Vettel bondissant

Sebastian Vettel (Red Bull) a magistralement débuté la défense de son titre mondial en remportant le Grand Prix d'Australie, 1re manche de la saison, dimanche dans l'Albert Park de Melbourne. L'Allemand de 23 ans avait dit son souhait de finir cette course, qui l'avait toujours vu abandonner. Il l'a réalisé en dominant les 58 tours de course. Il n'a jamais été inquiété, à part dans les phases critiques de fin de relais, où chaque tour parcouru en trop avec les nouvelles gommes Pirelli pouvait être punitif.

"Dans l'ensemble, ce fut évidemment une bonne course", a commenté l'homme du jour. "A la fin, j'ai calmé le rythme car Lewis [Hamilton] n'attaquait pas aussi fort. Nous avons donc essayé de contrôler mais je ne pense pas que ce fut une course facile. Le départ a été crucial : j'étais sur la partie propre de la piste et j'ai très bien démarré mais je ne savais pas si cela était suffisait jusqu'à ce que vois vu Lewis et Mark [Webber] se battre. De là, ce fut clair. Dans le premier relais, ma première préoccupation a été de maintenir l'écart car nous savions qu'à un moment nous atteindrions le pic à parti duquel nous constaterions une plus forte dégradation des pneus. Lewis me reprenait du temps, je suis rentré et je pense que c'était le pile bon moment. Je ne pouvais faire plus de tours. Après mon pit stop, il fut crucial de dépasser Jenson [Button]. J'ai pu le faire immédiatement, et c'était très important. Dans la seconde partie de course, je ne savais pas ce qu'il se passait derrière Lewis, s'il était sous pression ou non. Mais il a relâché la pression. Ce fut donc une bonne course. Il y avait beaucoup de choses à apprendre aujourd'hui et il fallait les voir en course."

Sebastian Vettel (Red Bull) a devancé sur la ligne Lewis Hamilton (McLaren) de 22.2 sec et Vitaly Petrov (Renault) de 30.5 sec. Le Britannique, champion du monde 2008, a dû piloter avec précaution après avoir endommagé le bec de fond plat de sa MP4-26 lors d'une sortie de piste, peu après la mi-course. Les passages sur les bordures lui étaient interdits. Le Russe, superbement qualifié 6e, est quant à lui entré dans l'histoire : il est le premier pilote de son pays à monter sur un podium. Il a aussi parfaitement assumé son rôle de leader improvisé au sein de l'équipe d'Enstone, privée de Robert Kubica depuis un terrible accident cet hiver, et handicapée par la 18e place sur la grille de Nick Heidfeld, bloqué deux fois en qualification samedi.

Fernando Alonso (Ferrari), qui avait laissé ses derniers espoirs de titre mondial dans les échappements de la Renault de Vitaly Petrov lors de la "finale" d'Abou Dhabi en 2010, n'a cette fois pu attaquer le pilote venu du froid. L'Espagnol, champion du monde 2005 et 2006, a payé son mauvais départ (de 5e à 8e), passé par Vitaly Petrov (Renault), Felipe Massa (Ferrari) et Nico Rosberg (Mercedes). Devant, Sebastian Vettel s'est rapidement échappé devant Lewis Hamilton, alors que Mark Webber (Red Bull) a observé un arrêt précoce pour passer des pneus "dur" alors que ses rivaux gardaient des "tendre" pour le deuxième relais. L'Australien a ainsi rétrogradé au classement, terminant à une décevante 5e place après une qualification un peu ratée. Engagé dans une lutte acharnée avec Felipe Massa, Jenson Button s'est porté à la hauteur du Brésilien mais s'est un peu fait pousser hors piste, coupant une chicane sans redonner sa position. C'est pour cela qu'il a écopé d'un drive through, perdant toute chance d'obtenir la 4e place.

On attendait les Mercedes. Les deux W02 ont été victimes de frictions et n'ont pas vu l'arrivée. Michael Schumacher s'est fait bousculer par Jaime Alguersuari (Toro Rosso) et Nico Rosberg s'est fait harponner par Rubens Barrichello (Williams). Enfin, il faut souligner la magnifique performance du débutant Mexicain Sergio Pérez (Sauber), 7e après un seul arrêt, juste devant son coéquipier un peu plus aguerri, le Japonais Kamui Kobayashi. Malheureusement, l'aileron arrière de leurs C30 n'était pas conforme et ils ont été exclus du résultat final. L'écurie a fait appel. Felipe Massa, en difficulté d'exploitation des pneus, a pris la 7e place devant le Suisse Sebastian Buemi (Toro Rosso), sorti victorieux d'une belle bagarre contre Adrian Sutil (Force India). Côté déception, on retiendra l'échec du dispositif d'aileron arrière ajustable. Le nombre de pilotes qui ont pu s'en servir pour dépasser se compte sur les doigts de la main.