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Gérer Mario Balotelli, mode d’emploi

Eurosport
ParEurosport

Publié 05/11/2012 à 17:02 GMT+1

Les efforts conjugués de Prandelli et de ses joueurs permettent de gérer au mieux le potentiel et les humeurs de Balotelli. Tout en nuance.

Prandelli Balotelli - Italy vs Germany - Euro 2012 (Foto AP/LaPresse)

Crédit: LaPresse

Et si l’Italie avait trouvé la bonne formule pour gérer Mario Balotelli ? Et si Prandelli et les joueurs avaient réussi à faire ce que Mourinho, Moratti et Mancini ne sont pas parvenus à accomplir ? S’occuper de l’attaquant de Manchester City est presque un job à temps plein : à chaque instant, il faut le surveiller, le contrôler et le recadrer. L’option choisie par la Nazionale est un remake du couple bon flic/mauvais flic de nombreux films américains. Sans annuaire et sans coups physiques, Prandelli et les 22 autres italiens de l’Euro tentent de prévenir tout dérapage de Balotelli. Et pour le moment, cela semble marcher.
Ne pas le ménager mais montrer qu’il est apprécié
Dans ce combat de tous les instants, les autres joueurs italiens ont une importance capitale. La distance sélectionneur-joueur impose une relation biaisée où le respect hiérarchique demeure essentiel. Il est plus facile pour les joueurs d’aller réconforter Mario Balotelli, de le couver tout en lui expliquant qu’il est enfin temps qu’il prenne ses responsabilités. Le staff et les joueurs alternent les critiques et les compliments. Comme s’il ne fallait ni l’enfoncer quand il enchaîne les prestations décevantes, ni l’encenser quand il marque un doublé avec la Nazionale Qu’ils s’appellent De Rossi, Marchisio ou Chiellini, tous expliquent que Mario Balotelli a là l’une des dernières chances de montrer ce dont il est capable. Les excuses de la jeunesse ? Ce n’est plus valable. Buffon explique qu’à chaque erreur, il a dû en retirer quelque chose pour éviter que cela se reproduise. Le capitaine a raison.
Daniele De Rossi est le parfait exemple du bon et du mauvais flic. Un jour il pique l’orgueil de Balotelli avec un cinglant "ça faisait un moment qu’on attendait ce genre de performances", un autre il explique que l’attaquant a effectué "une meilleure deuxième période après une remise en question à la mi-temps." Comme sur le terrain avec ses adversaires, le Romain ne lâche pas l’attaquant. Lors de la célébration du but de Pirlo contre la Croatie, il attrape Balotelli au col et le remet dans le droit chemin après un début de match nonchalant.
Autre signe de ce marquage constant à la culotte des joueurs sur Balotelli, l’attitude de Leonardo Bonucci sur le but de Balotelli contre l’Irlande. Alors qu’il venait à peine d’ouvrir la bouche pour vociférer quelques insultes, Bonucci s’est empressé de couvrir la bouche de son partenaire pour éviter une nouvelle polémique et d’éventuelles sanctions. Un geste certes symbolique mais qui montre ô combien les joueurs veulent que l’attaquant se concentre sur son jeu et évite les dérapages. Une sorte de "Ti voglio bene" ("je te veux du bien") que les italiens aiment à répéter à longue de journée.
De son côté, Prandelli n’hésite jamais à mettre en lumière ce que l’attaquant fait de bien, plutôt que ce qu’il rate, laissant ainsi le sale boulot aux joueurs. Le sélectionneur italien sait être ferme, notamment avec son code éthique qui a coûté quelques sélections à Balotelli, mais il est plus souvent dans l’empathie et le conseil avisé, utile au développement de Balotelli autant comme homme (en insistant notamment sur le caractère collectif du sport, le courage, la combativité, l’acceptation du banc) que comme joueur. Le groupe apprécie beaucoup l’homme et commence à aimer le footballeur, plus concentré, plus discipliné, comme en témoignent ses deux derniers matchs où il n’a pas dégoupillé et où il est resté concentré sur le jeu, rien que le jeu.
La presse n’aide pas Balotelli
En revanche on ne peut pas dire que la presse italienne œuvre au dégonflement du melon de Balotelli et à sa progression. Il faut savoir que dans la presse sportive, à commencer par la gazette rose, Mario Balotelli jouit d’une bonne cote de popularité et est toujours présenté comme le seul génie offensif de l’Italie. C’est certainement une histoire de potentiel et de gestes que l’attaquant montre de temps à autres, au bon vouloir de sa motivation. Balotelli n’est certainement pas un fuoriclasse car ce type de joueur tire l’équipe vers le haut et aligne de très bonnes performances neuf fois sur dix. Or ce n’est pas (encore ?) le cas de l’attaquant de City. Et cette presse ne lui rend pas service. Ce samedi matin par exemple, la Gazzetta dello Sport avait-elle besoin de dire – sans que l’on sache d’où sort ce chiffre – que Mario Balotelli avait désormais une cote de 50 millions d’euros sur le marché des transferts? Pourquoi s’enflammer après la première très bonne prestation du mancunien dans cet Euro 2012 ?
La presse généraliste est également coupable. Pourquoi vouloir depuis deux jours faire de Mario Balotelli un symbole d’intégration quand Balotelli est un italien né en Italie, et n’ayant que très peu de contacts avec le pays de ses parents biologiques ? À part pour raconter une belle histoire à la fin de laquelle on verse une petite larme. Et à l’inverse, pourquoi un carton rouge récolté ferait de lui un exemple de mauvaise intégration ? Pourquoi un joueur ne pourrait-il pas être simplement jugé sur son comportement et ses prestations, sans vouloir relier cela à des thèses politiques, sociales et sociétales?
Balotelli a suffisamment de travail sur (pour le côté sportif) et en dehors du terrain (ne pas déraper pour pas que sa couleur de peau devienne un argument utilisé par des manipulateurs à visée électoraliste), pour ne pas avoir à répondre aux thèses farfelues de la presse qui le desservent complètement. Et c’est aussi à ce niveau que les joueurs et Prandelli sont utiles, puisqu’ils essayent au maximum de protéger Balotelli, en limitant ses apparitions presse, en le conseillant sur la façon de répondre aux journalistes, etc.
Il faut attendre avant de tirer des conclusions
La culture de l’instant est devenue une plaie dans le football et c’est pourquoi je me garde bien de tirer des conclusions sur Mario Balotelli. Car ce n’est pas un match qui doit retourner une analyse sur plusieurs années. Car rien n’est plus dur pour un joueur instable que de rester à niveau (sportif et extrasportif) sur une longue période. Car tant de joueurs avant lui ont replongé après un bon passage.
Contre l’Allemagne, Balotelli a réalisé sa meilleure performance en sélection sur deux critères : le réalisme avec ses deux buts, et son comportement général. En effet, il a beaucoup travaillé pour l’équipe, prenant même parfois la place de Marchisio lorsque l’équipe se replaçait et que le Turinois venait de mener une offensive. Il a également contribué à gêner la relance allemande avec un fort pressing sur les centraux et Philip Lahm. Résultat visible immédiatement puisque l’attaquant italien a souffert de crampes peu après l’heure de jeu. Certainement une première pour celui qui est plus habitué aux petites foulées nonchalantes qu’aux courses de fond collectives. Loin d’être une fin en soi, cette anecdote montre déjà une étape dans les progrès que doit accomplir Mario Balotelli. Prochaine étape lors de la finale Espagne-Italie ? Réponse dimanche soir.
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