Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Direction de course : l'annus horribilis de la FIA depuis le fiasco d'Abou Dhabi 2021

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 17/11/2022 à 12:22 GMT+1

GRAND PRIX D'ABOU DHABI - Impossible de ne pas penser au final gâché de 2021 en abordant la dernière manche du championnat du monde, ce week-end. Que s'est-il passé depuis le fail monumental de la direction de course de la Formule 1 à la FIA ? Une suite d'épisodes maladroits, de défaillances surprenantes et de décisions à contre-courant.

La suspension guette... Gasly sanctionné abusivement ?

Abou Dhabi 2021 : "Erreur humaine" et fiasco monumental

En fin d'épreuve, le directeur de course, Michael Masi, ignore la procédure de neutralisation. Il n'impose pas à toutes les voitures retardataires intercalées entre le leader Lewis Hamilton et Max Verstappen de dépasser la voiture de sécurité en tête afin de se replacer en queue de peloton. Plus grave, il autorise le Néerlandais à doubler les retardataires car son but est de gagner du temps afin de relancer la course pour un ultime tour décisif pour le titre. Avant même le restart, la cause est entendue car le Britannique est en pneus usés, face au Néerlandais en gommes neuves.
Les circonstances du titre du Néerlandais font scandale et la FIA est obligée d'ouvrir une enquête et admettre sa lourde responsabilité. Concluant à une "erreur humaine", elle dessaisit Michael Masi de son poste de directeur de course en F1 en février 2022 et ses fonctions sont partagées entre deux personnes, Niels Wittich et Eduardo Freitas, pour la saison 2022. Une cellule d'aide à la décision est créée à Genève et la FIA réaffirme le principe d'élimination des retardataires pendant une neutralisation.
picture

"Le directeur de course Michael Masi a envoyé Hamilton à l'abattoir"

Australie 2022 : La tortue d'Aston Martin

Pas assez rapide, Bernd Mayländer ! Au volant de la voiture de sécurité, l'Allemand en prend pour son grade à l'arrivée. Il n'a pas roulé assez vite pendant la neutralisation selon Max Verstappen, qui n'hésite pas à taxer son Aston Martin Vantage de "tortue". "Rouler à 140 (km/h) dans la ligne droite du fond... Il n'y avait pas de voiture endommagée, je ne comprends pas pourquoi nous devions rouler si lentement. Il faut enquêter", peste le champion du monde.
La FIA publie un communiqué quatre jours plus tard pour se dédouaner. Le problème de rythme des monoplaces derrière la voiture de sécurité, qui conditionne le maintien des gommes en température pour le restart, reste en suspens.
picture

L'Aston Martin Vantage de Bernd Mayländer devant le peloton lors du Grand Prix d'Australie 2022

Crédit: Getty Images

Monaco 2022 : Mauvais retours en arrière

Les commissaires de la FIA ont toujours autant de mal à juger les accrochages en piste. Pire, certains changements opérés par l'instance vont dans le mauvais sens. Lorsqu'il attaque Lewis Hamilton au freinage du virage n°1, Esteban Ocon a presque une longueur d'avance sur la Mercedes. Et au moment de trouver le responsable de l'accrochage, les stewards sanctionnent le Français de 5 secondes. Le pilote Alpine est considéré comme fautif car il faut protéger le pilote situé à l'extérieur, indépendamment de son action et de sa position par rapport à son adversaire. Une incohérence, une maladresse que les commissaires ont au moins l'honnêteté de reconnaître. "Ils m'ont expliqué qu'il y avait une nouvelle règle stipulant que lorsqu'il y a une voiture à l'intérieur, c'est celui qui se fait attaquer qui se fait pénaliser, rapporte le Normand . Ils m'ont confirmé que l'an passé, cela aurait été un simple fait de course, et qu'eux-mêmes ne comprenaient pas la règle."
La règle a-t-elle été corrigée depuis ? Non.
Et puis, en fin de course encore, Ferrari porte réclamation contre Red Bull car "Super Max" a franchi la ligne jaune séparant à la sortie de la voie des stands et la piste, au virage n°1. La note de la FIA est claire : c'est interdit. Sauf qu'Eduardo Freitas, le directeur de course, s'est trompé en reportant sur le document officiel la règle de 2021. Qui a changé en 2022 et est devenue plus permissive. La FIA est à nouveau décrédibilisée.

