais autant ensaché d'absurdités qu'aujourd'hui, dans un marché sinistré où l'on ne songe qu'à sauver ce qui peut l'être, un Mauricio Pochettino continue de susciter bien des convoitises. Acheter un joueur 50 millions d’euros est désormais hors de portée de tous, hormis pour une poignée de Crésus du ballon - et encore : ceux-là se demandent d'abord comment ils vont faire pour honorer les contrats existants si les diffuseurs et les sponsors ne font redémarrer la planche à billets.
Un entraîneur, même grassement payé comme Pochettino, qui continue à l'être par Tottenham (8,5 millions d’euros annuels) tant qu'il n'aura pas trouvé de nouvel employeur, coûte moins que cela, et représenterait un investissement beaucoup plus sûr. Qui plus est, si l'on en croit le quotidien londonien The Evening Standard, plutôt fiable d'ordinaire en ce qui concerne Tottenham, ce futur employeur n'aurait pas à payer le moindre penny de compensation aux Spurs si Pochettino était embauché plus de six mois après qu'il s'était séparé de ceux-ci. Six mois, autant dire à partir du 19 mai. Dans le contexte actuel, ce n'est pas un simple détail.

Manchester United et le Real ne l'ont pas oublié

Comme les presses britannique et espagnole l'ont rappelé ces derniers temps, Manchester United n'a pas complètement oublié l'Argentin, et le Real Madrid non plus. Mais le hiatus forcé actuel aura attiédi leurs envies de changement, c'est sûr, tandis que le Bayern et le PSG semblent avoir opté pour de bon pour la continuité. Lorsque le football reprendra, même si ce sera sans doute dans bien plus longtemps que certains ne l'espèrent (et d'autres ne le craignent), ceux qui auront su garder leur équilibre auront une longueur d’avance sur les autres. Cela n'a pas empêché qu'on ébauche toutes sortes d'hypothèses sur l'avenir du manager. Et voilà qu'un nouvel acteur est monté sur la scène : Newcastle.
Les lecteurs de cette chronique connaissent mes réserves sur les "informations" relatives à la vente du club de la Tyneside, qu'on présente comme des faits accomplis depuis des semaines, des mois, dans les médias anglais : un accord serait en place entre Mike Ashley, le propriétaire des Magpies, et un consortium d'investisseurs contrôlé à 80% par le fond souverain de l'Arabie Saoudite. Mais l'affaire continue de traîner en longueur, dans l'attente d'une ratification de l'accord de vente par la Premier League, dont il est vrai qu'elle a des sujets de préoccupations plus urgents en ce moment, dont un projet de reprise qui ne convainc personne.
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Newcastle owner Mike Ashley

Crédit: Getty Images

Chez les Magpies avec des moyens illimités ?

De plus, celle-ci a récemment reçu un courrier glaçant du réseau qatari beIN Sports - son diffuseur officiel dans tout le monde arabe -, lequel lui rappellait que le régime saoudien était complice du piratage de ses images, et que ce serait tout de même un comble si la PL déployait le tapis rouge pour un propriétaire qui avait - au mieux - fermé les yeux sur le vol de ses propres matches. Qui plus est, la PL elle-même s'était fendue de deux communiqués cinglants sur la question (ici et ). Cette objection n'est donc pas de celles que l’on peut écarter du revers de la main.
Mais le narratif de la reprise a changé dans les médias, et le nom qui y est désormais le plus souvent associé à Newcastle n'est plus celui de Mike Ashley, d'Amanda Staveley ou du prince héritier Mohammed Bin Salman, mais bien celui de Mauricio Pochettino. Le Sun, jamais à l'abri d'une outrance de plus, s'est pris à imaginer à quoi ressemblerait son Newcastle, avec Harry Kane en pointe. Le Daily Mail lui promet un salaire de - tenez-vous bien – 19 millions d’euros annuels. Supérieur, donc à celui de Jürgen Klopp et de Pep Guardiola, sans parler d'un budget de recrutement quasiment illimité, coronavirus ou pas coronavirus.

Toujours convoité, toujours regretté

Un peu partout, son nom arrive en tête de la Dream List supposée des futurs dirigeants de Newcastle, devant, dans le désordre, Massimiliano Allegri, Lucien Favre et (mais oui !) Rafa Benitez. Comme s'il s'agissait de choisir un plat dans un menu composé d'un potage, d'un poisson, d'un fromage et d'un dessert pour ces "futurs dirigeants", qui doivent avoir sacrément faim. Mais faim de quoi, exactement ?
Pochettino n'a dit mot dans ce tumulte qu'il n'avait pas demandé, mais qui a été soigneusement entretenu par ces fameuses "sources" proches de l'opération. Tiens, tout d'un coup, voilà qu'on parle moins de la lettre des Qataris. Voilà qu'on ne parle plus des critiques très vives des plus grandes organisations de défense des droits de l'homme. Voilà qu'on ne s'étonne plus que, début mai, le fameux rachat annoncé dès janvier n'ait toujours pas été concrétisé.
Mais si un entraîneur pouvait à ce point faire changer le débat de terrain, c'était bien Mauricio Pochettino. Un an après le miracle, six mois après la chute, il est toujours là, toujours convoité, toujours regretté.
Parce que de tout ce qui nous manque du football, ce dont on se languit le plus, peut-être, ce sont des sanglots d'Amsterdam.
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Mauricio Pochettino (Tottenham)

Crédit: Getty Images

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