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"Et là, j'ai eu une illumination..." : Monza, du maintien aux portes de l'Europe

Guillaume Maillard-Pacini

Mis à jour 18/02/2023 à 17:47 GMT+1

SERIE A - Mal en point en début de saison, Monza est parvenu à redresser la barre depuis. Invaincu en 2023, le club de Silvio Berlusconi, dixième et dont le maintien semble acquis, se retrouve désormais aux portes de l'Europe. Un "rêve" devenu possible grâce à l'arrivée de Raffaele Palladino sur le banc, une inspiration signée Adriano Galliani et validée ensuite par le Cavaliere.

Silvio Berlusconi et Adriano lors de Monza-Udinese, Serie A 2022-23

Crédit: Getty Images

C'est une inspiration dont lui seul a le secret. Vieux briscard du Calcio, un monde qu'il fréquente depuis maintenant plus de quarante ans, Adriano Galliani continue d'en être l'un de ses principaux acteurs. La dernière trouvaille du "Condor" ? Un certain Raffaele Palladino qu'il décide, après la sixième journée de championnat, de propulser sur le banc de Monza. Mais comme toujours, il doit recevoir, avant de formaliser quoi que ce soit, l'aval de Silvio Berlusconi.
"On avait 0 point après 5 matches, et au bout du sixième, on arrache un nul à Lecce avec un tir cadré, racontait-il à Sky Sport cette semaine. C'est à ce moment que j'ai cette illumination. J'avais vu en Palladino, qui était arrivé en 2019 chez nous en tant que footballeur avant de devoir arrêter pour des problèmes physiques, une personne intelligente. Je crois que les personnes intelligentes peuvent tout faire dans la vie. J'en parle alors au 'Presidente' (Berlusconi), qui doit toujours me donner sa bénédiction. Après une discussion avec lui, il me donne son aval."
Avec un point en six matches, et mal embarqué pour sa première saison en Serie A, Monza change donc d'entraîneur. Giovanni Stroppa fait officiellement ses valises, Raffaele Palladino est promu de la Primavera à l'équipe première. Une décision qui va changer le destin des Brianzoli. Si Galliani propose à son nouveau technicien, passé notamment par la Juventus (2002-2008) en tant que joueur, de prendre ses fonctions après la trêve de septembre, le benjamin des entraîneurs en Serie A refuse et souhaite être intronisé de suite. "Je voulais lui éviter de commencer par une défaite contre la Juve, justement", plaisantait l'administrateur délégué milanais. Mais le 18 septembre, miracle en Lombardie : Monza s'impose face à la Vieille Dame (1-0) et lance enfin sa saison.

La défense à 3 ? Berlusconi est contre, mais...

Près de cinq mois plus tard, le monde a changé autour du club racheté par Silvio Berlusconi en 2018. Au compteur : huit victoires, quatre nuls et cinq défaites en 17 matches, soit 28 points au total. Mis à part le Napoli, la Juve et l'Inter, personne n'a fait mieux cette saison. Palladino a permis à son équipe de remonter à la dixième place et, surtout, de s'éloigner de la zone rouge. Avec, qui plus est, d'autres résultats de prestige. Un match nul contre l'Inter (2-2), par exemple, et surtout une deuxième victoire face à la Juve (0-2) le 29 janvier dernier au Stadium. "Quand je pense qu'on a pris six points sur six aux Bianconeri cette saison, je ne trouve aucune explication logique...", souriait Galliani dans son entretien à Sky Sport. Pour son jeune entraîneur de 38 ans, cette première expérience est donc, pour l'instant, une sacrée réussite.
En l'espace de quelques semaines, Palladino a donné un tout autre visage à Monza, seule invaincue en Italie depuis le début d'année. Il se révèle être un vrai perfectionniste qui n'a pas peur d'innover. Il est également parvenu à donner des bases solides à une équipe en manque de repères et d'automatismes, à assembler les pièces d'un puzzle tout neuf. L'été dernier, Monza a vu pas moins de dix nouveaux joueurs débarquer sur le mercato. Pas simple à accorder, mais lui y est parvenu, qui plus est en cours de route. "Palladino était un inconnu, comme moi, s'est enthousiasmé Arrigo Sacchi cette semaine dans La Gazzetta dello Sport. Berlusconi et Galliani ont eu le courage de miser sur lui, et les résultats sont là. Cela me rappelle mon cas à l'époque. Ils l'ont accompagné et aidé dans son apprentissage. Palladino à revitaliser son équipe avec de nouvelles idées."
"Je ne sais pas si Monza peut répéter les exploits de Milan, mais ils proposent un football de caractère et ont battu deux fois la Juventus, dont deux joueurs coûtent autant que toute l'équipe (...) Berlusconi et Galliani font un travail fantastique, avec des joueurs italiens, du jeu et un vrai esprit d'équipe", a ajouté le "Mage" de Fusignano, âgé de 76 ans, à l'AFP. Tout cela, conclut-il, fait déjà un "succès" de cette première saison dans l'élite de Monza.
Pour Berlusconi, réélu sénateur en septembre dernier, cela ressemble donc à un nouveau pari réussi. Attendu dans les tribunes du Stadio Brianteo, samedi, pour le match face à l'AC Milan (18h), l'autre club de sa vie, le Cavaliere a toutefois dû faire un sacrifice de taille. Pas vraiment adepte de la défense à trois, qu'il a toujours plus ou moins officiellement bannie durant sa présidence à Milan, le patron aux cinq Ligues des champions s'est finalement laissé convaincre par le discours de Palladino. "Il lui a expliqué que nos ailiers montent et descendent, formant parfois une défense à quatre en phase de non-possession, a révélé Galliani. Disons que cela a été une forme de compromis." Habile.
Le président est libre de rêver
A Monza, ville d'un peu plus de 120.000 habitants, l'euphorie est palpable. Fondé il y a 110 ans, leur club est passé de la troisième division à l'élite en l'espace de quatre saisons. "Sans Berlusconi, rien n'aurait été possible", reconnaît Galliani, son fidèle bras droit en affaires comme dans le football, qui refuse toutefois d'évoquer une possible qualification européenne. En tant que bon superstitieux, l'homme à la légendaire cravate jaune, dont Palladino a d'ailleurs reçu un exemplaire après la victoire à Turin, préfère jouer la carte de la prudence. Même si l'ambition légendaire du Cavaliere n'est jamais bien loin.
"Berlusconi a parlé de Scudetto ? Le président est libre de penser et rêver, a-t-il reconnu. Quand je l'ai connu en 1979, il m'a appris à voir les choses en grand. Cela m'a aidé dans la vie. Si tu penses au titre, peut-être que tu te sauves, et si tu penses à te sauver, peut-être que tu descends. ll faut avoir des objectifs très élevés. Mon rêve à moi s'est réalisé la saison dernière, puisque je supporte Milan, Monza et l'Olimpia Milano (l'équipe de basket, ndlr). Milan et l'Olimpia ont gagné le Scudetto, et Monza a été promu en Serie A. On va espérer que 2023 soit similaire à 2022."
Si Milan a rendu les armes dans la course au titre face à un Napoli intenable, le club champion d'Italie est en bonne posture pour rejoindre les quarts de finale de Ligue des champions après sa victoire face à Tottenham (1-0), mardi soir. De son côté, l'Olimpia Milano est en tête du classement de la Serie A de basket. Et enfin, pour Monza, décrocher une qualification en Ligue Europa Conférence aurait des allures de vrai trophée. Le cru 2023 ne sera peut-être pas aussi bon que celui de 2022 pour Adriano Galliani, mais pas loin…
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