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Qualification Euro 2024 | Italie - Ukraine | Gianluigi Donnarumma, confiance maintenue mais grand débat

Guillaume Maillard-Pacini

Mis à jour 12/09/2023 à 19:47 GMT+2

Mal embarquée dans sa campagne qualificative à l'Euro 2024, l'Italie doit impérativement battre l'Ukraine, mardi soir (20h45), à Milan. Pour ce match qui s'annonce sous haute tension, Luciano Spalletti a décidé de maintenir sa confiance à Gianluigi Donnarumma, critiqué par une bonne partie de la presse transalpine après son but encaissé face à la Macédoine du Nord samedi.

"En Italie, on s'interroge même sur la place de N°1 de Donnarumma"

Pour Gianluigi Donnarumma, les flashbacks doivent être nombreux ces dernières heures. De retour à Milan, une ville où il a passé presque dix ans de sa vie, le gardien du PSG a également repris ses marques du côté de Milanello, son centre d'entraînement de 2013 à 2021, où loge actuellement la sélection italienne de football à l'aube du match décisif face à l'Ukraine, mardi (20h45), à San Siro.
Seulement troisième de sa poule avec quatre points en trois journées, la Nazionale, championne d'Europe en titre, va devoir cravacher si elle souhaite décrocher sa qualification directe pour l'Euro 2024. Un mirage, pour l'instant. Encore plus depuis le triste match nul face à un adversaire devenu son bourreau, la Macédoine du Nord (1-1), samedi. Pas vraiment irréprochable sur le but encaissé par les siens, un coup franc parfaitement exécuté d'Enis Bardhi mais frappé sur son côté, Donnarumma doit composer depuis avec une vague de critiques dans son pays.
En cause, notamment, un placement hasardeux, un temps de réaction trop lent, un manque d'impulsion sur ses jambes et une attitude trop désinvolte au moment de la frappe, en témoigne plusieurs vidéos devenues virales sur les réseaux sociaux. "Que ce soit clair, Donnarumma n'est pas le problème de cette sélection, mais c'est l'un des problèmes", écrivait La Gazzetta dello Sport, lundi dans un article dédié à l'actuel portier parisien, dont la légitimité en tant que numéro un est désormais remis en cause. "Il est en crise, précisait le plus grand quotidien sportif transapin. L’impression, c’est celle d’une ascension stoppée et d’une évolution technique et mentale manquée. Comme si son talent précoce n’avait pas été assez soigné (…) Il a du mal à corriger ses défauts, c'est toujours les mêmes erreurs."
Un sentiment répandu dans la péninsule. "Il n’a pas progressé depuis son départ", pouvait-on notamment lire dans le quotidien Il Giornale. "Donnarumma est redevenu un problème", clamait La Repubblica, qui ne doute pas du "talent" du gardien mais plutôt de sa "progression" depuis ses débuts. D'abord à l'AC Milan, en 2015, à seulement 16 ans. Puis avec la sélection l'année d'après. Aujourd'hui, il compte 55 sélections à seulement 24 ans. Gianluigi Buffon, devenu chef de la délégation italienne et recordman avec 176 capes, peut trembler. Sauf si son successeur, avec qui il demeure très proche, venait à perdre réellement sa place de titulaire, ce qui n'est certainement pas dans les plans de Luciano Spalletti, nouveau sélectionneur de l'Italie. Ce dernier s'est d'ailleurs montré très offensif en conférence de presse lundi.
Un garçon prodige
"Donnarumma sera titulaire face à l'Ukraine, je veux répondre tout de suite à cette question. En ce qui concerne tout ce qui est dit et écrit sur lui, c'est la nature du poste de gardien de but à qui on fait toujours beaucoup de reproches", a-t-il expliqué. Avant d'en rajouter une couche. "En plus, dans son cas précis, on ne lui pardonne pas d'être un prodige qui brûle les étapes, qui a ce talent, qui a tant de qualités", a estimé l'ancien entraîneur de Naples qui a succédé à Roberto Mancini, démissionnaire mi-août.
Le gardien du PSG a reçu le soutien d'un ancien gardien de légende de la Nazionale, Dino Zoff. "C'est un but qu'on peut prendre, ce n'est pas comme s'il avait détourné le ballon dans son propre but", a estimé le champion du monde 1982 sur la radio Anch'io Sport. "Tout est exagéré, c'est quand même le gardien qui nous fait remporter l'Euro (2021), j'ai toute confiance en lui pour le match contre l'Ukraine", a assuré Zoff.
Dans l'entourage du portier, on décrit quelqu'un de très "tranquille" et "concentré" ces dernières heures malgré les critiques dont il fait l'objet. Les sifflets dont il fera probablement l'objet à San Siro, mardi, où ses anciens tifosi ne lui pardonnent pas son départ en fin de contrat et certaines de ses déclarations, "ne l'empêchent pas de dormir". "Cela ne pourra pas être pire que la première fois", nous souffle-t-on. C'était en octobre 2021, lors de la demi-finale entre l'Italie et l'Espagne en Ligue des nations, et Donnarumma avait en effet été conspué dès l'annonce des équipes. La deuxième fois, face à l'Angleterre (1-0) l'an passé, le calme était quelque peu revenu, et "Gigio" avait sorti un grand match.
Mais tout ça, finalement, n'est rien comparé à l'accueil qui lui sera réservé pour son "vrai" retour, sous le maillot du PSG cette fois, lors de la 4e journée de Ligue des champions face à l'AC Milan. "Donnarumma a reçu beaucoup de ce club, sans rien donner en retour (au moment de son départ, ndlr). Et ça, moi, je ne l'accepte pas", nous confiait en exclusivité Fabio Capello, ancien entraîneur du club lombard, il y a quelques semaines. Dans la partie rouge et noire de la capitale lombarde, on lui promet déjà une certaine idée de l'enfer le 7 novembre prochain. Pas fou, d'ailleurs, il ne s'est pas prêté au jeu des autographes du côté de Milanello lundi, contrairement à Sandro Tonali, transféré de l'AC Milan à Newcastle cet été pour une soixantaine de millions d'euros et toujours aussi populaire parmi ses anciens tifosi. Pour lui, aucune inquiétude : des applaudissements devraient accompagner sa venue avec les Magpies le 19 septembre prochain en C1.