Grand Prix d'Italie : A la recherche de la voiture de sécurité

Une voiture de sécurité en piste, c'est toujours l'occasion de vérifier les progrès de la FIA du point de vue opérationnel depuis le terrible fail d'Abou Dhabi 2021. Malheureusement, suite à l'abandon de Daniel Ricciardo (McLaren) au 47e tour, rien ne se passe comme prévu. La direction de course déclenche au 48e passage la procédure de safety car, qui met presque trois tours à entrer en piste, au mauvais endroit puisqu'elle s'insère dans le peloton devant George Russell (Mercedes), troisième, alors que sa place était devant le leader. Le temps perdu manquera pour relancer la course avant la fin.
picture

Fin de Grand Prix polémique à Monza : la FIA a-t-elle pris la bonne décision ?

Grand Prix de Singapour : Trois heures top chrono

Sergio Pérez (Red Bull) a-t-il vraiment gagné ? Combien de temps faudra-t-il pour le savoir ? Près de trois heures. Beaucoup trop pour établir qu'il roulait plus de 10 longueurs de voitures derrière la voiture de sécurité lors de la neutralisation, et que sa pénalité de 5 secondes ne change finalement rien. C'était pourtant évident sur les écrans.

Grand Prix du Japon : Grue en piste, damier précoce, champion à retardement

Six ans après, le spectre de l'accident mortel de Jules Bianchi resurgit. Alors que la safety car ramène au ralenti le peloton vers les stands au 2e tour, le groupe croise une dépanneuse en piste chargée d'évacuer la Ferrari de Carlos Sainz. Plus grave, la direction de course n'a pas vu que Pierre Gasly (AlphaTauri) avait repris la piste après un passage au stand, et qu'il revient sur le peloton à haute vitesse. Le drapeau rouge signifiant l'interruption de la course est déployé trop tard pour que le Français puisse freiner fort dans cette portion délicate.
Après enquête, la FIA réalise qu'elle ne connaît pas la position de toutes les voitures en temps réel, et l'irruption de la dépanneuse coûte son poste à Eduardo Freitas, qui ne sera plus directeur de course.
Ce n'est malheureusement pas fini, mais au moins peut-on en rire. A la fin du Grand Prix, la FIA stoppe l'épreuve un tour trop tôt et Max Verstappen apprend qu'il est champion du monde dans la plus grande confusion, lors des interviews dans le parc fermé. Rien n'est annoncé officiellement, mais Charles Leclerc vient d'être rétrogradé pour un hors-piste.

10 octobre : Le règlement financier fait Pschitt

Après des semaines d'atermoiements et de rumeurs toxiques, la FIA rend ses conclusions sur les comptes des 10 écuries soumises pour la première fois en 2021 à un plafond budgétaire. Elle relève une infraction "mineure" de Red Bull Racing et "procédurale" d'Aston Martin. Les sanctions sont modérées et l'exaspération totale chez Ferrari et Mercedes. Qui jugent que règlement financier n'est pas dissuasif, qu'il n'a pas d'avenir car la FIA n'est pas en mesure de le faire respecter.

Grand Prix des Etats-Unis : La punition maladroite

Perdus dans leur approche procédurière, les commissaires pénalisent de 30 secondes Fernando Alonso (7e), qui a poursuivi la course avec une Alpine "dangereuse", suite à son crash avec Lance Stroll (Aston Martin), au motif que son rétroviseur droit était brinquebalant. Ce dernier avait fini par se détacher, mais que pouvait-il y faire ? Devant le mécontentement général, la FIA annule la pénalité quatre jours plus tard. Prise en étau entre des règles parfois contestables et les impératifs du show, l'instance paraît ne pas toujours comprendre l'esprit même de la course.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité