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Feed Racing, l'école labélisée Jacques Villeneuve en quête de talents indépendants

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 17/01/2019 à 09:46 GMT+1

Champion du monde en 1997, Jacques Villeneuve, avait envie depuis un moment de faire quelque chose de différent pour favoriser l'éclosion des jeunes talents. Ce sera fait cette année avec Feed Racing, une école de pilotage qui tentera d'échapper aux lois des traditionnelles filières de promotion.

Jacques Villeneuve et Patrick Lemarié lors de la présentation de Feed Racing à Paris, le 15 janvier 2019

Crédit: DR

Jacques Villeneuve est un esprit libre, toujours attentif aux évolutions d'un sport dont il demeure l'un des champions les plus emblématiques. Consultant - brillant - de Canal+ sur les circuits de Formule 1 depuis six ans, il n'a jamais hésité à en dénoncer les dérives et les insuffisances. Comment, au début de l'ascension, l'argent de certains peut disqualifier le talent d'autres. Comment, aux portes de la sacro-sainte Formule 1, des filières peuvent enfermer des espoirs dans une impasse.
Le karting est l'école la plus naturelle de la piste et annonce les écueils qu'un aspirant devra surmonter dans sa carrière automobile. Déjà à ce niveau, les résultats sont essentiels, sans être une garantie d'avenir. "Après le karting, les parents ne savent pas quoi faire", explique le Canadien, en référence à cette jungle des compétitions de monoplaces où les dirigeants d'équipe s'occupent d'abord d'évaluer les moyens financiers des prétendants. Echapper à ce conditionnement est vital. "Il faut redonner la chance au pur talent", ajoute-t-il.
Mardi, dans les salons de l'Automobile Club de France de la place de la Concorde, à Paris, le champion du monde 1997, bientôt 48 ans, fait ce constat en guise de lancement médiatique de "Feed Racing", son école de pilotage nivernaise. L'aboutissement d'une longue réflexion avec Patrick Lemarié, son pote-pilote touche à tout sur les circuits depuis bien trois décades.
Ce qui est bien avec JV, c'est qu'il met ses actes en accord avec son discours. A Pâques, il proposera avec son complice le premier de ses trois stages de cinq jours sur le circuit "club" de Magny-Cours. Pour 11.500 euros, chaque inscrit, dans la limite de 14 à 20 ans et sous condition de ne jamais avoir signé une licence auto sur circuit, deviendra un prétendant au "Volant", qui désignera le meilleur de ses apprentis champions lors d'une finale sur le circuit de l'ex-Grand Prix de France, en novembre. Des 96 stagiaires de la saison seront retenus quarante pilotes au chrono, et huit autres à la discrétion du jury, à l'aune de leur progression sur la durée d'un stage, histoire que l'absence d'expérience - des années de karting ou des stages auto à gogo - ne soit pas rédhibitoire. Des quarts, demi et finale émergera donc le grand gagnant, qui se verra offrir une saison complète en championnat d'Italie de Formule 4.

Il ne sera pas le manager du lauréat

En somme, c'est la réactivation du modèle des "volants" des années 70 et 80 - lorsque des candidats de tout horizon se comparaient sur une journée décisive - qui est résolument en marche, deux ans après la renaissance du volant Winfield au Castellet. Un retour en arrière qui a du bon, quand on sait qu'Alain Prost, Patrick Tambay, Didier Pironi, Eric Bernard, Erik Comas, Olivier Panis ou Stéphane Ortelli étaient des inconnus avant d'ajouter leurs noms sur la liste des lauréats.
Mais que désirent Jacques Villeneuve et Patrick Lemarié au fond ? Créé un mode de sélection en marge de ces filières et structures bordées par pléthore de coaches en tout genre, qui ratissent généralement large pour fabriquer au bout du compte beaucoup de déçus. "Le talent se fait manger par tout un environnement, estime JV, qui sera épaulé dans son entreprise par Serge Saulier, le président du directoire du circuit bourguignon. Un choix qui illustre bien la démarche : Serge Saulier est le patron d'équipe qui a sauvé la carrière de Jenson Button en Formule 3, lorsque l'Anglais était sans le sou et pratiquement sans référence. C'est lui encore qui a "vendu" le Britannique à Alain Prost pour un premier vrai test en Formule 1, qui a éveillé l'intérêt de Frank Williams…
Comme le risque c'est le chrono sans lendemain, Feed s'attachera à produire un lauréat blindé pour la suite. Pas facile à faire quand même, mais Jacques Villeneuve veut vraiment rendre son histoire à nouveau possible, lorsque chacun était "capable de performer sous pression, capable d'être autodidacte". Passé par le Tourisme en Italie, la F3 au Japon et l'Indycar en Amérique du Nord avant la F1, il sait de quoi il parle. "Ça ne sert à rien de sortir un pilote copie de vingt autres pilotes lambda, il faut qu'il soit capable de faire son chemin", martèle l'ex-pilote Williams.
Dans tout ça, Jacques Villeneuve a promis de ne pas coller son projet à celui d'un commanditaire qui imposera ses choix tôt ou tard. "On ne veut pas de politique là-dedans", a-t-il insisté. Dur de croire que les talent scouts des plus importantes filières de la Formule 1 n'assisteront pas à la finale pour préempter un futur contrat. Jacques Villeneuve laissera faire car dénicher un grand est a priori son seul objectif. Il assure que de son côté "il n'y aura pas de contrat", et qu'il n'est "pas là pour se mettre des pilotes dans la poche."
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Mygale F1 2019

Crédit: DR

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