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Serie A - AC Milan : Paolo Maldini, la légende qui séduit tout le monde

Guillaume Maillard-Pacini

Mis à jour 27/09/2020 à 17:58 GMT+2

SERIE A - Annoncé sur le départ en fin de saison dernière, Paolo Maldini, qui militait contre l'arrivée du dirigeant allemand Ralf Rangnick, est finalement resté à l'AC Milan. L'ancien glorieux capitaine des Rossoneri, qui avait été rappelé par Leonardo en août 2018, occupe désormais la fonction de directeur technique. Et elle lui convient parfaitement. Son influence est colossale.

Paolo Maldini

Crédit: Getty Images

C'est l'histoire d'une famille qui a consacré sa vie à un club. Et dont le nom y est apposé. Il y a eu tout d'abord Cesare, le grand-père, qui y compte plus de 400 matches (412 au total). Ensuite, il y a Paolo, l'homme aux 902 rencontres. Puis, enfin, le petit-fils Daniel, parfaitement inscrit dans la lignée après ses grands débuts la saison passée. Cette famille, c'est bien évidemment les Maldini. Et le club (inévitablement) l'AC Milan. L'association est automatique. L'un ne peut aller sans l'autre. La dynastie Maldini compte à elle seule six Ligues de champions sur les sept remportées par le club lombard. C'est dire. Cesare, disparu en 2016, avait soulevé celle de 1969 en tant que capitaine. Paolo, lui, en a remporté deux avec le brassard (2003 et 2007). On suivra l'évolution de la très jeune carrière de son fils Daniel. Une chose est certaine : celle de son père, en tant que dirigeant, est bel et bien lancée. Même si elle fut bien longue à démarrer.
Retraité des terrains depuis le 31 mai 2009, Paolo Maldini a attendu presque dix ans avant de revenir à l'AC Milan, "son" seul et unique club. Mais pourquoi ? Il y a eu tout d'abord le froid avec Adriano Galliani, l'administrateur délégué historique du club lombard. Une fois le club vendu par Silvio Berlusconi à Yonghong Li en avril 2017, le légendaire numéro 3 milanais est appelé une première fois. Mais il décline, pas vraiment emballé par le projet en place. Le temps lui donnera raison. Deux ans plus tard, Milan passe sous pavillon américain. D'entrée, le fonds Elliott bouleverse l'organigramme et rappelle Leonardo, ancien joueur, entraîneur et dirigeant milanais. Le Brésilien accepte et ne tarde pas à composer sur son téléphone le numéro de Maldini, son ancien coéquipier. Convaincu, ce dernier se jette à l'eau et accepte la proposition le 5 août 2018. "Il y a eu cette occasion, confiait l'intéressé à Sky Italia pas plus tard que mercredi (...) Je ne remercierais jamais assez Leonardo, qui m'avait appelé pour me faire revenir."

Avec Leonardo, il a appris la réalité du quotidien

Nommé directeur du développement stratégique du département sportif, Maldini est placé sous la houlette du plus expérimenté Leonardo. A ses côtés, celui qui est encore novice en la matière va beaucoup apprendre. De la gestion des transferts à celle du vestiaire, des coups de fils aux agents aux affaires courantes du club : l'ancien capitaine découvre alors une toute nouvelle réalité. Mais il l'apprécie malgré les difficultés et la pression médiatique, cette dernière lui étant plus familière. "J'ai essayé, souffert et beaucoup appris depuis ce jour de 2018. Je ne sais pas combien de temps ça va durer, mais cette expérience est très enrichissante", assurait Maldini à la chaîne transalpine.
Les crampons raccrochés et son maillot 3 bien au chaud (il a été retiré après sa retraite, NDLR), l'ancien international italien commence alors à se faire à son nouveau costume. Mais en route, il perd Leonardo en mai 2019, retourné au PSG après des desaccords avec la politique du club lombard. Maldini vacille et pense lui aussi à claquer la porte après une saison (2018-2019) terminée à un seul point d'une qualification en C1. Après mûre réflexion, il décide finalement de rester. Un mois plus tard, l'AC Milan le nomme directeur technique. Avec notamment les missions suivantes : "s'occuper des activités et priorités du moment, du mercato, de la planification des différents secteurs du club ou encore de la préparation estivale". Une promotion en bonne et due forme. A ses côtés, Maldini rappelle son ami Zvonimir Boban, qui accepte de quitter la FIFA pour le rejoindre. Frederic Massara arrive également pour occuper le rôle de directeur sportif. Deux dirigeants expérimentés qui vont l'accompagner dans ses nouvelles responsabilités. Et avec qui il va beaucoup apprendre.
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Maldini, Boban e Massara

