Warren Zaïre-Emery (PSG) peut déjà devenir titulaire chez les Bleus ?

Son nom est sur toutes les lèvres. Peut-être un peu trop. C'est naturel de ne pas vouloir précipiter les choses avec un gamin de 17 ans, même si Warren Zaïre-Emery ne semble pas vraiment faire son âge. Le talent n'en a pas et il en est un bel exemple. C'est tout ce qu'il montre depuis le début de saison avec le PSG. C'est tout ce qui a poussé Didier Deschamps à lui donner sa première convocation en équipe de France. Zaïre-Emery gravit les échelons avec autant de vitesse que de simplicité. En attendant la prochaine marche, celle qui peut le mener dans le onze de départ des Bleus.

Pas facile de calmer l'effervescence autour de Zaïre-Emery dans ces conditions. C'est justement ce que Deschamps s'est attaché à faire au moment de commenter la première convocation du Parisien, déjà à l'aise à Clairefontaine même pour le traditionnel et redouté bizutage. "N'en faites pas trop, laissez-le tranquille, a-t-il lancé devant les médias. Il est mis en lumière, c'est forcément au détriment d'autres joueurs. Vous aimez bien déclasser. Vous le voyez tout de suite titulaire, c'est bien qu'il soit là, déjà."

La question d'un statut de titulaire se pose rarement quand un joueur est convoqué pour la première fois chez les A. Encore moins quand le joueur en question n'a que 17 ans. Mais cette question se posait déjà au PSG, au sein d'un club au niveau d'exigence très élevé et dans un environnement ultra-concurrentiel. Si le milieu de terrain n'est pas forcément le secteur fort de l'effectif parisien, il n'en reste pas moins composé d'internationaux dans des sélections de haut niveau, des Portugais Danilo et Vitinha aux Espagnols Fabian Ruiz et Carlos Soler en passant par l'Uruguayen Manuel Ugarte.

Cette question, Zaïre-Emery y a d'ores et déjà répondu en club. Il est le deuxième joueur de champ le plus utilisé (1265 minutes), derrière Milan Skriniar (1349 minutes), et loin devant les autres milieux parisiens les plus sollicités, Vitinha (994 minutes) et Ugarte (911 minutes). Son volume de jeu, la qualité de son placement, sa puissance ahurissante dans les duels compte tenu de son âge, son travail constant au pressing et à la récupération ont permis de rehausser le niveau d'un secteur déficient au PSG ces dernières saisons. Et pour agrémenter le tout, il sait aussi marquer des buts (2) et donner des passes décisives (5).

Zaïre-Emery ne s'est pas seulement imposé comme un titulaire indiscutable au PSG. Il en est surtout devenu le milieu dominant en l'espace de trois mois. Luis Enrique avait pris une décision forte dès son arrivée en club en l'installant dans un rôle de relayeur qui lui convient parfaitement. "Warren, c’est un diamant, s'enthousiasmait l'entraîneur parisien au début du mois. Il est encore très jeune, il a des choses à améliorer, mais ce qui est bien, c’est qu’en plus des caractéristiques techniques et physiques, il joue en fonction de ses coéquipiers, il sait où aller sur le terrain, où sont les autres. C’est facile d’entraîner un joueur comme lui, car il a ces caractéristiques innées."

C'est ce qui le rend si différent. Et ce qui donne du sens à l'hypothèse d'un statut de titulaire chez les Bleus, tant il a conquis le sien à vitesse grand V au PSG. Mais la donne n'est pas la même. L'entrejeu de Paris était à reconstruire, celui de l'équipe de France est déjà en place avec Aurélien Tchouaméni, Adrien Rabiot et Antoine Griezmann. Avec un rôle classique pour Tchouaméni, plus hybride pour Rabiot et Griezmann, ce trio atypique a considérablement amélioré le rendement collectif du vice-champion du monde depuis bientôt un an, tant dans l'animation offensive que défensive.

C'est délicat pour Deschamps de modifier une formule qui fonctionne. Ou de retirer un statut de titulaire à l'un de ses trois éléments tant ils donnent chacun satisfaction sous le maillot tricolore. L'absence de Tchouaméni pour ce rassemblement de novembre pourrait éventuellement offrir une opportunité à Zaïre-Emery d'intégrer le milieu de l'équipe de France. D'autant qu'Eduardo Camavinga, son remplaçant naturel devant la défense, a lui aussi dû déclarer forfait.

Le jeune Parisien n'en a pas moins un profil qui peut s'avérer aussi précieux pour les Bleus que pour le PSG. Même si Deschamps va vraisemblablement devoir repenser son plan de jeu s'il désire l'intégrer dans son onze de départ. Mais le sélectionneur ne l'a pas appelé par hasard pour ce dernier rassemblement de l'année, avec l'échéance de l'Euro 2024 en ligne de mire. "J'estime qu'il a sa place, a dit Deschamps. Je veux qu'il fasse les choses en confiance, de manière libérée. Qu'il reste lui-même." C'est comme ça qu'il s'est imposé dans le onze du PSG. Alors pourquoi pas chez les Bleus…