Choc de 53G, 25 secondes dans le brasier, sauvé par le halo : l'accident de Grosjean décrypté

Au virage n°3, la Haas du Français, partie de la dix-neuvième place, est en fond de peloton, en compagnie des AlfaRomeo, de la Williams de Nicholas Latifi et de l'AlphaTauri de Daniil Kvyat lorsqu'elle oblique d'un coup vers la droite. Un choix du pilote ? Sur la vue aérienne, on voit qu'une Ferrari et une McLaren lui barrent la route côté gauche, et une Williams à sa droite.

A-t-il voulu contourner la Williams de Latifi sans voir l'AlphaTauri de Daniil Kvyat, qui pouvait être dans un angle mort ? Toujours est-il que la Haas ne dévie pas de sa trajectoire tranversale, touche la monoplace du Russe et fonce tout droit dans le rail bordant le circuit à une vingtaine de mètres.

La VF-20 n°8 a-t-elle perdu son pouvoir directionnel ? Dans ce cas, l'hypothèse la plus probable est un bris de suspension ou une crevaison occasionnée par un débris sur lequel le Tricolore a roulé juste avant l'incident.

Le choc phénoménal encaissé par le pilote et la voiture a été mesuré à 53 G par l'écurie américaine. La voiture a dissipé une partie de son énergie dans le rail de trois rangées, en l'éventrant entre le premier et le deuxième niveau du bas. L'avant de la voiture s'est ainsi totalement encastré dans le rail, mais le choc n'étant pas intervenu exactement de face, le bolide a pivoté. C'est à cet instant que, sous l'énorme contrainte, il s'est coupé en deux, derrière la cellule de survie (cockpit) du pilote.

C'est un endroit qui a été placé sous haute protection au fil des années, des enseignements des accidents les plus dramatiques, par la FIA qui en a fait un sanctuaire. La cellule de survie, communément appelée monocoque, est un cocon de carbone, un matériau rigide connu pour ses propriété d'absorption des chocs. Elle enveloppe totalement le pilote, du "nez" de la voiture où se trouvent les pieds du pilote, jusqu'au niveau de l'arceau de sécurité, le point le plus haut de la voiture.

Lors de l'accident de Romain Grosjean, la cellule de survie est restée d'une pièce, le reste qui y était fixé a cédé. Le réservoir, fixé dans le dos du pilote, à l'aplomb de l'arceau de sécurité, s'est rompu et s'est enflammé. Sans atteindre le pilote dans son baquet. "C'est un peu tôt pour une analyse mais, en voyant comment l'avant et l'arrière se sont désolidarisés, le réservoir de carburant n'est probablement pas resté intègre, a commenté Günther Steiner, le directeur d'équipe de Haas. En voyant la voiture, je ne suis pas surpris qu'elle ait pris feu."

Grâce au Head And Neck Support, autrement dit le HANS, qui limite le mouvement du casque vers l'avant.

Il est resté 25 secondes au cœur de l'incendie, qui peut atteindre plus de 1500°C. Il a pu tenir tout ce temps car les vêtements que doivent porter les pilotes - soumis à homologation - sont prévus pour résister à un feu pendant 30 secondes sans occasionner de brûlures au deuxième degré. Vu les dégâts faits par les flammes à son casque et à sa combinaison, il n'aurait pas fallu qu'il reste beaucoup plus longtemps dans le brasier.

Les pilotes de Formule 1 portent depuis 2018 des gants biométriques qui indiquent le pouls et la quantité d’oxygène dans le sang en temps réel grâce à un capteur situé au niveau de la paume de la main. Le secours ont rapidement su que le pilote Haas bougeait et respirait après le choc.