Crédit: Getty Images

Symbole du projet milanais, Paolo Maldini prend alors les choses en main. Le patron du sportif, c'est lui. Pour son premier mercato, il se sait donc très attendu. En un été, il recrute notamment, avec l'aide de ses compères Boban et Massara, Ismaël Bennacer pour 16 millons d'euros (une affaire), Rafael Leão (qui débarque en provenance de Lille), Ante Rebic... et surtout Théo Hernandez. Pour ce dernier, Maldini décide de se déplacer en personne à Ibiza pour le convaincre de signer. ''J’avais besoin de jouer. Et ma rencontre avec Paolo Maldini a tout fait basculer, confiait l'ancien joueur du Real Madrid en décembre dernier à L'Equipe. Il est venu me rencontrer à Ibiza, où j’étais en vacances. On a tout de suite accroché. Maldini, c’est un mythe, probablement le plus grand joueur à mon poste. Nos discussions m’ont montré qu’il me connaissait bien. Quand Paolo Maldini vous recrute, ça vous file quand même de la confiance." Encore plus quand vous évoluez au même poste, vous en conviendrez. Pour 20 millions d'euros, Hernandez débarque alors à Milan. Aujourd'hui, le latéral gauche français est devenu la nouvelle idole des tifosi. "Le plus fort à son poste depuis Serginho'', nous confiait même Luca Antonini, ancien latéral de l'AC Milan, il y a quelques mois. Une bonne pioche signée Maldini.

Jeunesse et expérience, le credo de Maldini

Pour le banc, alors laissé vacant par Gennaro Gattuso, le directeur technique opte pour l'option Marco Giampaolo. Excitante sur le papier, risquée dans les faits, ce dernier n'ayant jamais entraîné un "grand" club auparavant. Un pari qui se révèlera perdant. Giampaolo prend la porte en octobre après une série de mauvais résultats. Maldini assume son erreur et prend alors une décision "difficile" mais "inévitable" en accord avec les autres dirigeants. C'est aussi ça, son nouveau rôle : trancher dans le vif pour le bien de son club. L'une des faces moins belles de la médaille. Mais nécessaire. Stefano Pioli est alors nommé entraîneur.
Les Rossoneri vont (un peu) mieux, même si le vrai déclic arrivera après l'arrivée de Zlatan Ibrahimovic (38 ans) en janvier. Celle de l'expérimenté défenseur Simon Kjaer (31 ans) n'y est pas étrangère non plus. Pour Maldini, il est impératif d'avoir un "mélange" d'expérience et de jeunesse dans l'effectif. Et ce malgré la politique du fond américain Elliott, représentée par l'administrateur délégué Ivan Gazidis, qui souhaite avant tout miser sur la jeunesse. Voilà ce qui avait poussé Leonardo à partir. Gattuso aussi. Maldini est resté et a finalement obtenu gain de cause. En fin de saison, Kjaer a été définitivement transferé après un prêt de six mois. L'éternel (et toujours au niveau) Zlatan a quant à lui prolongé son contrat d'un an, avec à la clé un salaire de 7 millions d'euros. Un effort conséquent pour Milan. Mais probablement capital pour la suite.
Avec le temps, l'aura de Paolo Maldini n'a donc pas disparu. A l'image de Théo Hernandez, Sandro Tonali, le gros coup du club lombard cet été, a lui aussi été "impressionné" au moment de discuter d'un possible transfert avec la légende milanaise. "Je rêvais de prendre une photo avec lui quand j'étais plus jeune", expliquait à son arrivée celui qui a toujours revendiqué son amour pour les Rossoneri. "Maldini deviendra un grand dirigeant, assurait quant à lui le président de Brescia Massimo Cellino au moment du transfert de Tonali. Il a l'ADN de club et il possède toutes les qualités requises pour réussir. J'ai apprécié son sérieux."
Maldini gagne en pouvoir
Entre-temps, Maldini a toutefois perdu son ami Boban, licencié par la direction après une sortie publique guère appréciée. Le Croate se plaignait notamment de la possible arrivée de Ralf Rangnick, annoncée comme certaine par les médias italiens. A vrai dire, elle l'était. Mais les résultats obtenus par Stefano Pioli dans l'ère post-Covid et les performances de l'équipe lombarde (invaincue depuis 16 matches, série en cours) ont convaincu Elliott et Ivan Gazidis à faire marche arrière. Une victoire pour Paolo Maldini, qui s'était publiquement positionné contre l'arrivée du dirigeant allemand, à qui les pleins pouvoirs avaient été garantis. Avec lui en capitaine du navire, il aurait préféré le quitter.
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Maldini

Crédit: Getty Images

"Avant que ce feuilleton se termine, il y avait beaucoup de tensions internes, nous confie Antonio Vitiello, journaliste italien au Corriere dello Sport et qui suit l'AC Milan au quotidien. Une fois que le club a pris sa décision finale, Maldini et Massara ont été légitimés. Les prolongations de Zlatan et Pioli étaient les batailles de la direction sportive. Même chose pour celle de l'expérimenté Simon Kjaer ou encore le transfert de Tonali. Ces décisions font comprendre à quel point Maldini gagne en pouvoir. Il est de plus en plus important pour le club".
Au sein de l'AC Milan, l'ancien capitaine fait d'ailleurs l'unanimité. Si sa relation avec la Curva Sud reste fraîche depuis sa carrière de joueur, Paolo Maldini est apprécié par les salariés. "Malgré son peu d'expérience en tant que dirigeant, il démontre plusieurs qualités : la gestion, les choix et les décisions, nous confie l'un d'entre eux. Il suit encore les matches en tant que tifoso. Parfois, il peut s'agacer quand un joueur perd le ballon ou s'il a une attitude trop passive. C'est souvent le coeur qui parle. Il a ce club en lui, c'est comme ça." Et ce ne sera probablement jamais autrement.
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