Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Formule 1 - "Sans DRS, il est pratiquement impossible de dépasser" : La F1 a-t-elle déjà failli ?

Julien Pereira

Mis à jour 07/04/2022 à 14:31 GMT+2

GRAND PRIX D'AUSTRALIE - C'est une nouveauté qui devrait ravir tous ceux qui ont apprécié les deux premières courses de la saison. Pour la première fois en F1, il y aura 4 zones DRS à l'Albert Park, ce week-end. De quoi entretenir un spectacle... artificiel. Et - déjà - remettre en cause l'intérêt du nouveau règlement technique.

Direction de course, DRS... Les changements de règlement de 2022 décortiqués

De loin, ce nouveau règlement est une réussite. Les deux premiers Grands Prix de la saison, à Sakhir puis Djeddah, ont offert du spectacle en piste, y compris pour la victoire. De près, le constat est plus nuancé : la nouvelle génération de monoplaces ne semble pas en mesure d'accomplir l'une de ses missions premières, à savoir rendre les dépassements moins artificiels.
La dépendance au DRS, système de réduction de la traînée intronisé en 2011 pour faciliter les dépassements en course, est toujours une réalité. Elle est même un peu plus marquée. Pour la première fois depuis sa création, quatre zones DRS ont été définies pour le prochain Grand Prix, ce week-end, en Australie.
L'objectif était pourtant opposé. "C'est sur tous les fronts que l'on tente d'améliorer les dépassements", avait confié Ross Brawn à nos confrères d'AutoHebdo en début de saison. Le directeur sportif de la F1, principal artisan de la nouvelle charte technique, espérait même aller plus loin : "J'espère qu'à terme, nous pourrons nous passer du DRS."

Pas beaucoup plus de dépassements (pour l'instant)

Pour l'instant, le seul mérite de la refonte technique aura été de supprimer l'un des effets indésirables des progrès aérodynamiques réalisés depuis le début du siècle. Les monoplaces peuvent enfin se suivre, sans surchauffer de manière extrême leurs pneumatiques. Mais là aussi, le constat doit tout de même être nuancé. En Arabie Saoudite, Max Verstappen (Red Bull) n'avait pas été en mesure de rester dans l'échappement de Charles Leclerc (Ferrari) avec les gommes "medium". Au contraire des "dur".
picture

Evolution, budget cap, paix des ménages… Ferrari, une méthode de champion

Dans les faits, le règlement 2022 n'a pas permis d'augmenter significativement, en quantité, les dépassements en piste. Il y en a eu 33 à Djeddah cette saison, contre 27 l'année dernière. À Bahreïn, le total est monté à 77 mais il avait déjà atteint 75 lors de l'exercice précédent. La faiblesse de l'échantillon et certains impondérables propres à l'une ou l'autre de ces courses (la remontée de Pérez à Bahreïn en 2021, par exemple), ne permettent pas de tirer un bilan définitif. Il n'empêche, la tendance n'est pas aussi marquée qu'escomptée.
Sur la qualité des dépassements, la révolution aérodynamique semble plutôt avoir un effet négatif. Pour une raison simple : réduire l'impact de l'aérodynamique sur les monoplaces - pour également réduire les turbulences - a aussi affecté... l'effet d'aspiration. "Ces nouvelles monoplaces sont moins imprévisibles lorsque vous en suivez une autre, expliquait Carlos Sainz après le Grand Prix d'Arabie Saoudite. Elles permettent de rester plus proche dans les virages. Mais sans les trois ou quatre dixièmes que le DRS nous offre dans chaque ligne droite, il serait impossible de dépasser parce que l'effet d'aspiration est moins important que l'an dernier."

Vers un spectacle exclusivement artificiel ?

Par la force des choses, les pilotes ont ainsi totalement intégré ce facteur à leur style de pilotage. Et grappiller du temps dans les mini-secteurs est devenu moins important que d'être le plus proche possible de son devancier avant la ligne de détection de la zone DRS. "Au final, je l'apprécie plutôt bien", assurait même Charles Leclerc. À Djeddah, le Monégasque et Verstappen ont poussé ce vice jusqu'à piler devant le marquage précédent la longue ligne droite des stands. Passer la ligne d'arrivée n'est donc plus tout à fait l'essence de la Formule 1. De quoi chambouler Will Buxton.
picture

"Il y a plusieurs chantiers ouverts chez Mercedes, ils ne vont pas en voir le bout tout de suite"

Le DRS a facilité les opportunités de dépassements, la révolution technique les a rendus... trop évidents. Le spectacle existe toujours, il est même plus intense grâce au talent des deux prétendants au titre, brillants lors des deux premières manches. Mais il est aussi beaucoup plus artificiel. La chance de la Formule 1 aura été d'étendre sa popularité à un public qui n'attache pas tant d'importance à la nature du show. Et dont l'intérêt pour ce sport s'est révélé il y a dix ans ou moins.
Autre conséquence, la valeur historique de certains circuits, plus exigeants pour les pilotes, pèse moins lourd que la nature des tracés modernes offrant plus de portions compatibles avec le DRS. Les modifications réalisées sur l'Albert Park ont permis d'en dénicher quatre. Combien y en aura-t-il à Las Vegas, qui fera son apparition au calendrier en 2023 ? Le plus possible, si l'on lie le fatalisme au constat de Verstappen : "Sans DRS, il est pratiquement impossible de dépasser." Si même lui le dit...
picture

Las Vegas, le GP festif par excellence : "Les pilotes vont avoir du mal à se concentrer"

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité