Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Formule 1 - Avant l'indécis Verstappen-Hamilton à Abou Dabi, les 6 dénouements les plus rocambolesques de l'histoire

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 09/12/2021 à 11:26 GMT+1

GRAND PRIX D'ABU DHABI - Entre Max Verstappen et Lewis Hamilton, il faut s'attendre à tout. Les deux rivaux vont se départager ce week-end lors d'un final extrêmement indécis. Avant cela, revivez les dénouements les plus rocambolesques de l'histoire, du sacre de John Surtees en 1976 à la course complètement folle qui a consacré... Hamilton en 2008, au Brésil.

Lewis Hamilton, champion du monde 2008 au Brésil après un GP complètement fou

Crédit: Getty Images

Grand Prix du Mexique 1964 : Le hold-up parfait

  • Le champion : John Surtees
  • Le grand perdant : Graham Hill
G. Hill (BRM) et Clark (Lotus) se sont relayés en tête du championnat du monde pendant la saison mais Surtees (Ferrari) peut surpasser tout le monde sur les hauteurs de Mexico. Parti de la pole, Clark mène à mi-distance devant Gurney, Hill, Bandini et Surtees. A cet instant, le N.1 mondial Hill devient champion. Sauf que Bandini, équipier de Surtees, le suit de près, jusqu'à le percuter… C'était le jeu de Hill de tenir sa place, mais pour Surtees, "il ne fait pas de doute que la manœuvre de Bandini était délibérée"… Pas très jolie, la tactique rouge.
Hill retardé au stand, Clark devient le favori à sa propre succession lorsqu'à deux tours du but son V8 Climax vide son huile. Gurney se porte en tête et Hill, pourtant relégué à deux tours, redevient champion en puissance. Sauf que Bandini - encore lui - laisse sa 2e place à Surtees à quelques encablures de l'arrivée, offrant au Britannique une nouvelle couronne mondiale. La première en F1 après ses quatre en vitesse moto 500cc (1956, 58, 59, 60).

Grand Prix du Japon 1976 : Et au milieu coule une rivière…

  • Le champion : James Hunt
  • Le grand perdant : Niki Lauda
Depuis le 1er août, Lauda est défiguré par l'incendie de sa Ferrari au Nürburgring. Il a eu le mauvais réflexe d'enlever son casque et s'est brûlé les poumons. Deux jours plus tard, il a reçu l'extrême onction. Dans l'incompréhension, décidé à vivre, à rester éveillé pendant des jours pour demander qu'on lui vide ses poumons remplis de liquide, dans des douleurs atroces…


Le 24 octobre, il est sur la grille de départ, à Fuji. Il n'a raté que les Grands Prix d'Autriche et des Pays-Bas. En fait, l'Autrichien est revenu depuis trois manches, pour 7 points. Il compte 68 points et Hunt (McLaren), 65. Mais la pluie est son plus grand adversaire. Et après deux tours, le "Kaiser" rentre pour mettre pied à terre. Hunt, 3e, est champion d'un jour et champion pour toujours : l'Anglais n'a jamais mené le championnat du monde. Et ne le mènera plus jamais.

Grand Prix d'Australie 1986 : Survivor Prost

  • Le champion : Alain Prost
  • Le grand perdant : Nigel Mansell
Pendant toute la saison, les Williams de Mansell et Piquet, animées par le surpuissant V6 Honda, ont nettement dominé la McLaren-TAG de Prost. La chance du Français est que le Britannique et le Brésilien ont passé leur temps à s'étriper. Pour le reste, "le Professeur" a mal dosé ses efforts et est tombé en panne d'essence à Saint-Marin, où il a gagné sur son élan, et est descendu en vain pousser sa MP4 sèche en Allemagne…
A Adélaïde, le N.1 mondial Mansell peut se contenter d'une 3e place. Sinon, Prost et Piquet peuvent le coiffer à condition de gagner. Au départ, le poleman Mansell est débordé par Senna (Lotus), puis Piquet et Rosberg. Prost est 5e. Au 11e tour, Rosberg mène devant Piquet et Prost, qui vient de passer Senna. Mansell est 5e. "Prostichon" presse Piquet, qui part en tête-à-queue… Rosberg, Prost, Mansell, Piquet, voilà le nouvel ordre.
Mansell est toujours peinard, d'autant que Prost rentre pour une crevaison lente. 31 secondes s'égrènent et quelques illusions de plus. Et puis, sa jauge lui promet une nouvelle panne d'essence. De retour en piste, Le Français avouera son attitude presque suicidaire : "Je me suis dit : 'ce GP est décisif, tu dois gagner'. J'ai foncé."…
Pour ne rien arranger, au 63e tour, Rosberg gare sa McLaren, pneu arrière déchappé. Il laisse filer Piquet, Mansell et Prost, revenu au contact. Mais chez Goodyear, c'est la crevaison de trop : un technicien déboule dans le stand Williams pour supplier de stopper Mansell et Piquet. Avec des boules neuves, "Big Nige" finira champion le coude à la portière. "OK, on fait rentrer Nigel à la fin de ce tour." Sauf que le moustachu n'en verra jamais le bout : à 320 km/h, il explose son pneu arrière gauche. Il parvient à stopper les contorsions de sa FW11 dans une échappatoire.
"25 mètres plus tôt, sa voiture aurait été un danger et j'aurais stoppé la course", confiera Martin, le directeur de course. Mansell aurait été champion. Williams rappelle Piquet. "Je savais que je perdais le championnat, mais je savais aussi que j'étais vivant", dira le Brésilien. Prost mène, Piquet est à 15 secondes. Le Français accélère, la jauge toujours dans le rouge. Puis il lâche 4 secondes par tour, et McLaren lui passe le panneau "Fuel"... Piquet l'a dans son viseur. "J'ai fait comme si de rien n'était", dira Prost. Il reçoit en champion le drapeau à damier dans le style jamais égalé de Schenken.
picture

Alain Prost (McLaren) au Grand Prix d'Australie 1986

Crédit: Getty Images

Grand Prix d'Australie 1994 : Auto-tamponneuse

  • Le champion : Michael Schumacher
  • Le grand perdant : Damon Hill
Au bout d'une saison noire pour l'histoire de la Formule 1, le dénouement le plus polémique : avant la dernière manche de l'année à Adélaïde, Michael Schumacher (Benetton) et Damon Hill (Williams) ne sont séparés que d'un point. L'Allemand a dominé un début de saison marqué par la mort d'Ayrton Senna et de Roland Ratzenberger, ainsi que de nombreux autres accidents graves. Mais il a aussi été disqualifié à deux reprises, et suspendu pour deux Grands Prix après un refus d'obtempérer à Silverstone. Hill en profite. Le Britannique remporte quatre des cinq manches disputées avant l'ultime épreuve.
En course, les deux hommes s'envolent dès l'extinction des feux, effaçant le poleman Nigel Mansell au départ. Celui qui n'est pas encore le "Kaiser" est aux commandes mais Hill le talonne. Le jeu du chat et la souris dure 35 tours. Au 36e, Schumi manque son freinage vers le virage à gauche menant à Flinders Street. Il sort de la piste, tape le muret avant de se rediriger, tant bien que mal, sur la trajectoire. Son rival britannique, qui ne l'avait pas lâché d'une semelle, saisit l'opportunité : il s'engouffre à l'intérieur de la courbe suivante, à droite.
Le pilote Benetton, lui, ne le voit pas. Ou plutôt, fait semblant de ne pas le voir. Son coup de volant le fait voltiger sur deux roues et l'envoie dans le décor. Mais dans l'impact, le bras de suspension de la roue avant-gauche de la Williams s'est plié. D'abord dépité après avoir dû abandonner, Schumacher découvre que son rival ne peut pas reprendre la course malgré un passage aux stands. Le voici titré pour la première fois de sa carrière, malgré l'une des nombreuses polémiques qui rythmeront sa gigantesque carrière.

Grand Prix d'Europe 1997 : Auto-tamponneuse, acte II

  • Le champion : Jacques Villeneuve
  • Le grand perdant : Michael Schumacher
Depuis le début de la saison, Villeneuve (Williams) et Schumacher (Ferrari) se disputent la place de N.1. Sur le tortueux circuit de Jerez, l'Allemand se présente avec un point d'avance sur le vainqueur d'Indy 500 en 1995. Le Canadien est rompu aux bagarres roues dans roues, mais pas du genre de celle que lui prépare le champion 1994-1995...
Aux essais, Villeneuve, Schumacher et Frentzen signent successivement 1'21"072, une coïncidence encore unique dans l'histoire des GP. JV part en pole mais "Schumi" et Frentzen le débordent. Comprenant qu'il ne peut attaquer l'homme à la Ferrari, "HHF" rétrograde 3e, en couverture. Au second pit stop, Villeneuve reprend sa place de poursuivant, à 1"5 : jamais il n'a été si proche, et ses gommes sont fraiches. Il joue son va-tout dans un droit serré.
De rage, Schumacher se rabat pour lui barrer la route, le harponnant. La morale est sauve : l'Allemand s'ensable et voit le fils de Gilles filer vers le titre. Pour son geste anti-sportif, Schumacher sera exclu du Mondial. Ce jour-là, un certain Häkkinen signe sa première victoire en Mondial.

Grand Prix du Brésil 2008 : Samba puis saudade

  • Le champion : Lewis Hamilton
  • Le grand perdant : Felipe Massa
Hamilton (McLaren) peut se contenter d'une 5e place si son dauphin Massa (Ferrari) gagne. Le Britannique, N.1 mondial depuis la mi-saison, avait déjà raté le top 5 libérateur l'année précédente, à Interlagos…


La course démarre sur piste mouillée, derrière la voiture de sécurité. La meute est lâchée, la piste sèche, le poleman Massa conserve le leadership avec ses "slick", avec Alonso et Räikkönen en tampon, Hamilton surveillant qui en voudrait à sa 4e place. Mais à 8 tours du damier, le ciel oblige le peloton à reprendre des pneus "pluie". Sauf pour Toyota, qui parie que Glock, 8e, pourra tenir sur la patinoire. A la limite des points, l'Allemand n'a rien à perdre et passe Hamilton au stand.
C'est bientôt la stupeur chez McLaren car Vettel surgit, imparable, et Hamilton attaque le 71e et dernier tour en 6e position. Une vingtaine de secondes devant, Glock est à l'agonie. Hamilton est prévenu mais ignore où il est. Dans le stand Ferrari, c'est déjà la joie : Massa coupe la ligne d'arrivée en vainqueur. Il est célébré. Trop vite car les proches du Pauliste ont négligé le plan du réalisateur TV montrant Hamilton passant une voiture blanche au pilote casqué de rouge, dans l'avant dernier virage. C'est Glock. LH éteint la clameur de la foule en arrachant la 5e place qui lui ouvre les portes de la gloire.
Lewis Hamilton (McLaren) au Grand Prix du Brésil 2008
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité