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Les Diamanti sont éternels

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 05/11/2012 à 15:58 GMT+1

A 29 ans, Alessandro Diamanti rattrape le temps perdu et se venge avec l'Italie. Retour sur l’éclosion tardive du gaucher de Prato.

Italie Diamanti

Crédit: AFP

« Il y a ceux qui deviennent adultes à 18 ans, ceux à 23 ans, ceux à 30 ans et ceux qui ne grandiront jamais. » Cette phrase, Alessandro Diamanti la martèle quand revient la question de son éclosion tardive sur le terrain. À 17 ans, il avait tout pour devenir un futur grand mais il manquait de maturité. Sa nonchalance et son côté fêtard lui ont joué des tours mais à 29 ans, il rattrape le temps perdu et se venge en participant à l’Euro, où il se permet même le luxe de transformer le dernier pénalty pour envoyer l’Italie en demi-finale de l’Euro 2012. Retour sur l’éclosion tardive du gaucher de Prato.
Un parcours jonché d’obstacles
Alessandro Diamanti est un fan absolu de l’AC Prato, la meilleure équipe de la ville éponyme où il est né. Et pourtant, le club n’a pas fait grand chose pour mériter une telle reconnaissance. Il l’a certes accueilli dans les équipes de jeunes à l’âge de 14 ans, mais une fois la formation terminée, Alessandro Diamanti a dû attendre sept ans pour avoir sa chance dans l’équipe. Entre temps, les prêts se sont multipliés : à Empoli, un échec, à Fucecchio, un vrai pas en arrière (D5), à la Fiorentina Viola qui tentait de renaître de ses cendres après sa faillite, autre échec, et à l’Albinoleffe lors d’une copropriété, une nouvelle expérience peu enrichissante.
Aux échecs sportifs, Diamanti ajoute des soucis de santé avec notamment deux pneumothorax en deux mois à la Fiorentina (2003) qui finiront par convaincre les dirigeants de la Viola de ne pas compter sur lui à l’avenir. Il faudra finalement une vraie saison à Prato pour lancer ce Trequartista dans la bonne direction. Mais sans pour autant parvenir à se stabiliser : deux saisons à Livourne (dont une relégation et une remontée), un an à West Ham (17è, dirigé par Zola), une autre saison à Brescia (descente) avant d’atterrir à Bologne à l’été 2011 en copropriété. C’est depuis la saison de la remontée de Livourne (2008-2009) que Diamanti montre enfin tout son talent. Une date qui coïncide avec son mariage avec Silvia Chiayi Hsieh, rencontrée à Prato, la ville du textile où italiens et immigrés chinois se font la guerre. Car si certaines femmes ont une influence néfaste sur la carrière de certains joueurs, Silvia a tranquillisé Alessandro Diamanti. Depuis, il enchaîne les très bonnes saisons même si les clubs dans lesquels il joue ont des difficultés.
Un trequartista sûr de lui
Diamanti est conscient de ses qualités et a une haute opinion de lui-même. Une de ses sorties les plus célèbres mêle égo et analyse de la politique sportive des clubs italiens : « si je m’appelais Diamantinho ou Diamantinic, je pourrais valoir 40M€ et je jouerais dans un grand club italien. Mais eux préfèrent recruter des joueurs étrangers à 20M€ car ils veulent des noms pour les supporters. Le véritable niveau des joueurs importe peu et ils sont plus frileux avec les joueurs italiens. »
Le meneur de jeu italien oublie de dire que si aucun club n’a misé sur lui, c’est qu’il n’a pas toujours tout fait pour les intéresser car sa réputation l’a précédé : fêtard, il aimait fréquenter les boîtes de nuit de Prato et sa nonchalance lui a joué des tours. Quand Pioli a débarqué à Bologne courant novembre 2011 pour redresser le club, il a été étonné par l’implication de Diamanti à l’entraînement. Lui aussi était resté sur la réputation de « je m’en foutisme » qu’il avait entendu aux quatre coins de l’Italie.
Le Diamanti nouveau est un joueur plus combatif, conscient que son activité au milieu de terrain ne peut être que bénéfique pour son équipe. Leader technique de Bologne, le jeu passe par lui et il aime la liberté que lui a accordé Pioli : trequartista, il se balade de droite à gauche mais préfère par dessus tout jouer très près de l’attaquant de pointe pour lui faire profiter de ses passes lumineuses en profondeur. Diamanti est un joueur très technique et à l’aise avec le ballon. Son pied gauche est redoutable sur coup de pied arrêté et il parvient toujours à marquer une bonne demi-douzaine de buts par saison.
Comme tous les Trequartista italiens, il a été comparé à un moment ou à un autre à Roberto Baggio, notamment par le président de Brescia lors de son retour en Italie en 2010. Lui a toujours refusé cette comparaison, à raison, et préfère se concentrer sur sa propre carrière, sans se prendre la tête, autre signe qui montre qu’il est enfin devenu adulte.
Un Euro comme récompense
Diamanti est l’une des petites surprises du groupe de 23 italiens emmenés par Cesare Prandelli en Pologne et en Ukraine. Sa saison à Bologne a certes été très bonne, mais sa place dans les 23 était loin d’être acquise, d’autant que sa seule convocation avant l’Euro remontait à novembre 2010 lors d’un amical contre la Roumanie. Il avait alors soigneusement caché au staff technique et médical qu’il avait de la fièvre pour commencer le match titulaire. Il était finalement sorti à la mi-temps après une prestation décevante et une fatigue importante due à la fièvre.
Lors de cet Euro 2012, Diamanti a su saisir sa chance, passant même devant Giovinco dans l’esprit du sélectionneur. Contre l’Irlande et l’Angleterre, il a remplacé un Cassano en méforme et a montré l’étendue de son talent et de sa vision du jeu. Tandis que le milanais était plus côté gauche, Diamanti agissait plus comme second attaquant excentré côté droit où il rentrait sur son bon pied pour frapper/centrer/provoquer. Il s’est rapidement mis au niveau de ses partenaires qui ont archi-dominé les 75 dernières minutes du match et a terminé la rencontre avec 91% de passes réussies dont un 16/19 dans les trente derniers mètres.
Sa performance s’est conclue de la plus belle des manières avec le dernier tir au but réussi, envoyant ainsi l’Italie en demi-finale contre l’Allemagne. Un pénalty qu’il n’a pas tiré comme à Bologne où il a l’habitude de croiser son tir, sur conseil de Gianluigi Buffon qui avait vu que Joe Hart avait à disposition les préférences de chaque joueur sur l’iPad d’un membre du staff.
Même si à 29 ans, il aura du mal à rejoindre la catégorie des grands et très grands joueurs italiens, Diamanti démontre match après match qu’il a gagné en consistance, en régularité et en maturité. Aujourd’hui, Alessandro Diamanti brille à l’Euro, symbole de ces diamants bruts qu’il faut polir en douceur…
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