FC Barcelone - Osasuna | Entre Xavi et Deco, des contradictions et des crispations

Sur le papier, ils avaient tout pour s'entendre. Entre eux, tout fonctionnait bien il y a près de 20 ans, lorsqu'ils formaient la paire de milieux de terrain d'un FC Barcelone qui allait finir par décrocher le deuxième titre de champion d'Europe de son histoire (2006). Xavi et Deco se sont retrouvés l'été dernier, lorsque l'ancien international portugais est devenu l'un des nouveaux hommes forts du club catalan. Mais aujourd'hui, ces deux-là ont bien du mal à dissimuler des luttes intestines derrière des discours de façade.

Deco, ancien agent à l'origine de l'arrivée de Raphinha en Catalogne, est aussi et surtout un proche de Joan Laporta et de Jorge Mendes. Son arrivée, programmée dès la fin du printemps dernier, a motivé les départs des directeurs sportif et du football, Jordi Cruyff et Mateu Alemany, deux dirigeants dont Xavi était proche. Le Néerlandais et l'actuel entraîneur du Barça étaient d'ailleurs des soutiens de Victor Font, principal opposant de Laporta lors de l'élection présidentielle de 2021..

"Mateu a fait un travail extraordinaire, avait lâché Xavi en plein cœur de l'été, après l'annonce du départ d'Alemany. Personne ne peut parler du Barça d'aujourd'hui sans le travail de Mateu et Jordi." Déjà, l'ancien milieu de terrain avait été interrogé sur une relation avec Deco que la presse espagnole qualifiait alors de houleuse. "C'est un mensonge, avait-il insisté. Je pense que nous ferons du très bon travail."

La suite a démontré qu'ils n'étaient pas tout à fait sur la même longueur d'onde. Lors du mercato, Deco avait appuyé l'arrivée de João Félix, que Xavi ne voulait pas. Il a également tourné les équations financières dans tous les sens pour tenter de nouer le transfert de Neymar, réclamé par Joan Laporta pour des raisons bien plus marketing que footballistiques, alors que le coach espagnol s'était opposé à son retour. Finalement, seule la non-venue de Ruben Neves a plutôt fait consensus entre les deux hommes, alors que Jorge Mendes, représentant du Portugais, avait convaincu Laporta.

Deco, particulièrement loquace pour un directeur sportif et omniprésent dans les médias, ne cesse de mettre en exergue les désaccords qui existent entre le président du Barça, son entraîneur et lui-même. Parfois malgré lui. Après une défaite subie à domicile face à Gérone (2-4) qui a écarté le club de la lutte pour le titre, l'ancien meneur de la Seleção das Quinas avait admis au micro de DAZN que les Blaugranas n'avaient "pas fait un bon match". Xavi l'avait immédiatement contredit en conférence de presse : "Nous n'avons pas mal joué".

Autre conflit, à peine quelques jours plus tard, lorsque Xavi avait initialement décidé de se priver de Robert Lewandowski, Ilkay Gundogan et Ronald Araujo pour un match de Ligue des champions sans véritable enjeu face à Anvers. Finalement, après un changement de programme concernant le retour des joueurs en Catalogne - repoussé au jeudi - les trois éléments avaient fait le voyage.

Alors que le média local RAC1 y avait plutôt vu la conséquence d'une réclamation de Laporta, l'entraîneur espagnol s'était empressé d'éteindre l'incendie face à la presse. "Le problème était le voyage, avait-il lâché. Nous en avons discuté et pris une décision commune avec le président, Deco et les joueurs." Le discours du directeur sportif, au micro de Movistar, n'était pas tout à fait le même : "Avec toutes les questions autour du repos, j'ai décidé qu'il était mieux pour nous de faire voyager tout le monde. Qu'un joueur joue ou non est une décision de l'entraîneur. Qu'un joueur soit convoqué ou non est une décision de l'entraîneur. Il n'y a pas à avoir d'accord."

"La liste est discutée avec Deco et avec le président, nous sommes en communication constante, avait fini par insister Xavi. Mais la décision finale est la mienne. Je décide de la liste car je suis l'entraîneur. Vous générez des polémiques alors qu'il n'y en a pas." Bref, rien n'est fluide et tout semble brouillon entre les trois hommes forts du Barça, à l'image de ce que réalise l'équipe sur le terrain depuis plusieurs semaines.

Le mercato hivernal ne devrait pas mettre de l'huile dans les rouages. La prolongation de contrat ou non de Sergi Roberto est un nouveau sujet de tensions, tout comme l'avenir de Raphinha et celui des "Joãos", Félix et Cancelo. Alors qu'il a paraphé un nouveau bail jusqu'en 2025 en septembre dernier, et que Deco a toujours publiquement assuré qu'il était l'homme de la situation, Xavi a vu sa situation se fragiliser.

La défense du titre en Liga s'est sérieusement complexifiée et les attentes de Joan Laporta et de son bras droit en Ligue des champions sont très élevées. Pour l'entraîneur espagnol, de plus en plus isolé, les prochaines semaines seront décisives.