"L'un des meilleurs de Premier League" : Bruno Guimarães, un espoir devenu taulier à Newcastle

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Nous sommes le 7 octobre 2021. Newcastle vient de changer de dimension. En passant sous pavillon saoudien, le club, contrôlé désormais par l'immense Fonds public d'investissement d'Arabie Saoudite, dont la fortune culmine autour des 400 milliards d'euros, devient ainsi le plus riche du monde. Tout juste un mois plus tard, Eddie Howe prend la place de Steve Bruce sur le banc des Magpies qui végètent dans les bas-fonds du classement, à la 19e place de Premier League.

En janvier 2022, alors que des dizaines de noms sont associés à ce nouveau ultra riche durant la période de mercato, Newcastle jette son dévolu sur un milieu brésilien de 23 ans, qui évolue depuis deux ans à l'Olympique Lyonnais. Bruno Guimarães rejoint la Premier League contre un chèque de 50 millions d'euros, ce qui en fait la plus grosse recrue de l'histoire du club, et surtout la première des nouveaux propriétaires saoudiens. Durant ce mercato hivernal, le club signera également Chris Wood ou encore Kieran Trippier.

16 mois plus tard, parmi toutes ces recrues, c'est bien Bruno Guimarães qui est devenu le taulier au sein d'une équipe, actuellement 3e de Premier League derrière l'incroyable duo City-Arsenal, en passe de retrouver la coupe d'Europe, une première depuis 10 ans et même depuis deux décennies en ce qui concerne la Ligue des champions. Cette saison, le milieu brésilien, titulaire indiscutable dans l'entrejeu, est même devenu l'un des milieux de terrain les plus réguliers du royaume.

"Bruno est le prototype du milieu de terrain moderne. C'est un athlète et il est capable de bien défendre et d'apporter ses qualités offensives" décrit Jorge Natan, journaliste brésilien pour Globo suiveur de la Premier League. "Bruno a des qualités qui font de lui un joueur capable de changer le cours d'un match quand il est dans un bon jour. S'il montre encore parfois de l'irrégularité dans ses performances, il est déjà l'un des meilleurs milieux de terrain de Premier League".

Sa technique et sa vision du jeu, travaillé depuis son plus jeune âge et durant ses nombreuses années de pratique du futsal au Brésil en font aujourd'hui un joueur à part. "Au Brésil, le futsal est quasiment un passage obligatoire, surtout dans les grandes villes" raconte Jorge Natan. "Les joueurs qui passent par cette formation ont l'avantage de savoir jouer dans des petits espaces, malgré un gros pressing. C'est le cas de Bruno." "C'est vrai qu'il est très technique, il adore le ballon, il aime l'avoir. A ce niveau-là il a été très bien formé au Brésil. Et même physiquement, s'il n'est pas impressionnant, il ne s'échappe jamais" estime Raphael De Angeli, journaliste brésilien qui a suivi l'arrivée du joueur en Europe.

Pour comprendre l'adaptation parfaite de l'ancien milieu de terrain de l'OL à la Premier League, il convient de revenir quelques années en arrière. Lorsque Bruno G. pose ses valises en Europe, il a 21 ans et seulement trois saisons au plus haut niveau dans les jambes. Si lors de son arrivée à Lyon, Juninho, directeur sportif de l'OL, voit en lui un joueur capable "de devenir l'un des meilleurs milieux de terrain du monde", peu de personnes connaissent réellement le jeune brésilien. "Bruno évoluait dans une équipe, l'Athletico Paranaense, qui n'était pas l'une des formations les plus suivies au Brésil comme le sont Flamengo, Corinthians ou encore Palmeiras" explique Raphael De Angeli.

Malgré cette faible exposition, avant même de faire ses valises pour l'Europe, le milieu de terrain qui sera élu meilleur joueur du tournoi pré-olympique en 2020 avec la Seleçao, fait déjà parler de lui. "De par son talent et sa personnalité, Bruno avait réussi à faire du bruit même en jouant dans un club plus faible" complète le journaliste. Résultat, l'Atlético Madrid veut le faire venir pour découvrir le vieux continent. Après des négociations, c'est finalement à l'Olympique Lyonnais que l'enfant de Sao Cristovao, un quartier populaire du nord de Rio de Janeiro, fera, en janvier 2020, ses premiers pas en Europe.

A 21 ans, le jeune milieu de terrain s'impose rapidement dans l'équipe alors entraînée par Rudi Garcia et découvre une autre culture, un autre championnat, avec une facilité déconcertante. "Bruno a beaucoup de personnalité quand il est sur le terrain" détaille Nadja Mauad, journaliste pour Globo à Curitiba, ville de l'Etat du Paraná dans le sud du Brésil qui abrite l'Athletico Paranaense. "Depuis son plus jeune âge, il ne semble pas ressentir la pression. Il jouait déjà comme un joueur expérimenté lorsqu'il était au Brésil et c'est pour ça qu'il s'est rapidement adapté à son nouvel environnement en Europe" poursuit la journaliste qui suit le joueur depuis 2017. "Lors de sa première saison à l'Athletico, il a même joué en tant que défenseur central pour dépanner. Et même à ce poste il était très bon" se remémore la journaliste.

"C'est un garçon très mature, aussi bien sur le terrain qu'en dehors. Il a très vite compris les prérogatives du haut niveau et ce qu'il fallait faire pour s'adapter au football européen" confirme Raphael De Angeli. En janvier 2022, deux ans après son arrivée dans la capitale des Gaules et après avoir participé à la deuxième demi-finale de C1 de l'histoire de club, le Brésilien quitte la France, direction donc la Premier League.

Si cette saison, sa première entière en Premier League, la ligne de statistique de l'international brésilien n'est pas impressionnante (4 buts et 5 passes décisives en 36 matchs toutes compétitions confondues), son influence sur le jeu de son équipe n'a cessé, depuis son arrivée, d'accroître. "S'il veut encore passer un palier, il va devoir progresser dans le dernier geste. Il a déjà bien progressé physiquement depuis son arrivée et également dans son jeu sans ballon. Mais il a encore le potentiel pour devenir un meilleur joueur" admet Jorge Natan.

A quatre journées de la fin de la Premier League, Newcastle, qui se déplace ce samedi sur la pelouse de Leeds, compte 3 points d'avance sur la 5e place occupée par Liverpool, et devrait pouvoir retrouver, la saison prochaine, la Coupe d'Europe. L'occasion pour Bruno Guimarães, qui a déjà disputé la C1 avec l'OL, de passer un nouveau cap dans sa carrière. "Je crois que les prochaines saisons vont montrer à tous la marge de progression que Bruno possède encore. La concurrence à Newcastle devrait être de plus en plus forte et jouer la Ligue des champions dans un club aussi puissant donnera l'opportunité à Bruno de devenir l'un des meilleurs Brésiliens en Europe" espère Jorge Natan.

Décrocher la Ligue des champions devrait également permettre aux Magpies de convaincre le Brésilien de poursuivre l'aventure dans le nord de l'Angleterre. Sous contrat jusqu'en juin 2026, Bruno Guimarães intéresse déjà de nombreux clubs européens. Le dernier en date, le Paris Saint-Germain qui souhaiterait arracher l'enfant de Rio à Newcastle et le rapatrier en Ligue 1. Mais après seulement une saison complète en Premier League et avec la nouvelle force de frappe financière de Newcastle, il sera difficile de convaincre le club de libérer l'un des joueurs qui lui a permis de retrouver les hauteurs de la Premier League cette saison.