Mercato - Premier League - Tottenham - Hugo Lloris, les coulisses d'un divorce

Il est le grand absent de cette rentrée. En équipe de France, bien sûr, même si, depuis mars et sa retraite internationale, la vie s'écoule sans lui. Mais en Premier League surtout où Tottenham a choisi de le déclasser. Pour la première fois depuis qu'il a démarré sa carrière professionnelle, Hugo Lloris est privé de terrain. Ange Postecoglu, le nouvel entraîneur des Spurs, ne compte pas sur lui et, jusqu'ici, l'ancien capitaine n'a pas le droit d'accompagner ses coéquipiers le week-end sur les terrains de Premier League. Une situation difficile à comprendre pour celui qui a porté le brassard de Tottenham durant 9 saisons et reste l'un des meilleurs spécialistes de son poste en Europe, en témoigne sa Coupe du monde réussie. Comment a-t-on pu en arriver là ?

Tout démarre ce 18 décembre, finale du Mondial à Doha. Lessivé émotionnellement et physiquement par une aventure inachevée, Lloris n'a droit qu'à huit jours de coupure et se retrouve sur le banc de Tottenham dès le 26 décembre. Il est le premier finaliste à figurer sur une nouvelle feuille de match et achève la saison difficilement, vidé par une année très dense. Lloris veut s'ouvrir à un nouveau projet, Tottenham veut économiser sa dernière année de contrat. A priori, les étoiles s'alignent pour un départ propre. Sauf que le recordman de sélections en Bleu n'est pas prêt à accepter tout et surtout n'importe quoi.

Jouer : voilà ce qui guide ses envies d'ailleurs. La Lazio Rome discute avec Tottenham mais Maurizio Sarri ne veut pas discuter avec Hugo Lloris. Si tout le monde est d'accord, si les Italiens lui offrent un contrat de trois ans, Lloris, lui, ne veut pas entendre parler d'un projet où il ne se sent pas désiré par celui qui met tout en musique. Pourquoi partir loin de sa base londonienne pour y subir le même traitement ? Soit il joue dans un nouveau club, soit il assume la fin de son contrat avec les Spurs qui expire le 30 juin prochain. Les intérêts très douteux et surtout très tardifs de Newcastle et Nice ne changeront pas fondamentalement la donne.

Et Lloris se retrouve face à une situation diablement inconfortable. Lui qui aura fait les beaux jours du club londonien, aura aussi vécu deux situations épineuses voire franchement désagréables : lors de son arrivée, où il fut mis en concurrence avec Brad Friedel parce que le coach d'alors (André Villas-Boas), vexé de ne pas avoir été mis au parfum de son arrivée, l'avait cloué sur le banc, et lorsqu'il a demandé son départ. Alors même que les Spurs lui avaient réservé un accueil épicé en lui mettant un portier américain de 41 ans dans les pattes, ils refusent aujourd'hui de lui accorder un duel à armes égales avec Guglielmo Vicario, le tout nouveau titulaire du poste, ni même avec sa doublure, Fraser Forster.

Cantonné en début de saison aux entraînements avec les gardiens, il a, depuis, réintégré le groupe mais Lloris a eu du mal à comprendre et à accepter un tel déclassement alors même qu'il était un membre essentiel du club durant onze ans. Ces tensions ont pu crisper le champion du monde 2018 qui, sous ses airs de gendre idéal, peut se révéler dur dans la négociation. Homme de principes, il a mal vécu cette mise à l'écart, l'attitude franchement détachée de son entraîneur à son égard et il n'était pas question de partir cet été simplement pour faire plaisir à Tottenham qui s'épargnerait bien aujourd'hui son salaire.

Son avenir ressemble aujourd'hui à un gigantesque point d'interrogation. Ce qui est certain, c'est que Lloris n'envisage pas de retraite anticipée et qu'il se voit encore deux ans au plus haut niveau. Tottenham l'a finalement inscrit sur sa liste de joueurs sélectionnables pour les matches de Premier League. Une décision qui ressemble plutôt à de la prudence au cas où qu'à un pas franc en direction du Français. Aujourd'hui, son club vise le mercato d'hiver mais pourquoi trouverait-il chaussure à son pied en janvier plutôt que cet été ? Les deux parties pourraient se séparer à l'amiable après négociations. Voilà pourquoi aujourd'hui, Lloris ne fait pas de vague. Ce n'est de toute façon pas le genre du bonhomme. Mais même derrière la carapace placide et calme de l'ancien gardien des Bleus, il est bien difficile de masquer l'impatience.