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Premier League | Qui est Ange Postecoglou, nouveau manager de Tottenham ?

Jeremy Docteur

Mis à jour 07/06/2023 à 19:02 GMT+2

Trois mois après le départ d'Antonio Conte, Tottenham lui a enfin trouvé un successeur à temps plein, en la personne d'Ange Postecoglou. L'ancien coach du Celtic va devenir le premier Australien à entraîner en Premier League, lui qui vient de remporter le triplé à Glasgow en guise de baroud d'honneur. A Londres, il débarque en quasi-inconnu, comme toujours. Et pourtant...

Ange Postecoglou, nouveau manager de Tottenham

Crédit: Getty Images

Quand Ange Postecoglou a été intronisé coach du Celtic en juin 2021, il n'était pas la priorité du club. "J'étais peut-être le cinquième choix, [mais] ça ne me dérange pas vraiment. Ce qui est important, c'est que j'aie eu cette opportunité." Deux ans plus tard, alors qu'il vient d'être nommé à Tottenham, les parallèles sont nombreux. Les Spurs visaient Arne Slot de Feyenoord, Xabi Alonso de Leverkusen ou encore Julian Naggelsmann, mais c'est finalement l'Australien qui a été choisi.
A Londres, il va récupérer une équipe en difficulté, qui a terminé 8e et n'a pas eu de coach permanent depuis le limogeage d'Antonio Conte en mars. En Ecosse, il avait hérité d'un groupe en fin de cycle, qui avait terminé à 25 points des Rangers, après 9 titres de rang.

Un football offensif comme mantra

Déjà, à l'époque, les doutes entouraient sa venue. Un entraîneur inconnu prenait les rênes d'un club historique. Bis repetita à Londres. The Guardian pointait une analogie entre l'arrivée d'Arsène Wenger à Arsenal, le fameux "Arsène-Who ?" des journaux, avec "Ange Posteco-who ?". Tout au long de sa carrière, l'Australien a fait face à cette défiance. Il en tire une force et adore convaincre. Si l'on met de côté la parenthèse Nuno Espirito Santo, sa nomination détonne avec les récents choix des Spurs, à savoir José Mourinho ou Antonio Conte. Des gros noms aux CV imposants.
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C'est peut-être moins le cas pour Ange Postecoglou, mais force est de constater que partout où il est passé, le natif d'Athènes a tout gagné. Il a glané deux titres de A-League, transformant Brisbane Roar en une machine de guerre – à tel point que le club a été rebaptisé "Roarcelona" –, la Coupe d'Asie 2015 avec l'Australie, un championnat au Japon avec les Yokohama F. Marinos et puis les succès plus récents.
Un doublé la saison passée, et un triplé cette année en guise d'adieux, dont 99 points en Premiership. Au départ, il a fallu quelques semaines pour que le bolide se mette en marche, avec notamment une défaite en août 2021 dans le Old Firm. Puis, le déclic a eu lieu. Son bilan à Glasgow est pour le moins solide : 113 matchs, 83 victoires, 12 nuls et 18 défaites. Et en championnat : 76 matchs, 61 victoires, 9 nuls et 6 défaites. Le coach de 57 ans a mis sa patte sur une équipe qui avait besoin de renouvellement. Une quinzaine de recrues et autant de départs.
Avec lui, peu de place pour le compromis, il s'en tient au plan et ne déroge pas à ses principes. Ses équipes pratiquent un jeu intense, proactif, avec beaucoup de créativité, de vitesse, de courses et de mouvement pour marquer. Son idée est d'installer un bloc haut, avec un pressing immédiat et constant afin de récupérer la balle, et pouvoir exploiter le moindre espace. A de nombreuses reprises, le Celtic a étouffé l'opposition pour mieux la punir. C'est le "Ange Ball".

