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GP d'Italie : Lewis Hamilton va être plus affecté par la fin du "party mode" que Mercedes

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 04/09/2020 à 10:17 GMT+2

GRAND PRIX D'ITALIE - Ses rivaux - Red Bull en tête - ont obtenu l'interdiction à compter de Monza du surplus de puissance que Mercedes pouvait activer en Q3 et en course. Si l'écurie va s'adapter, Lewis Hamilton avoue qu'il va y perdre un atout qui faisait sa force.

Lewis Hamilton (Mercedes) au Grand Prix de Hongrie 2020

Crédit: Getty Images

La Formule 1 devrait être une méritocratie où les meilleurs n'ont pas à justifier de l'être ni de le rester si longtemps soit-il. Elle est une discipline où l'obligation de spectacle n'est pas consignée dans le règlement, où il est vain de lire entre les lignes pour y trouver comme dans d'autres séries une forme de compensation, d'équilibration des résultats pour en sauver l'attrait et un semblant de renouvellement. Né il y a 70 ans, le Championnat du monde devrait continuer de vivre au gré des dominations qu'il a connues et qui ont toujours fini par trouver une fin. C'est un fait, la glorieuse incertitude du sport n'a pas toujours été au rendez-vous et Mercedes en est une nouvelle preuve, depuis sept ans. Ce qui peut lasser et même désespérer quand on sait que Brackley imposera une prolongation l'an prochain.
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Malheureusement, le paddock n'a, dans tout ce qu'il compte ou presque de battus, pas une conception aussi idéaliste du sport, et un peu plus de six mois après l'interdiction de la direction à double axe de Mercedes (le fameux DAS), il a obtenu la fin du "party mode" à partir de ce week-end à Monza. Une victoire du "mode défaite" sur le "mode fête". De quoi s'agit-il ? De la suppression du "bouton magique", comme l'appelle Lewis Hamilton, offrant un boost exceptionnel au moment de partir à l'assaut du chrono en Q3, la dernière partie de la qualification. Mercedes l'a instauré en 2014 et a depuis eu le temps de le développer. Cette saison, il était de l'ordre de 0"6 chez Mercedes, 0"2 chez Renault et 0"1 chez Honda et Ferrari. Dans cette histoire, le V6 Mercedes hybride a toujours fait la course en tête, en accentuant même son avance au fil du temps, et c'est donc une forme de capitulation victorieuse qu'ont signée ses concurrents en obtenant sa suppression.

Mapping unique

Pour les motoristes de Brixworth, le sacrifice est d'importance mais il ne correspond pas à une perte sèche loin de là. Jusque-là, le moteur allemand fonctionnait pendant un week-end selon des cartographies spécifiques en essais libres, en Q1, Q2 et Q3, ainsi qu'en course. Dorénavant, il va devoir comme ses rivaux français, nippon et italien, suivre un "mapping" unique. Avec pour résultat une redistribution de la réserve de puissance utilisable deux fois le samedi (pour chacune des tentatives en Q3) et deux ou trois fois le dimanche, pour doubler ou combler l'écart sur un adversaire. Bien que dilué dans un tout disponible en permanence, ce surplus sera encore profitable aux pilotes Mercedes quand leurs concurrents n'en auront qu'un bénéfice marginal.
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Décidé en cours de saison, ce changement est en tous les cas un mauvais signal envoyé à tous ceux qui voudraient voir une compétition équitable. Sa justification est d'ailleurs tout aussi contestable : la FIA a jugé que l'analyse des différents modes en vigueur lui coûtait beaucoup trop de temps et de ressources pour que cela continue.

"Cette interdiction est finalement un compliment"

Dans cette histoire, Mercedes était évidemment visée à travers son avance technique et sa domination ennuyeuse comme l'a jugée Max Verstappen après le Grand Prix de Belgique. Là aussi, les mauvais perdants ne manquent pas. Red Bull, "qui a poussé très fort pour l'interdiction" a rappelé Lewis Hamilton jeudi à Monza, ne s'était pas ému d'écraser le Championnat du monde pendant quatre ans au début des années 2010, ni senti gêné d'avoir remporter les neuf derniers Grands Prix de la saison 2013 avec un seul pilote. Ferrari avait trouvé tout aussi normal de truster les dix titres mis en jeu de 2000 à 2004 en gagnant par exemple douze des treize premières courses en 2004.
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Finalement, les effets ne sont peut-être pas là où il les voyait, car Lewis Hamilton a admis jeudi, à la veille du Grand Prix d'Italie, qui cela allait affecter sa façon de conduire et gérer la puissance. "J'aime personnellement avoir le contrôle du moteur quand j'en gère le capital et que je l'économise, a confié le champion du monde. C'est une sorte de force que j'avais d'économiser le kilométrage du moteur dans l'année et ainsi d'augmenter sa longévité. Ils nous ont un peu enlevé ça, mais ça signifie que nous avons moins à nous soucier de changer pour quelque chose d'autre."
"Cette interdiction est finalement un compliment, a relativisé l'Anglais. J'espère que les gars à l'usine le prennent comme tel car ils ont fait un boulot fantastique sur le moteur. Nous allons continuer de travailler pour améliorer la situation qui nous est donnée et ça va être intéressant de voir comme ça va tourner pendant le week-end… Mais nous devrions avoir un meilleur rythme en course."
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