Kimi Räikkönen quitte Lotus : "Une chape de tristesse" selon Gérard Lopez

Le timing n'est évidemment pas le fait du hasard : vendredi, Gérard Lopez consacre une grande part de son interview donnée au site officiel de son équipe à Kimi Räikkönen. Afin, officiellement, de "remettre les pendules à l'heure". La communication radio indienne entre l'ingénieur en chef, Alan Permane, et le Finlandais a laissé des traces et le président de Lotus F1 Team himself se charge de recoller les morceaux. Il s'agit de ne pas non plus gâcher, par un "échange de quelques secondes", une collaboration particulièrement fructueuse. Il parle d'un moment de la course "très tendu (…) dans une relation de deux ans".

C'est un fait, la façon de communiquer d'Iceman auprès des médias n'est pas la plus satisfaisante pour ses interlocuteurs. Les réponses que donne le pilote sont souvent évasives, minimalistes au milieu de rares fulgurances. Pour Gérard Lopez, il s'agit d'un profond malentendu. Et la vision qu'ont les observateurs de son travail n'échappe pas à ce regret. "A mon avis, il est souvent mal compris. En fait, il est très bavard, très amical", assure le parton luxembourgeois, qui décrit un pilote "très humain". "L'image 'Iceman' qui vient de son comportement en piste, tête froide et grand pilote, prend le pas sur le reste. En réalité, c'est un gentil garçon, très volubile et au cours de ces deux années, j'ai gagné un ami avec lui, ce qui est une chose difficile à faire en Formule 1", ajoute-t-il.

Le regret le plus fort, c'est évidemment de ne pas avoir pu lui donner les garanties de le payer l'an prochain, et de disposer d'un budget raisonnablement compétitif face à Red Bull ou Ferrari voire Mercedes. Sans parler de l'assurer de disposer d'un V6 Renault, dont la signature reste elle aussi suspendue à l'accord avec Quantum. "Pendant un bon moment, la possibilité de le garder a été entre nos mains", explique Gérard Lopez (voir l'intégralité de l'interview sur le site de Lotus). "Mais nous n'avons pas été capables de concrétiser dans le temps voulu, ou de faire l'offre que Ferrari a pu faire. Pour moi, cela a fait tomber une chape de tristesse, c'est comme un fils prodigue qui nous quitte."

Le boss d'Enstone loue la régularité du Nordique, course après course depuis 2012. "La seule raison pour laquelle nous sommes encore en lutte pour la deuxième place au championnat des constructeurs c'est le total de points inscrits par Kimi", souligne-t-il. Effectivement, Räikkönen en a inscrit 183 contre 102 à Grosjean.

Gérard Lopez finit par exposer les trois raisons qui font du champion du monde 2007 un pilote qui restera dans l'histoire de l'écurie. Et au-delà même selon lui. "La première chose, c'est qu'il a débarrassé l'équipe de toute excuse. Nous savions disposer d'un des meilleurs pilotes de F1 de tous les temps, à partir de là, il n'y avait plus d'échappatoire si les voitures étaient suffisamment bonnes. Avec Kimi, nous avions une référence", se félicite-t-il. "La deuxième chose, c'est qu'il correspondait vraiment bien à ce que nous sommes en termes de culture (…) Nous avons une attitude assez relax sur bien des plans, évidemment pas sur la performance ni sur le développement (…) Pour nous essentiellement, il était la pièce manquante du puzzle et pour lui, je pense, c'était un accord parfait." Et puis, "la troisième chose, c'est qu'il a aidé Romain à progresser en tant que pilote (…) Si Romain avait été au côté d'un pilote plus jeune ou moins bon, nous ne saurions probablement toujours pas à quel point il est fort. Si Romain produit aujourd'hui de tels résultats, c'est dû, pour beaucoup, au fait de piloter au côté d'un des meilleurs pilotes de F1 de l'histoire."

Voilà pourquoi il conclut : "Il va nous manquer et je pense sincèrement que c'est un des partenariats qui est et qui restera comme très, très spécial. C'est difficile d'imaginer qu'il ne sera pas au volant de notre voiture noir et or l'an prochain. Je crois que c'est un peu pareil pour lui."