Un système et des principes stricts

L'Australien martèle que ses équipes doivent dominer les rencontres, qu'elles jouent la lanterne rouge ou le Real Madrid en Ligue des champions. Au Celtic, il a beaucoup gagné, mais il l'a fait avec style. Il n'est pas anodin qu'il ait été dans le viseur d'une équipe comme Brighton après le départ de Graham Potter. Il opte toujours pour son inamovible 433, avec des "8" extrêmement libres, et un passage en 422 sans ballon, un des milieux prenant le rôle de deuxième attaquant. Le système ne change jamais, les joueurs si.
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Il va donc devenir le premier coach australien à œuvrer en Premier League. Même si, dans L'Équipe, il déclarait : "Je ne veux pas être classé comme entraîneur australien. J'espère que ma réussite viendra de ce que j'accomplis. J'aurai réussi quand les gens iront plus loin que la géographie ou le passeport […]. Si certains me sous-estiment ou me méprisent, je peux montrer qui je suis et ce que je sais faire."
Tous ses anciens joueurs, collègues ou même adversaires sont dithyrambiques. Graham Arnold, sélectionneur des Socceroos, a glissé quelques mots en conférence de presse : "Il est obsédé par le jeu. C'est sa vie. J'ai toujours su qu'il avait la mentalité pour aller où il voulait, c’est-à-dire tout en haut."
L'histoire d'Ange Postecoglou a démarré en Europe. Né dans la capitale grecque, il a fui la dictature des Colonels avec sa famille en 1970. Il n'a que 5 ans quand ses parents décident de tout laisser derrière eux pour offrir à Ange et à sa sœur une vie meilleure. L'intégration n'est pas simple, les difficultés financières importantes. Le paternel, un mordu de foot, passe sa vie à travailler. Il racontait dans L'Équipe : "Leur vie était difficile. Ils ne parlaient pas la langue, ils n'avaient ni famille, ni amis. Ils travaillaient jour et nuit pour que ma sœur et moi soyons nourris et habillés.
En Australie, le football est déstructuré, les clubs sont "communautaires", ils ont un rôle social pour tous ces immigrés qui ont quitté le Vieux continent après la Seconde Guerre mondiale. Le cricket et le rugby dominent, mais son père n'a cure des autres sports. Ange rejoint South Melbourne Hellas, un club "grec", où quelques années plus tard, il jouera sous la houlette de la légende Ferenc Puskas.

Une période de transition nécessaire ?

Avant de devenir entraîneur, de glaner des trophées en Australie, au Japon ou en Europe, et d'emmener les Socceroos au Mondial 2014. C'est d'ailleurs avec pertes et fracas qu'il quitte son poste à quelques mois de l'édition 2018. "J'avais un problème avec le fait que le reste du pays n'était pas autant passionné que moi par le football." Il décide de prendre le large et de trouver un point de chute, où il sera reconnu pour ce qu'il est. La suite, on la connait : de nouveaux challenges s'offrent à lui, jusqu'à atterrir au Celtic, club initialement créé pour aider les immigrés irlandais à s'intégrer.
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Cette histoire résonne avec la sienne, et sans jamais se prendre pour un Bhoys, il a réussi à s'intégrer et à unir tout le monde. A Tottenham, la tâche sera tout aussi ardue, voire plus. L'enfant de Melbourne dispose pour cela d'autres atouts : sa maîtrise des mots et son bagout. A chaque fois qu'il est devant la presse, il cherche constamment à garder tout le monde dans le même bateau, saluant ses joueurs, son staff, sa direction et surtout les fans. Une palette utile pour défendre l'institution, et derrière son image bourrue, d'Aussie qui fait des barbecues, il sait être piquant, mais extrêmement pointilleux dans ses explications. Le tout en appelant les journalistes "mate".
Reste à savoir s'il bénéficiera du soutien – financier notamment – d'un propriétaire, Daniel Levy, plus critiqué que jamais, pour que ses préceptes se matérialisent sur le terrain. Postecoglou s'est engagé pour 4 ans, ce qui témoigne d'une certaine confiance pour bâtir sur la durée. Les Spurs n'auront pas de Coupe d'Europe, et d'un sens, la reconstruction à venir ressemble à celle orchestrée par le rival Arsenal il y a quelques années. La presse anglaise évoque déjà un grand ménage, avec en particulier le cas Harry Kane à régler.
Au Celtic, Postecoglou avait mis sur pied un effectif "melting pot", avec par exemple des joueurs venus du Japon. Une période d'adaptation sera nécessaire, et il n'y a bien sûr aucune garantie que son passage à Tottenham soit une réussite. Mais par le passé, il est souvent arrivé comme un inconnu et reparti en héros. L'avenir dira s'il réussira une nouvelle fois à retourner les sceptiques.
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