Mauro Icardi n'est pas le seul atout de l'Inter

Icardi par-ci, Icardi par-là, on parle beaucoup du capitaine de l'Inter pour en souligner l'excellent début de saison, et c'est parfaitement mérité, mais si l'Argentin ne fait que rééditer ses saisons passées, la plupart de ses coéquipiers ont effectué un sacré bon en avant en termes de prestations individuelles. Le mérite en revient à Luciano Spalletti auteur d'un gros travail psychologique. "Il a beaucoup aidé dans le vestiaire, il est entré dans nos têtes. Spalletti travaille très bien sur le terrain, mais ça c'est le cas de pratiquement tous les coaches. C'est en dehors qu'il a surtout fait la différence", expliquait Maurito dans la Gazzetta dello Sport du jour. Analyse d'un groupe pétri de qualités qui avait juste besoin d'un vrai guide.

Comme pour Icardi, il s'agit d'éléments qui font partie des meilleurs à leur poste en Serie A depuis plusieurs saisons. Le gardien Samir Handanovic vient de prolonger son contrat jusqu'en 2021 et la direction nerazzurra est bien inspiré de le conserver. S'il commet trop de petites erreurs d'approximations pour satisfaire pleinement, il n'en reste pas moins un excellent portier qui a évité des résultats encore plus négatifs à son club depuis la fin de l'ère Mourinho.

A la manière d'Icardi, il a "sacrifié" sa carrière en restant à Milan puisqu'il n'a toujours pas disputé le moindre match de la Ligue des champions, ce qui lui aurait permis de compléter son CV pour peut-être se hisser au niveau des plus grands. Mais à chaque refondation de l'effectif, il a toujours été la base sur laquelle rebâtir l'équipe, et à 33 ans, le Slovène a encore de belles années de lui.

L'autre valeur sûre se nomme Ivan Perisic dont la permanence est due à l'énorme capacité de conviction de Spalletti. L'ailier gauche était bien décidé à s'envoler sous d'autres cieux cet été, cela s'est fini sur une prolongation jusqu'en 2022 et des prestations crescendo (déjà 7 buts), sur la lancée de ses deux premières saisons. Surtout, il est indispensable pour le bien être Icardi qui a marqué 5 de ses 16 buts sur des assists du Croate.

L'herbe du voisin étant plus verte, les autochtones ont toujours eu du mal à se faire leur place à l'Inter, aussi parce qu'on tend à être plus sévères avec eux. Pourtant, Candreva et D'Ambrosio n'ont pas été moins bons que d'autres depuis leur arrivée au club, mais ils ont les profils parfaits de bouc-émissaires, des généreux mais un peu gauches. Spalletti ne s'est pas laissé influencer par l'opinion publique et a insisté sur ses deux éléments qui ont passé la seconde et trouvé petit à petit leur rythme de croisière. Ils composent le flanc droit, et c'est de là que le danger arrive le plus souvent avec neuf passes décisives à eux deux.

Brocardé pour la qualité insuffisante de ses centres, Candreva a réglé la mire tout en assurant un précieux équilibre et repli, tandis que son collègue a contribué à solidifier l'arrière-garde tout en montrant le bout de son nez devant. L'exigeant public de San Siro râle maintenant beaucoup moins quand ils ont le ballon dans les pieds.

Si on exclue Padelli, le second gardien, l'Inter a recruté six joueurs cet été, pas une campagne au rabais d'ailleurs car si toutes les options d'achats sont levées et les différents bonus payés, le montant définitif sera de 110 Millions d'euros. Joao Cancelo, Dalbert et Karamoh ont débarqué de l'étranger, et n'étant pas des phénomènes, ils ont besoin d'un temps d'adaptation. Mais les propriétaires chinois ont retenu les leçons de l'été précédent et misé sur des joueurs rompus aux joutes de la Serie A.

Le duo Borja Valero-Vecino a ainsi déménagé de Florence à Milan et pris de suite ses marques. L'Espagnol est cérébral, l'Uruguayen plus besogneux mais possède une marge de progression qui peut en faire un des meilleurs box-to-box d'Europe. Sa présence a été bénéfique pour Gagliardini, arrivé en janvier et qui s'était un peu perdu après de bons débuts. Un cas de figure qu'on retrouve avec Joao Miranda, lequel ne réussissait plus à tenir seul une défense aux abois. L'arrivée de Milan Skriniar lui a fait le plus grand bien.

On attendra confirmation, mais cette opération menée avec la Sampdoria est un coup de maître de la part du directeur sportif Piero Ausilio. Huit millions + le modeste Caprari évalué à 15 pour une muraille qui met à l'amende tous les attaquants de Serie A, est à l'aise dans la construction et dangereux dans ses montées.

L'Inter avait des "poids morts" au sein de son effectif, à savoir des joueurs pas au niveau et invendables, mais plutôt que de les marginaliser, Spalletti s'est armé de patience et les a reconstruits. Le sympathique japonais Nagatomo a ainsi disputé les deux meilleurs mois de sa carrière avec les couleurs qu'il porte depuis 2011. Santon a pris le temps de se soigner correctement, avant d'effectuer un gros travail foncier et de prendre le relais au poste d'arrière gauche. L'ancien prodige du foot italien (débuts en sélection à 18 ans) n'a peut-être pas dit son dernier mot.

Le meilleur pour la fin avec Ranocchia. Destitué de son brassard de capitaine il y a deux ans, prêté et reprêté et première solution de rechange en défense centrale, de quoi faire stresser les tifosi nerazzurri en cas de défection du duo titulaire. Il fut même pris à parti par quelques uns d'entre eux lors de la préparation estivale, or, Spalletti était intervenu de suite : "Si vous venez ici pour faire les idiots, vous devez vous barrer. Les gars sont en train de travailler dur, on ne vous casse pas les c****, ne nous cassez pas les c****, et on est quitte." Boum ! Quatre mois plus tard, Ranocchia a sorti une prestation impériale pour sa première de la saison contre le Chievo au point d'être applaudi par tout le stade après avoir écopé d'un carton jaune.