Derrière, ça pousse

En attendant, le débat national autour de sa position en sélection continue de diviser la Botte. Surtout que derrière lui, la concurrence se fait de plus en plus pressante. De Guglielmo Vicario (Tottenham) à Alex Meret (Napoli) en passant par Ivan Provedel (Lazio), les candidats pour un éventuel poste de numéro un sont nombreux. "Ce qui est certain, c'est que Donnarumma ne peut plus être considéré comme intouchable", prévenait La Gazzetta dello Sport. "Ce n'est plus un tabou, un gardien comme Vicario a le niveau pour être titulaire de la Nazonale", assurait la Repubblica. Si personne n'oublie les performances de Donnarumma à l'Euro 2021, où il avait été élu meilleur joueur de la compétition, sa peine à corriger certaines de ses lacunes lui est donc souvent reprochée.
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Gianluigi Donnarumma

Crédit: Imago

Spalletti a d'ailleurs prévenu son gardien : il doit "travailler" et "cultiver" son talent au fil du temps. "Il a un don. A 20 ans, il était déjà au sommet, comme Messi et d'autres avant lui, mais il est fondamental qu'il travaille, qu'il fasse des sacrifices et qu'il ne soit pas présomptueux. Quand on t'a donné un talent, il faut l'améliorer", a estimé le sélectionneur de la Nazionale. Les erreurs pardonnées à 16 ans ne peuvent plus l'être à bientôt 25, encore plus après avoir justifié son départ à Paris par une question de "progression" mais surtout "d'ambition".
"Depuis la finale de Wembley, son rendement est en chute libre, jugeait le quotidien Libero. Et si quelqu'un lui a récemment signifié (une journaliste de la Rai, ndlr), le portier a répondu de manière méprisante. En résumé : 'comment oses-tu critiquer le héros de l'Euro ?'. Un manque d'humilité qui peut être rapporté à l'ensemble de la sélection." "Donnarumma ne peut plus avoir l'étiquette du top player. Il en a le salaire mais pas le rendement : ces derniers temps, on voit trop d'insécurité, en dernier lieu l'impulsion tardive sur le coup franc de la Macédoine du Nord. Le revoilà assailli de critiques et de doutes", résumait de son côté le média La Stampa, bien conscient que le natif de Castellammare di Stabia ne peut être considéré comme le bouc émissaire d'une nation en perdition et absente des deux dernières Coupes du monde. Mais ça, c'est encore une autre histoire...
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