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L'option Coman, l'incertitude Pavard, l'absent Clauss : la France a-t-elle des pistons droits en stock ?

Cyril Morin

Mis à jour 12/11/2021 à 09:25 GMT+1

QUALIFICATIONS COUPE DU MONDE 2022 - Utilisé avec succès lors des récentes sorties des Bleus, le 3-4-3 pourrait être à nouveau dégainé samedi face au Kazakhstan. Dans ce schéma, les pistons de côté ont un rôle primordial, comme l'a prouvé le Final 4 magnifique de Théo Hernandez à gauche. Mais, à droite, aucune évidence ne s’impose. Les Bleus ont-ils seulement le matériel adéquat à ce poste ?

Benjamin Pavard et Kingsley Coman, partenaires au Bayern et bientôt concurrents en Bleus pour jouer piston droit ?

Crédit: Getty Images

Et non, le débat n’est toujours pas mort. Vous pensiez que les sempiternelles discussions autour du faible réservoir français au poste d’arrière droit allaient disparaître avec la tentation des pistons, c’est presque tout l’inverse. Depuis l’instauration du 3-4-3 à la sauce Didier Deschamps, Benjamin Pavard est le titulaire au poste. Déjà contesté en tant que latéral droit, le Munichois n’a pas franchement convaincu non plus dans ce rôle si particulier de piston. Tout l’inverse d’un Théo Hernandez dont le profil épouse parfaitement les contours du poste.
Mais c’est quoi un bon piston ? "Le 3-4-3, c'est une évolution logique du 4-3-3 avec des joueurs qui sont plus dans leur registre à condition d'avoir une capacité de jouer chez l'adversaire, nous expliquait Christian Gourcuff en 2018. A force dans un 4-3-3, on utilise les joueurs à contre-emploi. C’est-à-dire : les latéraux sont plus des ailiers. Le numéro 6 devient un défenseur central. Or à partir du moment où on joue à trois défenseurs, autant prendre des vrais défenseurs. Et choisir des latéraux qui ont plus des qualités offensives aptes à jouer plus haut".
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Pourquoi les pistons sont-ils autant à la mode ?

Pavard, meilleur défenseur qu'attaquant

Le souci, c’est justement que les qualités de Pavard se trouvent ailleurs. "Sur le papier, c'est peut-être moins sexy Pavard que Achraf Hakimi ou Trent Alexander Arnold, mais je trouve que défensivement je suis plus complet", expliquait-il le mois dernier en rappelant que son poste favori était surtout…défenseur central. Autrement dit, Pavard en piston, ça ne coule pas de source.
A Clairefontaine, Didier Deschamps a pourtant défendu son choix lundi, tout en rappelant qu’il n’avait pas de "position catégorique" sur ce poste hybride. "Pavard le fait avec son club, même s'il fait partie des joueurs qui ne traversent pas une période euphorique, a détaillé le sélectionneur tricolore. La différence entre être latéral dans une défense à 4 et à 3, tout dépend si on a le ballon ou pas. L'idéal, c'est d'avoir un joueur qui puisse garantir de la créativité offensive et assurer une sécurité défensive. Benjamin est plus un défenseur qu'un joueur offensif, même si, la saison dernière, avec le Bayern, il jouait souvent très haut".
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Pavard, la sale période : "Au Bayern, on a les mêmes doutes qu'en France"

En 92 matches avec le géant munichois, a fortiori dans un schéma où les joueurs de côté sont souvent à la dernière passe, Pavard a signé 5 buts et 10 passes décisives. A titre de comparaison, Willy Sagnol, dernière référence tricolore au poste de latéral droit, avait réussi 10 buts et 38 caviars en 184 matches au Bayern. Dans les chiffres, la différence est palpable. Sur le terrain aussi.
Relancé sur la position idéale de Pavard, Deschamps a reconnu que son profil nécessitait d’être mieux accompagné que d’autres. "Est-ce qu'il est mieux dans une défense à 4 ? Peut-être, et encore ça dépend de l'adversaire, a nuancé DD. Il a besoin d'un joueur devant, un joueur d'appui, pour pouvoir se projeter, ça oui. De l'autre côté, un Théo Hernandez a moins besoin de ça car il est capable d'y aller de manière individuelle".

Dubois, Mukiele, Aguilar, Clauss : un peu court

Ce n’est pas un hasard si la formation du gaucher de l’AC Milan s’est faite en Espagne : en France, le problème des latéraux reste une énigme insoluble, avec une formation qui valorise surtout l’axe pour les meilleurs joueurs. Résultat, derrière Pavard, c’est morne plaine et les candidats ne se bousculent pas au portillon pour chiper la place du champion du monde 2018.
Léo Dubois reste un latéral droit de formation même si sa rentrée face à l’Espagne fut remarquée, Nordi Mukiele n’a pas encore pleinement convaincu Didier Deschamps malgré un rôle similaire à Leipzig, Ruben Aguilar n’a pas encore découvert la Ligue des champions à 28 ans. Le constat est similaire pour un Jonathan Clauss brillant avec le RC Lens mais resté sur le carreau de la sélection jusqu’à présent, sans doute par manque de référence au plus haut niveau. Mais ce n’est même pas encore la pire nouvelle : parmi les Espoirs français, seul Malo Gusto colle à ce profil offensif sans garantie que le jeune Lyonnais finisse par s’imposer définitivement à l’OL ou en sélection. Bref, Deschamps se retrouve face au même casse-tête qu’au poste de latéral droit.
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"Le 3-4-3 nous rassure avec la famille Hernandez et nous inquiète avec Koundé-Pavard"

Et Coman alors ?

Quelles options s’offrent encore à DD ? Bricoler et, pourquoi pas, tenter l’improbable avec l’utilisation de Kingsley Coman à ce poste si spécifique. Mardi, le Munichois a longuement conversé avec son sélectionneur après l’entraînement. Pour parler des spécificités du rôle de piston ? Jamais dans sa carrière le feu-follet munichois n’a occupé ce poste et malgré son amour pour ce système, son nouvel entraîneur Julian Nagelsmann préfère utiliser Coman comme ailier plutôt que comme piston.
Sa capacité à faire des différences en un-contre-un dans le dernier tiers adverse pourrait coller aux besoins tricolores mais sa capacité à arpenter tout le couloir droit n’est pas encore prouvée. Très attaché à l’équilibre des Bleus, Deschamps pourrait avoir du mal à aligner T. Hernandez et Coman en même temps, tant le déséquilibre serait assumé. Ou alors, uniquement ponctuellement, en fin de match pour forcer la décision ou face à des adversaires attendus très bas. Comme le Kazakhstan samedi. L’occasion rêvée pour expérimenter ?
Kingsley Coman, le 10 juin, en marge de l'Euro 2020
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